Interview de Philippe SETBON pour Les trois visages de la vengeance

Philippe Setbon
Photo : Didier Cohen

Sébastien Mousse s’est entretenu avec Philippe Setbon pour Cécile et le monsieur d’à coté premier volume de sa série Les trois visage de la vengeance. Vous pouvez retrouver la série et chronique en cliquant sur ce lien.

Sébastien MOUSSE : Bonjour Philippe, tout d’abord merci de m’accorder un peu de ton temps pour Le site ZONELIVRE. Tu as commencé comme auteur et dessinateur de BD dans les revues cultes que sont Métal Hurlant et Pilote, ensuite tu as bossé dans le cinéma comme scénariste, avec à ton palmarès des films comme Détective de Godard, Mort un dimanche de pluie. Tu as aussi réalisé Mister Frost, la télévision tu connais aussi avec les enquêtes d’Éloïse Rome, Fabio Montale, Frank Riva, et tant d’autres. Tu touches aussi à la photographie. Cécile et le monsieur d’à côté est ton septième roman… Il te manque quoi dans ta carrière, la chanson ?

Philippe SETBON : Je ne souhaite à personne que pareille idée me vienne un jour ! Mais il y a peu de chances… Que manque-t-il ? Le théâtre, peut-être… Je ne suis pas un grand fanatique des planches, mais l’écriture théâtrale m’intéresse. Unité de lieu, d’action, tout focalisé sur le dialogue entre personnages. À vrai dire, j’ai déjà travaillé sur deux pièces. On verra… Mais au fond, tout cela ramène à une seule et même envie : raconter des histoires.

SM : Cécile et le monsieur d’à côté est le premier volume d’un triptyque, où l’on ne va pas forcement retrouver les personnages, mais juste un quartier, c’est bien cela ?

PS : Un quartier de Paris, oui. Les Batignolles. Mais aussi et surtout le thème de la vengeance. Et quelques clins d’œil au lecteur attentif de la trilogie, qui sera peut-être obligé de relire les trois pour mieux profiter des ramifications souterraines reliant les romans entre eux. Ainsi par exemple, dans Cécile et le monsieur d’à côté, le SDF qu’on aperçoit dans un chapitre (page 95), mendiant quelques euros à une fliquette en planque, sera-t-il le héros du troisième volet.

SM : Quand un scénariste écrit un polar, est-ce qu’instinctivement il pense à l’adaptation, ciné ou TV de son livre lors de la rédaction du manuscrit ?

PS : En ce qui me concerne pas du tout. Au contraire même, je dirais. J’ai écrit énormément de scénarios et beaucoup de polars. C’est un genre qui nécessite de se plier à des règles très strictes de narration, surtout en télévision. Le roman m’a toujours permis de m’affranchir de ce carcan. La construction dramatique est plus libre, les retours en arrière plus élégamment intégrés que dans un film, la personnalité des protagonistes plus élaborée.

SM : Il n’est pas toujours facile de parler d’un livre sans en déflorer la trame, sans spolier le final. Mais une question me taquine, pourquoi ne pas avoir utilisé plus le tandem Servais/Charley, je trouvais qu’il fonctionnais très bien, et aurai mérité plus pas une série à proprement parler, mais je ne sais pas, plus quoi…

PS : J’aime de façon générale qu’on reste sur une sensation de « pas assez » après avoir lu un livre. Ça veut dire que les personnages fonctionnent, que le lecteur s’est attaché à eux, qu’il regrette de les quitter. J’ai été très rigoureux avec moi-même dans ce roman, pour pouvoir explorer de nombreuses pistes dans un espace assez réduit. Ainsi personnellement, j’aime beaucoup le personnage de ‘Nicki’, le lieutenant de la Crim’ efficace mais à moitié cinglée. J’aurais bien aimé la développer davantage, en savoir plus sur elle. Mais elle n’est qu’une des pièces du puzzle et devait rester à sa juste place. Pour revenir à ta question, je pense malgré tout avoir fait le tour de la relation entre Servais et Charley, même si – c’est vrai – la richesse de cette étrange association peut donner envie de les revoir.

SM : Comme à mon habitude, les petites questions récurrentes, la première, si tu devais faire lire ce livre à quelqu’un, personnage réel ou fictif, cela serait à qui et pourquoi ?

PS : Sans doute à un membre des services secrets de n’importe quel pays, pour lui demander avec candeur : « Franchement, est-ce que des gens comme Servais Marcuse peuvent réellement exister ? ».  J’aurais probablement droit à un hochement de tête indulgent en guise de réponse.

SM : Une bande son pour lire en toute sérénité Cécile et le monsieur d’à côté ?

PS : N’importe quoi de Miles Davis. Et pour les flash-backs, une bande originale de thriller italien des années 70 par Ennio Morricone. Les grandes années de Servais, quoi…

SM : Philippe, est-ce que ton actu du moment c’est l’écriture du second opus où cela est déjà fait ?

PS : Les n°2 et 3 sont déjà bouclés. Je les ai écrits en même temps que Cécile…, comme un tout indissociable. Les titres en seront T’es pas Dieu, petit bonhomme et Un avant-goût des anges. À paraître en 2016, si tout va bien.

SM : Philippe je te remercie  pour ce sympathique entretien, au plaisir.


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Stanislas PETROSKY
Stanislas PETROSKY
Après avoir passé 30 ans à préserver les corps des défunts, Stanislas Petrosky est aujourd'hui enseignant en thanatopraxie dans un centre de formation spécialisé. Auteur de nombreux ouvrages, il débute aujourd'hui une série autour de l'une de ses passions, l'anthropologie criminel et ses fondateurs. Prenant pour base de véritables affaires traitée par le professeur Alexandre Lacassagne, Stanislas Petrosky plonge avec érudition dans ce monde si particulier qu'est le monde du crime au tournant du XIXe siècle.

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