PRÉSENTATION ÉDITEUR
À Peterborough, deux hommes d’origine étrangère ont été sauvagement assassinés dans la rue à quelques semaines d’intervalle. Les caméras de surveillance montrent leur agresseur masqué exécutant le salut nazi après les avoir tués à coup de pied. L’inspecteur Zigic et sa partenaire, le sergent Ferreira de la section des crimes de haine mènent l’enquête lorsque survient un autre drame : trois travailleurs immigrés sont renversés devant un arrêt de bus par une voiture. Les deux policiers vont se confronter aux pressions de leur hiérarchie. Il ne faudrait pas que la piste raciste, peut-être commune aux deux affaires, s’ébruite auprès des médias, au risque de réveiller des tensions déjà explosives dans la ville.
Un autre personnage s’inquiète de cette publicité malvenue, c’est Richard Shotton, député local d’extrême droite qui entend bien se faire réélire dans cette région où il est particulièrement rentable de surfer sur la frustration engendrée par la présence d’immigrés tout en se défendant d’être raciste. Ferreira a-t-elle raison de penser que son parti garde des liens souterrains avec la mouvance néonazie, au cœur de l’enquête ?
Origine | |
Éditions | Liana Levi |
Date | 10 janvier 2019 |
Éditions | Points |
Date | 6 février 2020 |
Traduction | Lise Garond |
Pages | 456 |
ISBN | 9782757873687 |
Prix | 8,10 € |
L’AVIS DE HÉLÈNE B.
La ville de Peterborough est victime d’une série de meurtres racistes d’une violence inouïe. Quand deux sœurs d’origine étrangère sont, elles aussi, victimes d’un accident de voiture volontaire à l’arrêt d’un bus, L’inspecteur Zigic et Ferreira, deux agents travaillant pour la section des crimes de haine, se voient confier l’enquête.
Leurs investigations vont leur permettre de remonter assez rapidement à plusieurs suspects et nous découvrons rapidement que l’accident de voiture est lié à tous les autres lynchages racistes. Par ailleurs, Richard Shotton, homme politique d’extrême droite doit absolument éviter que ces meurtres soient rattachés à son parti afin de conserver l’image lisse qu’il s’efforce de bâtir depuis des années.
Roman intéressant qui traite le problème grandissant du racisme d’autant plus que les deux agents de la section des crimes de haine sont eux-mêmes d’origine étrangère. L’auteur s’attache aussi à exploiter le problème des mouvance néo-nazis qui perdurent en particulier en Pologne. On est surpris par la violence de ces groupes et du jusqu’au-boutisme dont ils font preuve.
Cependant, je n’ai pas été convaincue par ce roman qui a tendance à multiplier un peu trop les situations, rendant parfois flou le fil conducteur de l’enquête. Nous savons rapidement qui sont les auteurs des faits ou du moins une partie des auteurs. Les liens entre les différents personnages se dessinent plutôt bien mais l’homme politique Richard shotton ne semble pas toujours trouver sa place dans l’histoire.
Ce roman dénonce une société anglaise repliée sur elle-même malgré une diversité culturelle bien présente. Les communautés sont regroupées dans des quartiers, l’insécurité est palpable, les trafics en tout genre font la loi. J’attendais peut-être une analyse plus profonde de ces sujets de la part de l’auteur.
Pour résumer, une lecture en demi-teinte malgré un sujet initial intéressant.
L’AVIS DE CATHIE
Haine pour Haine, Tell No Tales en version originale parue en 2015, a été publié en 2019 par les éditions Liana Levi. Le style fluide permet au lecteur de se glisser dans l’histoire comme un poisson dans l’eau. Les actions sont détaillées comme dans un film :
« La voiture, elle, était pourtant bien réelle. Un vieux modèle de Volvo, massif, la portière mal repeinte côté passager. La voiture avait foncé sur ses victimes et ne s’était immobilisée qu’une fois emboutie contre la façade de la maison derrière l’arrêt de bus. L’intérieur du salon était visible de la rue, les murs en plâtre tout effrités, l’air envahi d’une poussière qui n’était pas entièrement retombée. Un fil électrique pendait du plafond, sans ampoule. » (Page 16)…
« Elle grimpa les marches de l’entrée et se baissa pour passer devant l’accueil où un journaliste de l’Evening Telegraph papotait avec le sergent de service, essayant de lui soutirer des informations qu’il n’aurait pas le droit de publier. Elle monta les escaliers et franchit l’étage de la brigade criminelle où l’accent irlandais du commissaire Riggott tranchait au milieu du brouhaha habituel. » (Page 29).
Thèmes: crise économique et sociale; racisme; haine raciale : prenant pour prétexte la crise économique, des groupuscules extrémistes brandissent l’étendard de l’Angleterre aux Anglais =>Schéma transposable dans n’importe quel pays occidental, y compris le nôtre.
Découpage: chaque partie est dévolue à un jour d’enquête.
L’intrigue
L’inspecteur Zigic enquête sur un accident de voiture avec délit de fuite. La video montre clairement que le conducteur a fauché les trois personnes dans l’abri bus délibérément avec pour résultat un mort et deux blessés graves, tous des travailleurs immigrés. Un hasard ?
Tandis que l’équipe travaille sur une autre enquête en cours dans le même quartier: le meurtre de deux hommes d’origine étrangère, à trois semaines d’écart, tabassés à coups de pied à l’heure de fermeture des bars. Aucune piste, aucun témoin pour aider la police dans ses investigations. => Un lien entre ces meurtres et l’accident de l’arrêt de bus ? Un vent de folie balaierait-il la ville de Peterborough ?
Pourquoi Sofia, seule survivante, a-t-elle menti concernant Anthony, le petit ami de sa sœur Jelena, morte dans l’accident, en l’incriminant, orientant l’enquête dans une mauvaise direction? Pourquoi le hait-elle à ce point ? Etait-ce elle la véritable cible du chauffard ?
C’est alors que se produit un troisième meurtre dans une ambiance déjà explosive. Zigic et son équipe parviendront-ils à boucler leur enquête avant que la situation ne dégénère ?
Le sens de la description et du détail caractérise la représentation des lieux dans lesquels se déroule l’histoire.
Peterborough : ville anglaise située à l’est du pays, Peterborough montre un visage de ville sinistrée par la crise économique, avec ses nombreux magasins fermés, ses immeubles gris et ses rues désolées : « Chaque fois que Ferreira venait dans le centre-ville de Peterborough, il lui semblait qu’il y avait encore plus de magasins vides…Les immeubles étaient laids, de grands monolithes gris de trois ou quatre étages aux vitres fumées, les fissures dans le béton comblées par des joints… » (Page 108).
Quartier de New England : une banlieue animée, juste au nord du centre-ville, où vivait le plus grand nombre des ouvriers immigrés de Peterborough : « Il y avait aussi une onglerie polonaise, un salon de coiffure lituanien, une épicerie spécialisée dans les produits d’Europe de l’Est et les cigarettes de contrefaçon, des cafés et des magasins d’alcool avec des tables sur les trottoirs. » (Page 27).
Zone industrielle : une vision pas très valorisante de Peterborough qui apparaît plus comme un endroit dans lequel on échoue en dernier recours : « Quelques maisons d’allure négligée subsistaient dans la zone industrielle : petites cours mal entretenues, façades salies par les gaz d’échappement, arbres jamais taillés qui obstruaient les fenêtres et déformaient les trottoirs. » (Page 32).
Eva Dolan, dans ce second opus consacré aux enquêtes de Zigic et Ferreira, illustre d’une manière expressive et vivante le climat social et les interactions politiques sur lesquels repose l’intrigue, le contexte dans lequel ils mènent leur enquête sans rien occulter de ses aspects les plus sordides: mécontentement populaire, intérêts politiques, pression municipale. Un roman rondement mené, passionnant à souhait…
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