Paskal CARLIER, comment pourriez-vous définir votre métier d’éditeur ?
Je pense qu’il faut rester modeste, donc j’ajouterai l’adjectif « petit » devant éditeur. Le métier de petit éditeur est de découvrir de nouveaux talents, de leur proposer un travail sur leur manuscrit, de leur assurer une visibilité et une promotion. Les moyens n’étant pas les mêmes que dans les grandes maisons d’édition, je pense également que ce métier doit être aussi une rampe de lancement vers de plus grandes structures avec plus de moyens.
Contrairement à ce qui se dit parfois, les auteurs qui me contactent n’ont pas vu leur œuvre refusée par les grandes maisons d’édition. La grande majorité n’a pas osé faire le pas, souvent par modestie ou manque de confiance, et mon rôle est de leur démontrer que leurs écrits méritent d’être proposés au public. Une petite structure permet aussi de faire de petits tirages (j’édite dans un premier temps à 500 exemplaires) et je pense que si un livre ne doit plaire qu’à 500, 1000 ou 2000 personnes, il n’y a aucune raison de les en priver.
J’aimerais raconter une petite anecdote : quand j’ai sorti mon roman, il s’est vendu à près de 1000 exemplaires, certes ce n’est pas beaucoup. Mais un jour une personne est venue me voir et m’a dit « Monsieur, je voulais vous remercier. Depuis trois ans, au décès de mon fils, je n’ai plus ouvert un seul livre. Une amie m’a prêté le vôtre et je l’ai lu d’une traite, depuis je me suis remise à lire ». Eh bien, quand cette personne m’a dit cela, j’ai pensé que, même si je n’en avais vendu qu’un seul, à cette personne, je ne l’aurai pas écrit pour rien.
Pouvez-vous nous présenter votre maison d’édition ?
Les Editions du Préau existent depuis mai 2010. Elle est née d’une envie de ma part et d’une histoire d’amitié entre plusieurs personnes qui sont comme moi, passionnées par la littérature et les auteurs. Quand je leur ai parlé de mon projet, elles ont été enthousiasmées et depuis me soutiennent et m’apportent leur aide.
La première personne à m’avoir suivi est mon ami, mon frère de cœur et auteur Laurent Luna. Dès que je lui ai présenté mon projet, il m’a suivi immédiatement et m’a proposé le manuscrit du premier tome de « H.E.R.O.S. » dont le succès a été immédiat et m’a permis d’avoir une reconnaissance chez les libraires et les lecteurs.
Je suis également entouré d’un comité de lecture composé de plusieurs membres qui me donnent leur avis sur les manuscrits et y apportent leurs corrections. Ce sont également des amis et j’aimerais beaucoup les remercier en les nommant :
Corinne Pirlotte (ma petite sœur de cœur), une grande lectrice ;
Catherine Letellier, libraire et passionnée : une des premières lectrices de mon roman ;
Sylvie Tereso, libraire et passionnée également (elle a été la première libraire à prendre mon roman, qui a été lui-même sa première vente à l’ouverture de sa librairie, alors cela crée des liens) ;
Lydie Petitseigneur : une amie prof de français ;
Loïck Carlier : Mon fils de 12 ans qui adore lire ;
Sylvie Carlier : mon épouse, qui est également une passionnée de littérature et ma correctrice. Elle a l’œil pour trouver les fautes d’orthographe et de syntaxe, les répétitions et constructions de phrases mal appropriées.
Je tiens aussi à remercier mes auteurs pour leur confiance.
Quelle est la ligne éditoriale des Editions du Préau ? Quels types de romans proposez-vous ?
Je n’ai pas à proprement parlé de ligne éditoriale. Je dirai que j’édite des romans populaires, tout public et surtout des coups de cœur.
Je propose des romans jeunesse, des contes pour enfants, un roman historique et un roman de littérature blanche.
Ayant écrit un premier livre « Grossir à en mourir », pourriez-vous nous présenter les avantages et les inconvénients, s’il y en a, d’avoir les « deux casquettes » ?
Je n’ai pas les deux casquettes. Le tirage de mon roman est épuisé et je n’ai pas signé de nouveau contrat avec mon éditeur de l’époque. Je préfère pour le moment avoir la casquette unique d’éditeur et ne pas prendre le risque d’avoir envie de m’avantager au détriment des autres. Je ne dis pas qu’un jour je n’éditerai pas mes écrits, mais pour le moment, je pense que je dois consacrer 100% de mon temps aux les auteurs qui me font confiance.
Il y a tout de même un avantage. Ayant été auteur, je connais tout ce que l’on ressent après avoir écrit un roman : la fierté, le doute, l’envie, etc…
Pouvez-vous nous présenter votre journée type ?
Mon travail ne se répartit pas en journées mais plutôt en semaines (samedis et dimanches compris).
50% sont consacrés à des recherches de salons, de séances de dédicace et de nouveaux libraires (J’ai un distributeur qui propose un catalogue de plusieurs maisons d’édition mais il me faut tout de même faire du démarchage où je ne propose que mes livres).
20% sont consacrés à la promotion : contacter des journalistes, des chroniqueurs sur le net et faire de la pub pour mes auteurs (Facebook, forums, webzines…)
20% servent à lire des manuscrits, contacter les futurs auteurs, faire de la mise en page, créer des couvertures, contacter les imprimeurs, etc…
10% restent pour la gestion de l’entreprise, compta, bilans, etc…
Quel est votre parcours professionnel ?
Mon parcours professionnel avant d’être éditeur n’a vraiment aucun intérêt, il n’a été qu’alimentaire. En revanche, je me suis épanoui dans un parcours artistique. Il a débuté en 1981 où j’ai été animateur dans une radio libre. C’a été pour moi une révélation et une passion pour le monde de l’art. Ensuite j’ai été manageur d’un groupe de rock en région parisienne, une activité qui a des points commun avec l’édition. Puis, ayant une voix, je me suis lancé dans la chanson avec un ami et nous avons écumé les cabarets de notre région. Je me suis essayé également à la peinture, mais sans grand résultat. Pendant tout ce temps, je n’ai jamais cessé d’écrire : des poèmes, des chansons, des nouvelles pour lesquelles j’ai été primé, puis ce fut l’écriture de mon roman et ce qui en découle aujourd’hui.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui voudrait exercer votre profession ?
Etre passionné, ne jamais baisser les bras et surtout… ne pas espérer devenir riche.
Quels sont vos livres cultes ?
Je n’ai pas vraiment de livre culte mais des auteurs incontournables, ceux comme on dit, que j’achète les yeux fermés. Je vais en nommer certains, pas dans l’ordre de préférence mais dans celui où je les ai découverts : Stephen King, Maxime Chattam, Franck Thilliez, Laurent Luna et Jean-Luc Bizien (dont le dernier titre «L’évangile des ténèbres » est un vrai petit bijou).
Cela peut paraitre paradoxal, mais je lis énormément de thriller alors que je n’en ai pas édité…
Quels sont vos projets ?
Dans quelques jours, va sortir le premier conte pour enfants « Axel est nickel » de Florence Foucard. Puis en mai un nouveau concept littéraire le « Scénaroman – les films à lire » avec en premier titre « Un monde parfaite » une comédie du scénariste, comédien et réalisateur Philippe Le Dem, préfacée par Pascal Légitimus (Les Inconnus, entre autres). Courant 2011, pour ne pas faire attendre les jeunes ados, sortiront deux nouveaux tomes de H.E.R.O.S.
Pour l’avenir, je viens de recevoir un manuscrit dans le genre fantastique/fantaisy, qui a un gros potentiel. J’aimerais beaucoup également recevoir un manuscrit de thriller, mais attention, la barre est placée très haut. Enfin bon, si Maxime, Franck, Laurent ou Jean-Luc cherchent un petit éditeur, je suis preneur.
Avez-vous un site ou un blog où les lecteurs peuvent découvrir votre maison d’édition ?
Le site des Editions du Préau est : www.leseditionsdupreau.fr
Auriez-vous quelque chose à ajouter ?
Oui, j’aimerais beaucoup remercier les personnes (libraires, lecteurs, etc…) qui, comme Sophie et Lucie de zonelivre asso, ne s’attachent pas uniquement à lire des livres édités chez « Galimarion » ou chez « Albin XO », mais qui prennent le temps de découvrir de nouveaux auteurs chez de petits éditeurs et de parler de leurs découvertes et coups de cœur.
J’aimerais remercier également « l’Ecole de Caen » qui est un nid d’auteurs de talent et qui n’hésite pas à donner un grand coup de pouce à des auteurs moins connus.
Pour finir, j’aimerais remercier Franck Thilliez pour avoir mis sans hésitation sa notoriété au service de mon ami Laurent Luna, et pour tout ce qui en découle aujourd’hui.
Merci à tous !
Merci à Paskal Carlier de nous avoir accordé cette interview.
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