Jake HINKSON : L’enfer de church street

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INFOS ÉDITEUR

Enfer de Church Street - Jake Hinkson
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Parution aux éditions Gallmeister en mars 2015

Parution aux éditions Gallmeister poche en aout 2017

Prix Mystère de la Critique du Roman Étranger (2016)

Traduit par Sophie Aslanides

Geoffrey Webb est en train de se faire braquer sur un parking. Et cette situation lui convient bien, il en redemanderait même. À son agresseur, il propose un marché : empocher les trois mille dollars qui se trouvent dans son portefeuille, le dépouiller de tout s’il le faut, en échange de cinq heures de voiture jusqu’à Little Rock, en Arkansas. Webb a besoin de se confesser. Ce braquage et ce pistolet pointé sur lui, il les mérite. Et il est prêt à expliquer pourquoi.

(Source : Gallmeister – Pages : 240 – ISBN : 9782351780879 – Prix : 15,00 €)

L’AVIS DE PIERRE-MARC PANIGONI

Les Éditions Gallmeister viennent de lancer Neo Noir, une collection consacrée aux romans noirs américains comme nous en avions il y a de nombreuses années : du noir, une ambiance urbaine, un contexte de crise, des personnages sombres qui nous plongent dans l’Amérique profonde.

L’Enfer de Church Street répond à tous ces critères.

Tout commence dans l’Oklahoma quand Geoffrey Webb se fait braquer. Il accepte le braquage à la seule condition que son agresseur l’écoute parler de sa vie, vie remplie de péchés, et ce pendant les 5 heures de route que va durer le retour aux sources

« L’histoire de ma vie, c’est que j’ai vécu, j’ai merdé, et je vais mourir.

Je vais probablement aller en enfer »

L’Enfer de Church est donc l’histoire de Geoffrey Webb

Histoire d’un garçon ayant vécu une enfance difficile avec un père alcoolique et violent, une mère qui finira sur le trottoir au fin fond du Texas.

Histoire d’un jeune homme récupéré par sa famille, qui l’initie à la religion et lui offre la découverte du pouvoir des mots, du verbe et de la manipulation des autres.

Histoire d’un homme qui arrive à Little Rock et pour lequel tout bascule.

Pour construire son roman, Jake Hinkson a créé des personnages sombres et noirs, mais il a apporté un soin particulier à son personnage central. Geoffrey Webb est un anti-héros par excellence.

Il commence par être invisible aux yeux de tous jusqu’au jour où il découvre sa voie et sa voix. Même s’il n’est plus invisible, il reste une personne avec peu d’ambition, et ce en grande part à cause de sa grande naïveté et par sa capacité incroyable d’être une éternelle victime des évènements.

À côté de cela Geoffrey est un être assez indéfinissable. Il est d’une incroyable sincérité, mais en même temps il fait preuve d’une grande hypocrisie pathologique. Il parait être pur dans ses intentions, mais bourré de vice et terriblement troublé et troublant. Il dénonce la tentation par des prêches endiablés, mais y succombe sans le moindre sentiment de culpabilité.

Tout cela en fait un personnage détestable, pathétique, opportuniste, mais pour lequel nous pouvons éprouver de l’empathie.

En fait, j’ai le sentiment que Geoffrey Webb n’a pas un mauvais fond à la base, car s’il cherche à manipuler les gens c’est pour se faire une place dans le monde et plus spécifiquement dans l’Église Baptiste à laquelle il appartient. Le problème qu’il rencontre est simple : quand on glisse sur un terrain en pente on ne peut arrêter sa chute que quand on touche le fond. Pour Geoffrey Webb c’est le cas, même si c’est lui qui provoque indirectement sa chute.

Au travers Geoffrey, pour en finir avec lui, l’auteur tire à boulets rouges sur la religion. Quand on sait de Jake Hinkson a été élevé par un père diacre dans l’Église Baptiste on se dit qu’il a de quoi alimenter son récit, même s’il s’appuie sur des bigots fondamentalistes ce qui permet d’illustrer les dérives existantes de partout.

Je me rends compte que je reste énormément sur Geoffrey, mais vous verrez que ce personnage prend toute la place dans ce roman noir et sans lui il ne reste rien.

Ce roman noir est sanglant, déjanté, transgressif, addictif, sordide, sans concession et drôle par moment. Toute cette ambiance est portée par des dialogues percutants, des situations cocasses parfois improbables, mais au vu de l’engrenage des péripéties tout est logique.

Pour conclure, je dirais simplement que ce roman est un très bon roman noir, même s’il est très court. Cependant, mention spéciale pour cette nouvelle collection, qui me semble plus que prometteuse. Je vais assurément continuer à explorer du côté de Neo Noir…


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Pierre-Marc PANIGONI
Pierre-Marc PANIGONI
PM, gestionnaire qui préfère le polar aux livres de comptes

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