Présentation Éditeur
Dans les petites communautés, il y en a toujours un par génération qui se fait remarquer par son goût pour le chaos. Pendant des années l’engeance historique de l’île où je suis née, celle que l’on montrait du doigt lorsqu’un truc prenait feu ou disparaissait, ça a été moi, Blanche de Rigny. C’est à mon grand-père que je dois un nom de famille aussi singulier, alors que les gens de chez moi, en allant toujours au plus près pour se marier, s’appellent quasiment tous pareil. Ça aurait dû m’interpeller, mais ça ne l’a pas fait, peut-être parce que notre famille paraissait aussi endémique que notre bruyère ou nos petits moutons noirs… Ça aurait dû pourtant…
Au XIXe siècle, les riches créaient des fortunes et achetaient même des pauvres afin de remplacer leurs fils pour qu’ils ne se fassent pas tuer à la guerre. Aujourd’hui, ils ont des petits-enfants encore plus riches, et, parfois, des descendants inconnus toujours aussi pauvres, mais qui pourraient légitimement hériter ! La famille de Blanche a poussé tel un petit rameau discret au pied d’un arbre généalogique particulièrement laid et invasif qui s’est nourri pendant un siècle et demi de mensonges, d’exploitation et de combines. Qu’arriverait-il si elle en élaguait toutes les branches pourries ?
Une incroyable galerie de personnages : des méchants imbuvables, de riches inconscients, des idéalistes, une île où règne le matriarcat, des femmes admirables, avec en toile de fond une évocation magistrale de Paris assiégée par les Prussiens et le déménagement du Palais de Justice aux Batignolles.
Hannelore Cayre est avocate pénaliste. Elle est l’auteure de Commis d’office (qu’elle a porté elle-même à l’écran) et du best-seller La Daronne (adapté au cinéma, avec Isabelle Huppert dans le rôle-titre). Richesse oblige a reçu en 2020 le Prix du Noir Historique.
L'avis de Hélène B.B.
Richesse oblige est le cinquième roman d’Hannelore CAYRE. Cette avocate pénaliste, scénariste et réalisatrice doit son succès en librairie grâce à son livre précédent La Daronne, couronné par le Prix du polar européen et le Grand prix de littérature policière.
Le roman suit la vie de deux personnages. D’un côté, il y a Auguste qui vit en 1870 et qui va bientôt être fixé sur son sort : soit il poursuit ses études à la Sorbonne et continue de profiter des plaisirs parisiens, soit il est enrôlé pour neuf ans dans un service militaire qui le rebute. A cette époque, les conscrits sont tirés au sort et ceux qui ont les moyens peuvent acheter des hommes qui feront le service militaire à leur place. D’un autre côté et dans le monde du XXIe siècle, il y a Blanche de Rigny, qui vit avec sa fille Juliette, sa meilleure amie Hildegarde et un handicap qui l’oblige à marcher avec des orthèses et des béquilles. Ces deux destins vont se rencontrer, lorsque Blanche va découvrir l’histoire de sa famille dont elle ignorait presque tout.
Si le lecteur cherche un roman policier, il faut qu’il passe son chemin, sinon il risque d’être déçu. Richesse oblige n’a rien d’un polar, mais tire plutôt vers le roman noir par un double fond historique et sociologique. Le choix de placer le roman dans cette page de l’histoire où l’on achetait des hommes comme de simples marchandises est très original et nous donne une image assez réaliste de cette fin du XIXe siècle où certains se mettaient à rêver à un monde plus juste et plus beau. En permanence cela fait écho à notre fin de monde actuelle, dans laquelle le personnage de Blanche se bat également pour ses idéaux. Ce n’est pas le suspense qui nous tient en haleine, mais plutôt la sympathie que l’on éprouve très vite pour les personnages. De plus, l’humour y est fréquent et s’accompagne d’une aisance dans l’écriture qui rendent la lecture très agréable.
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