Le rituel de présentation … Qui êtes-vous ?
Si nous n’étions qu’un, le tutoiement serait de rigueur mais Bretin & Bonzon sont réciproquement possédés – au sens littéraire s’entend – l’un par l’autre. Déjà cinq romans écrits à quatre mains, tous situés aux frontières des genres fantastique/noir et refusant l’esprit de chapelle qui préside aux boites hermétiques dans lesquelles on tente de ranger les auteurs.
Un ancien compagnonnage en sciences politiques, philosophie et langues orientales nous a permis de nouer un réseau de références communes, vivier d’idées et de fictions dans lequel nous puisons pour écrire ces fictions.
Alors, selon vous, la collection Van Helsing « polar » ou « fantastique » ?
Puisque boite il y a : fantastique.
Comment avez-vous été recruté par les créateurs de la série ?
L’un de mes romans (à deux mains cette fois), Le Mort-Homme, avait reçu le prix du roman fantastique de Gérardmer et je crois que c’était une bonne référence pour l’éditeur. Par ailleurs, ce que nous avions publié avec Laurent Bonzon (Malo Mori ou Eden) affichait clairement cette « tentation » fantastique.
Selon vous quelles sont les qualités requises pour écrire dans cette série et ce genre de romans ?
Les mêmes que celles qu’il faut pour écrire de la littérature : savoir regarder ses démons en face. Le zeste d’humour en plus est le bienvenu.
Qui est l’illustrateur des magnifiques couvertures ? Avez-vous eu votre mot à dire sur l’illustration ?
C’est un choix de l’éditeur, mais on nous avait demandé notre avis sur cette couverture, inspirée de l’affiche du film (The Blob) réalisé dans les années 80. Ce qui nous convenait tout à fait puisque nous avons beaucoup joué avec cette référence ciné.
Avez-vous un monstre imposé pour l’écriture ou êtes-vous totalement libre de ce choix ? Comment avez-vous été inspiré ?
Liberté totale. Laurent et moi avions envie d’un monstre qui ne ressemble à rien. Le Blob, c’est l’idée même du monstre, une forme molle capable d’être façonnée par toutes les peurs. Le blob (qui amalgame ses victimes) dit une chose importante, c’est qu’à chasser le monstre, on devient soi-même monstrueux. Fondamentalement, nous aimons bien les monstres. Ce sont des êtres différents qui viennent perturber l’ordre trop rassurant et trop bien rangé d’un monde dans lequel on voudrait que chacun reste à sa place. Le monstre, c’est un élément très positif. Un empêcheur de vivre et de mourir en rond.
Quels sont les thèmes imposés pour l’écriture ? Quelles sont les limites ?
Il y a ce que les concepteurs de la série ont nommé la « terrabible », un document de référence présentant le héros (VH) de la série et l’esprit qui préside à son club. Nous avons gardé le cadre tout en le mettant à mal. Le choix d’un anti-héros, Roger Mc Ormann, est révélateur de notre intention de contester le cadre. Bonzon dit cela assez bien : le CVH, qu’est-ce que c’est ? Réponse : 1/ Ordre ; 2/ Désordre (le Monstre) ; 3/Intervention du CVH : retour à l’ordre. Conclusion : dormez bonnes gens, la police – et le CVH – veillent… Si l’on y regarde bien, c’est un projet sécuritaire ! Pas forcément des idées que nous partageons. Donc, CVH, oui, mais à notre façon.
Même question sur l’écriture : Y-a-t-il des critères imposés (format, nombre de pages) ?
Pas trop gros, pas trop petit… En fait, un format assez délicat – surtout pour Bonzon & moi qui faisons plutôt dans le pavé – car cela dépasse la grosse nouvelle mais ne permet pas de développer les situations sur une longue période de temps.
Elle sera publiée un jour la petite bible du CVH ?
Demandez à l’éditeur !
Imaginez-vous une adaptation en série tv par exemple ? Qui verriez-vous dans le rôle de principal ?
Mon co-auteur dans le rôle du monstre me semblerait assez juste, mais il suffisamment sympa pour me le laisser si j’insiste… Pour Mac Cormann, j’hésite à citer un nom de peur de me faire des ennemis…
Quels sont vos projets pour l’année à venir ?
Nous sommes en train de terminer le deuxième tome d’une trilogie dont le premier volume s’appelait Eden – Complex 1,une sorte de Frankenstein végétal contemporain qui flirte assez franchement avec un fantastique bio-technologique.
Le deuxième tome, qui sortira en mars 2008, permettra de retrouver un certain nombre de personnages présents dans le premier épisode et d’approcher d’un peu plus près l’énigme centrale de cette trilogie : qu’est ce que le Complex et quels buts poursuit-il ? Notre idée est de démonter pas mal de thèses qui courent sur la théorie du complot et montrer que nous nous cachons à nous-même beaucoup plus de choses que ce que les autres nous cachent. A suivre, donc…
Retrouvez la chronique de son livre ici : Mickey monster parution septembre 2007, aux éditions Baleine
Interview réalisée en collaboration avec Claire Redfield, Raven & Belgarpat du site Plume Libre.