- Éditions Caïman en décembre 2017
- Pages : 240
- ISBN : 9782919066667
- Prix : 13,00 €
PRÉSENTATION ÉDITEUR
« Je m’adosse à l’angle du chalet, un peu à l’abri du vent, le cul sur le sol dur et froid. Quatre lampées de Nikka pour réchauffer mon corps et ma conscience. Deux autres pour tenter de raisonner. Une dernière pour chasser la lassitude qui me gagne.
Pour un peu, j’en voudrais à la terre entière. À mes parents, incapables de m’éduquer. À mon frère et ma sœur, tellement effacés par rapport à ma personnalité. Au père Linley, dont les sermons n’ont fait qu’accentuer la colère qui sommeille en moi.
Cette forêt, cette montagne n’ont plus rien à m’offrir. J’ai envie de quitter cet endroit. De m’installer dans un lieu un peu plus civilisé. De retrouver mes anciens cama-rades. Mais je sais que je suis seul. Duncan et Alisdair sont au trou et pour un certain temps. C’est en les dénonçant aux flics que j’ai assuré ma fuite au cœur des Cairngorms. »
Dans « L’île des hommes déchus », Guilllaume Audru mettait en scène des hommes rudes, se débattant avec leurs démons dans l’île de Stroma,au nord de L’Ecosse.
Quatre ans ont passé depuis ces événements.
Que se passe-t-il quand deux petits vieux sont libérés de prison pour bonne conduite et cherchent à se venger ?
Que se passe-t-il quand deux frères que tout oppose décident de travailler ensemble dans un commerce illégal mais très lucratif ?
Que se passe-t-il quand une inspectrice de police, têtue et déçue par ces hommes, se lance sur leur piste ? Réponse dans LES CHIENS DES CAIRNGORMS
L’AVIS DE YANNICK P.
Une histoire simple, brute à la hauteur des Cairngorms. L’hiver en Ecosse, hostile, entre lande et forêt. D’un côté, deux vieux, Roy et Liam, sortent de prison pour bonne conduite. Ça fait quatre ans qu’ils y sont. Quatre ans à ruminer une vengeance. Le fils de Liam les conduit dans les Cairngorms où les hommes sont rares et rudes. De l’autre, deux frères font leur beurre sur les combats de chiens. Au milieu, une policière têtue, prête à tout pour mettre la main sur Roy et Liam.
Voilà pour l’arrière-plan. Les Chiens de Cairngorms est un roman faussement simple. Cinq hommes, deux femmes. Chaque personnage prend la parole l’un après l’autre. De là, nait un point de vue inattendu à chaque chapitre. Les hommes se battent avec leurs propres démons. Dans ce pays perdu, seule la loi du plus fort perdure. Les lire les uns après les autres nous offre une évolution de l’intrigue. Les hommes sont tantôt lâches, violents. En quelques mots des vrais salauds prêts à tout pour assouvir leurs ambitions. Un rien basique. L’argent et les femmes. Bref ça fleure bon, l’alcoolisme, les combines illégales et les abus sexuels. Les femmes quant à elles, semblent subir. Chacun s’exprime à la première personne et nous agrippe peu à peu au fil des pages. Le pari est gagné. C’est addictif.
J’ai eu le plaisir de lire les Chiens de Cairngorms, dans le parc naturel de Cairngorms. Guillaume Audru qui semble-t-il n’a jamais mis les pieds là-bas, dans cette Ecosse perdue, a réussi tout de même à rendre compte de la rudesse de cette lande et de ses forêts. Le vent frappe froid. Il n’y a personne pour vous entendre crier.
Ce roman noir, est un drame familial, fait de dégénérés où les enfants paraissent avoir hérité des tares de leurs parents cinglés, est adroitement écrit. Le récit est captivant. Un zest d’action, pas mal de psychologie, des personnages rares et ciselés qui montent en puissance. Si le sujet tourne autour de combats de chiens, les vrais chiens sont ici souvent debout prêts à s’entre-dévorer pour prendre la place de l’Alpha dominant.
En fait, j’ai attendu d’être immergé dans les Cairngorms pour lire les Chiens et j’ai bien eu raison !
L’AVIS DE CATHIE L.
Guillaume Audru, né à Poitiers en 1979, est tombé dans la marmite polar quand il était petit, avec des effets irréversibles. Jugez plutôt: enfant, il préférait lire Agatha Christie et Maurice Leblanc au lieu de Oui-Oui !! Il est l’auteur de L’île des hommes déchus et de Le sombres innocentes. Les chiens de Cairngorms est son troisième roman.
Le roman
Les chiens des Cairngorms a été publié par les éditions Caïman en 2017. Il s’agit d’un polar que je qualifierai d’atypique, tant par sa construction que par son rythme. En effet, si son expression fluide et brute à la fois reste dans le style du genre, il en est autrement pour son architecture: les révélations sur les agissements de chaque protagoniste sont révélées par un autre personnage qui raconte une partie de son histoire se recoupant avec les autres morceaux du récit racontés d’un autre pointe de vue. Procédé qui donne l’impression au lecteur d’assister à un film en plusieurs tableaux.
Ce qui explique que les choses se mettent en place selon un rythme lent, alternant les différentes voix (une par chapitre). Peu d’action dans ce polar, et pourtant on ne s’ennuie pas une seconde. Le lecteur observe les différents protagonistes, assiste à la mise en place des éléments de l’intrigue et attend… Ce n’est qu’à la page 95, pour un livre qui en compte 202, que les choses vont commencer à bouger.
Thèmes : la vengeance, l’appât du gain, l’enfance démolie… Tout un programme savamment mis en scène.
L’intrigue
Quatre ans après les événements narrés dans L’île des hommes déchus, Roy et Liam, âgés de 75 ans, sortent de prison pour bonne conduite. Objectif: rejoindre une planque dans les monts Cairngorms, repérer Johnny, le fils de Roy, et se venger.
Mais comme ils ne se présentent pas à l’heure dite au commissariat de Wick, ils sont déclarés fugitifs. Moïra, fille de Liam et accessoirement sergent de police, part à leur recherche. Finalement, ils retrouvent leur proie. Ils laissent à Gemma un message à l’intention de Johnny et Eddie. La tension monte au sein du trio. Mais rien ne se déroule comme Roy l’avait prévu.
Les lieux
Qui mieux que les paysages désolés et sauvages des monts Cairngorms, chaîne de montagne située dans les Highlands en Ecosse, pouvaient accueillir une histoire si violente et si tragique ? Des lieux authentiques que « les premiers contreforts des Cairngorms. Des sommets arrondis, presque moelleux, à la pente tranquille. Quelques-uns sont enneigés. Il s’agit d’un massif qui s’abstient de pics abrupts, de station de ski pour milliardaires. Entre les cimes du Ben Mac Dui et du Cairngorm, c’est le paradis des randonneurs, des vrais amoureux de la nature » (Page 14)… et l’endroit idéal pour disparaître quand on fuit la justice !!
Dans des conditions de vie rudes, qu’il n’est pas donné à tout le monde de supporter au quotidien, pour lesquelles « il faut faire preuve d’une sacrée résistance (…) Il y a quelques villages disséminés çà et là mais pas d’agglomération offrant tous les services, des commerces, des médecins de proximité. Il faut aussi endurer la pluie récurrente, la neige qui ne manque jamais de venir l’hiver. » (Page 40)
En conclusion
Une ambiance pesante, glauque parfois pour ce polar violent qui ne laisse place à aucune miséricorde. Une atmosphère tendue, le calme avant la tempête dans une nature sauvage, entièrement soumise aux éléments, tout comme les hommes qui y vivent. Le vent, la neige, le climat hivernal s’inscrivent à merveille dans l’élaboration du décor.
Le + : l’état d’esprit des personnages, leurs pensées donnent au roman une dimension psychologique, montrant les interactions entre chacun, la façon dont ils appréhendent les événements.
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