Yeruldelgger, thriller d’une maîtrise époustouflante, Manook nous entraine dans les déserts balayés par les vents de l’Asie Centrale
Présentation Éditeur
Le corps enfoui d’une enfant, découvert dans la steppe par des nomades mongols, réveille chez le commissaire Yeruldelgger le cauchemar de l’assassinat jamais élucidé de sa propre fille. Peu à peu, ce qui pourrait lier ces deux crimes avec d’autres plus atroces encore, va le forcer à affronter la terrible vérité. Il n’y a pas que les tombes qui soient sauvages en Mongolie. Pour certains hommes, le trafic des précieuses « terres rares » vaut largement le prix de plusieurs vies. Innocentes ou pas.
Dans ce thriller d’une maîtrise époustouflante, Ian Manook nous entraine sur un rythme effréné des déserts balayés par les vents de l’Asie Centrale jusqu’à l’enfer des bas-fonds d’Oulan-Bator. Il y avait la Suède de Mankell, l’Islande d’Indridason, l’Ecosse de Rankin, il y a désormais la Mongolie de Ian Manook !
Origine | |
Éditions | Albin Michel |
Date | 2 octobre 2013 |
Éditions | Le Livre de Poche |
Date | 2 janvier 2015 |
Pages | 648 |
ISBN | 9782253163886 |
Prix | 9,90 € |
L'avis de Léa D.
Depuis le temps qu’on me disait énormément de bien de Yeruldelgger et de Ian Manook, il était temps que je m’y mette !
Yeruldelgger est commissaire à la criminelle à Oulan Bator. Alors qu’il enquête sur le meurtre de trois Chinois et deux prostituées, il est également appelé dans la Steppe, pour découvrir le corps d’une fillette enterrée. Non seulement le meurtre de cette fillette lui rappelle lui rappelle l’assassinat de sa fille cadette mais ces deux enquêtes semblent liées à son histoire…
Ce premier tome de Yeruldelgger est particulièrement entrainant : dès le début, on est directement lâchés dans l’intrigue. Meurtres barbares, cette petite fille enterrée… Et un inspecteur fracassé ! Car évidemment, on va avoir affaire à un homme brisé, à la vie compliqué : sa fille cadette est morte, sans doute pour le pousser à s’éloigner de son travail ; sa fille ainée le déteste… On ne peut pas dire que Yeruldelgger ait une vie de tout repos ! Surtout que son métier est pour le moins chronophage également. Les victimes Chinoises amènent un certain lot de problème, comme le fait que la Chine fasse pression pour étouffer l’affaire ; le fait que la petite fille morte lui rappelle la sienne ; et enfin ses collègues qui le regarde avec pitié, le pensant ingérable et fou. Heureusement qu’il y a Solongo, la médecin légiste, et Oyun, la flic, deux femmes différentes mais indispensables à Yeruldelgger.
Yeruldelgger est un premier tome assez classique dans sa narration et dans les personnages décrits, mais pour moi le gros point positif de cette histoire, est la description que fait Ian Manook de la Mongolie. C’est un endroit que j’ai toujours souhaitée visiter, et j’ai eu un peu l’impression de m’y rendre grâce à Yeruldelgger. Ian Manook décrit parfaitement le mode de vie des nomades (la yourte, le jardin et les plantes, mais surtout les coutumes), cette ambivalence entre la vie moderne qui prend de plus en plus d’essor et les usages des ancêtres, toujours très présents. En plus de ce mode de vie très particulier, nous avons également la description de ce pays immense, de cette diversité de paysages.
Un premier tome à la construction parfois assez classique – notamment pour ce qui est de la description de certains policiers – mais qui impose un rythme effréné et surtout nous fait découvrir une culture malheureusement trop méconnue.
Yeruldelgger est livre très bien écrit, je me plongerai très prochainement dans la suite !
L'avis de Yannick P.
Scène 1 – La découverte du héros
Une fois n’est pas coutume, je commence une chronique avant même d’avoir fini le roman de Ian Manook (j’adore ce pseudo). Yeruldelgger … Comment ai-je pu passer à côté de cela ? Rien que le nom aurait dû suffire à me titiller le neurone.
Merci donc à l’équipe de la médiathèque H Oudoux pour avoir organisé une sympathique carte blanche grâce à laquelle j’ai pu combler mon erreur.
Ce polar noir se déroule en Mongolie, de nos jours. Il nous plonge dans un univers original et captivant. La lecture est jouissive. D’entrée, le lecteur que je suis est projeté dans un paysage de steppes s’étalant à perte de vue. On pose son regard sur un peuple à la recherche de ses traditions et une société oscillant entre ses yourtes posées dans des contrées lointaines et désertiques et Oulan Bator, une ville qui se cherche – une espèce de Nomad Land que l’on aurait croisé avec une « La Défense »soviétique ou chinoise, où une partie de la population survie terrée dans les égouts et les cages d’escaliers.
Scène 2 – Le héros sort du bois.
J’y découvre l’amour de Yeruldelgger pour sa fille Saraa, son côté tempétueux et sa une notion toute particulière de son métier et son incroyable ténacité à vouloir rendre justice aux morts.
Mais il est peut-être temps de poser le pitch.
Tout part d’une gamine aux boucles blondes de cinq ans, dont le corps est retrouvé enseveli sur son tricycle rose dans la steppe sauvage, où les chevaux vont au galop en liberté, parmi les yourtes chaleureuses. Rien que cela pourrait faire un bon début d’enquête. Mais c’est mal connaitre Manook. Car si on le compare aisément à Indridason, Mankel ou Rankin dans sa capacité à s’approprier un territoire pour y poser son héros, c’est oublier le talent du garçon. Alors pour mieux empoigner cette main mise, il faut ajouter à la tambouille 3 cadavres de chinois émasculés retrouvés dans un entrepôt d’Oulan Bator, des prostituées tondues et des mafieux coréens et chinois. Enfin pour être certain de réquisitionner complétement ce territoire, son histoire, il convient d’ajouter une couche d’abrutis nazis, du mouton gras, et du thé salé au beurre rance.
Voilà, les ingrédients sont là. Les pages se tournent. Je me suis acclimaté à l’ambiance de ce roman noir. Ma découverte continue. Le plaisir grandit. Je découvre un Yeruldelgger, élevé par des moines guerriers, initié aux arts martiaux, un flic usé qui suscite un rejet de ses collègues masculins qui n’a d’égal que l’affection que lui porte sa compagne Solongo, médecin légiste et Oyun sa seconde. Pour encore rehausser, les saveurs et plonger dans le local, je me prends d’une certaine affection pour Gantulga, ce gamin de 12 ans, enfant des rues débrouillard et espiègle et je fonds devant la complexité de la relation de Yeruldelgger vis-à-vis des siens.
J’ai parcouru la moitié de ce roman. La suspension est surement salvatrice. C’est une trêve obligée. L’envie de retrouver les personnages est forte. Au moins autant que le gouffre face à moi. Car dans 200 pages, ce roman sera fini. Heureusement il y a 2 autres tomes.
Scène 3 – Le final
Voilà, la dernière page a été tournée. Ce thriller a été à la hauteur de mon attente. Jusqu’à la dernière ligne. Vif, truculent, Ian Manook arrive à projeter son lecteur, loin au fond des steppes, se jouant avec un plaisir communicatif à insérer autant d’histoire de cette région inconnue aux occidentaux que de fines touches aux relents sociaux actuels.
Les personnages sont superbement construits. Sans être caricaturaux, ils sont composés et modelés au fil des chapitres. Ils se renforcent avec le temps. La mécanique s’imbrique petit à petit. Sans violence inutile – quoique Yeruldelgger, ne soit pas non plus un ouvrage où les héros et héroïnes passent leurs nerfs en faisant du tricot – le succès de cet édifice tient à la proximité et l’inventivité, bref à l’attachement que nous avons avec Yeruldelgger, Oyun et Gantulga ; ce dernier servant à Manook à nous offrir quelques sorties humoristiques et parfois de croustillantes saillies verbales (on reconnait la patte d’un soixante-huitard).
L’imagination foisonne. Ce roman tient toutes ses promesses et Manook, esprit pervers et joyeux, ouvre une suite. Voilà, grâce à lui, je dois me résoudre à sacrifier ma PaL pour me précipiter sur Les Temps Sauvages. L’acte se fait avec plaisir.
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