Rencontre avec l’auteur Carl PINEAU à l’occasion de la sortie de son roman L’Arménien – nuit nantaise paru en juin 2017
Jérome PEUGNEZ : Bonjour Carl Pineau, pouvez-vous me décrire en quelques mots votre parcours ?
Carl PINEAU : Je suis né en 1966, je suis d’origine écossaise par mon père et Arménienne par ma mère. Des histoires fortes d’immigrations qui ont forgé ce que je suis et ma soif de découvrir le monde.
Très jeune, j’ai fréquenté les discothèques de la ville de Nantes. À 18 ans, j’ai été embauché par l’une d’elles pour gérer les soirées. À 21 ans, j’ai quitté l’univers de la nuit et repris des études, en commerce international puis en Marketing.
En 2009, avec ma femme et mes deux garçons, nous nous sommes fixés au Québec.
Depuis 2015, nous vivons en Thaïlande.
JP : Comment vous est venu l’envie d’écrire ? A quelle période ?
CP : J’ai toujours eu envie d’écrire. Enfant, je rédigeais des poèmes. Après le baccalauréat, il m’a fallu gagner ma vie. Mais j’ai gardé ce rêve, comme un vague objectif. Pendant des années, j’ai travaillé avec cette idée en tête de pouvoir arrêter assez tôt pour écrire. Vers quarante ans, j’ai estimé que l’heure était venue. J’ai commencé par un recueil de Poésie, Le Silence Pèlerin, qui a obtenu le premier prix de l’Académie de Nantes et de Loire Atlantique. Comme le projet de « découvrir le monde » s’inscrivait dans un objectif partagé avec mon épouse, nous avons lié voyages et écriture. Arrivé à Québec, j’ai suivi une formation en création littéraire à l’université Laval, et c’est là que j’ai entamé la rédaction de l’Arménien, mon premier roman.
JP : Quelles étaient vos lectures de votre enfance ?
CP : Les récits du Grand Nord, Jack London, James Oliver Curwood.
Puis les deux écrivains marquant de mon adolescence : A.Gide, Hermann Hess.
JP : Quel est votre ‘modus operandi’ d’écriture ? (Votre rythme de travail ? Connaissez-vous déjà la fin du livre au départ ou laissez vous évoluer vos personnages ?)
CP : S’il y a une chose que j’ai apprise, c’est qu’on ne peut pas écrire un roman sans un travail régulier et constant. Pour ma part, je me mets à la table le matin avec un objectif de deux mille mots par jour. Ça parait simple, mais c’est parfois une torture…
C’est cette constance qui me permet de sortir des histoires qui émergent de très loin. D’une imagination dont j’ignore souvent l’origine.
Lorsque je m’installe à mon bureau, en général le matin, j’ignore où va me conduire le récit. Même si j’ai une vague idée de la fin, j’autorise une large place à la surprise. Je refuse d’exprimer une revendication. Ce qui m’importe, c’est au contraire d’effacer mes certitudes pour laisser une voix défendre un avis parfois contraire au mien. C’est cette vérité humaine que j’essaie d’atteindre, avec un style le plus transparent possible.
JP : Il y a-t-il des personnages qui existent vraiment, dont vous vous êtes inspiré ?
CP : Pour l’Arménien, je dirais que c’est un mélange de souvenirs et d’imagination. L’univers des NUITS NANTAISES des années 80s’, je l’ai suffisamment connu pour mettre des personnages en contexte sans difficulté. Les profils humains existent, mais aucun personnage n’est réel. Pour sortir du « Il narrateur » ou du policier qui raconte son enquête, j’ai eu l’idée de donner naissance à deux personnages complètement différents qui se souviennent de leur relation avec l’Arménien, jusqu’à la découverte de l’assassin. Le chalenge était de trouver leur voix et de les laisser évoluer presque en dehors de ma volonté.
JP : Le parcours a t-il été long et difficile entre l’écriture de votre livre et sa parution ?
CP : J’ai entamé la rédaction de l’Arménien en 2010, au Québec, dans la cadre de la formation en création littéraire. Pour un des modules, nous devions produire deux mille mots par semaine. J’ai rédigé le premier jet entier du roman en trois mois ! L’histoire sortait de moi comme si elle avait toujours été là. Ensuite j’ai laissé reposer le roman plusieurs fois, m’y remettant pas périodes de trois à quatre mois. C’est finalement plusieurs années de travail et de maturation pour aboutir à une version qui m’est apparue « livrable aux lecteurs »
JP : Avez-vous reçu des remarques surprenantes, marquantes de la part de lecteurs ?
CP : Pour l’instant non. Il faut juste que les lecteurs qui me connaissent comprennent que je ne suis ni l’Arménien, ni la psychiatre, et encore moins le coiffeur voyou déjanté, un peu borderline, et que rien de ce qui leur arrive ne s’est produit dans mon existence ☺
JP : Avez vous d’autres passions en dehors de l’écriture (Musique, peinture, cinéma…) A part votre métier, votre carrière d’écrivain, avez vous une autre facette cachée ?
CP : Les voyages et la rencontre avec l’autre, c’est pourquoi nous profitons de notre présence en Thaïlande pour apprendre la langue Thai et visiter l’Asie en famille.
JP : Quels sont vos projets ?
CP : J’achève la reprise de Malecón, un thriller politico-financier situé entre Paris et Cuba, sur fond du scandale du Panama Papers. Un travail très différent puisqu’il s’agit cette fois d’un narrateur au « il omniscient. » J’avais envie de m’essayer à une écriture plus distanciée. Pour autant, le choix du narrateur omniscient me permet de rentrer dans la tête des personnages pour analyser et décrire leurs pensées.
Deux autres polars de la série Nuits Nantaises sont en rédaction.
JP : Quels sont vos coups de coeur littéraires ?
CP : Je suis un lecteur curieux. Je dévore une soixantaine de livres par an. J’adore les polars, bien sûr, James Lee Burke, Henning Mankel, Trevanian… Et les auteurs américains des années 50, Dashiell Hammett, Raymond Chandler…
Mais je continue à lire les écrivains du 19s. J’apprécie aussi la poésie puisque j’en écris. Je suis sensible aux poètes surréalistes, le style métaphorique, l’écriture automatique, mais j’aime le saisissement de l’instant de Philippes Jacottet.
JP : Une bande son pour lire en toute sérénité votre roman ? A moins que le silence suffise ?
CP : Les tubes des années 80, dont je saupoudre certains titres au fil du récit.
JP : Avez-vous un site internet, blog, réseaux sociaux où vos lecteurs peuvent vous laisser des messages ?
CP : Je possède un site internet carlpineau.fr ; une page facebook Carl Pineau – auteur ; et un compte Twitter @carlpineau
JP : Merci Carl Pineau d’avoir répondu à ces quelques questions.
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Un grand merci pour cet interview. Carl Pineau
Merci à vous c’était très intéressant de découvrir votre univers et de votre parcours de vie qui est riche.