Emily KOCH : Il était une fois mon meurtre

Alex est dans le coma. C’est difficile pour lui de réaliser au départ que personne ne l’entend. Il comprend parfaitement tout ce qui se passe autour de lui mais il n’arrive pas à communiquer avec le monde extérieur. Il ne sait pas comment il est arrivé là. Il n’entend que des bribes de conversations que parfois deux amis s’échangent au dessus de son lit. Des mots que laisse échapper sa petite amie. Lui qui était accroc à l’escalade aurait eu un accident. Et finalement si quelqu’un avait provoqué ça. Son bourreau se rend peut-être régulièrement à son chevet. Est-il en danger ? Et si il se concentre peut-il arriver à ce que son corps émette un signe pour montrer qu’il est encore là ? Or le danger vient peut-être de ses proches. Si les médecins ne changent pas de pronostic il risque d’être bientôt débranché. Cet amoureux des grands espaces et de l’évasion est prisonnier de son propre corps. Est-ce son imagination ou tout va dessiner comme une évidence sous ses yeux ?

« Il était une fois mon meurtre » de l’anglaise Emily Koch publié aux Editions Calmann Levy est très émouvant. Il décrit, sans plonger dans le pathos, le coma. C’est à la fois la difficulté pour les proches, la capacité ou non à dire au revoir. Les réactions différentes face à cet état quasi mystérieux. Que ce se passe-t-il vraiment ? Le patient entend-t-il ? Est-ce utile de lui parler ? C’est intéressant de voir ces événements vécus de l’intérieur. Il y a tellement de vitalité chez Alex, une soif de comprendre, une envie de vivre malgré out. Et puis les quelques moments de doute, la façon dont il a accompagné la mort de sa propre mère.

A l’heure où l’on parle d’euthanasie, de débrancher ou non des personnes qui sont longtemps dans le coma, ce texte est actuel. Il amène à réfléchir mais sans plonger le lecteur dans quelque chose de trop douloureux.

Roman de suspense ou thriller psychologique ? Peut importe le définition. La silhouette du coupable qui dessine au pied de son lit prend différents visages au fil du récit. Il y a un aspect ludique malgré tout. Deviner la vérité avant la fin. Et si tout ceci n’était qu’une illusion….

Il était une fois… un roman policier qui va vous embarquer cet été.

Suite à un accident d’escalade, Alex est dans le coma. Il ne se souvient pas de sa chute.
Ses proches se succèdent à son chevet, sans penser un seul instant qu’il soit réellement là avec eux. Il les entend, entend les soignants qui s’affairent autour de lui.
Il sent chaque geste, souffle posés sur lui.

Ce roman m’a mise mal à l’aise pour plusieurs raisons.
La première est le transfert ! Et si j’étais à sa place ? Et si, prisonnière de mon corps comme lui, je devais me battre pour que les autres me voient réagir ?!
Quelle angoisse que de ne pas pouvoir tout contrôler !

La seconde, c’est la remise en question professionnelle. Pendant plusieurs années, infirmière en réanimation, j’ai côtoyé bon nombre de patients dans le coma. Il me semble avoir toujours été attentive à être douce dans mes gestes, à être attentive aux possibles douleurs des patients en observant leur faciès, à ne pas parler trop fort, à ne pas ignorer leur présence en effectuant leurs soins. Mais vous connaissez le monde du travail et la surcharge en milieu hospitalier. N’ai-je pas par manque de temps délaissé l’importance de la douceur dans les gestes ?
Et si les décisions médicales et familiales de débrancher les machines maintenant en vie certakns patients auraient pu être entendues et craintes par les patients ?

C’est ici ce qui se trame avec Alex. Sa famille et le corps médical ne remarquant aucune amélioration envisagent cette solution finale. Simultanément Alex entend des bribes de conversations et remarque des incohérences lui faisant croire à une injustice. Et si son accident n’en était pas un ?

Presque assis dans sa chambre, vous soupçonnerez chacun d’avoir voulu attenter à la vie d’Alex . A ses côtés, vous émettrez de gros doutes quant à la sincérité de ses proches.

Amoureux de la nature et de ses grands espaces, avide de liberté, Alex est enfermé dans ce corps meurtri. J’ai vécu un immense panel d’émotions dans cette lecture. J’ai souffert presque autant que le principal concerné !

Malgré tout, cette histoire dérangeante est passionnante .

J’espère sincèrement que cette prison dans son propre corps qu’est le Locked In Syndrom sera connu d’un grand nombre et permettra aux professionnels de santé d’être le plus attentifs possible.

Huit clos immersif, angoissant qui ne vous laissera pas indemnes.
Ce thriller résonne puisque parfaitement d’actualité suite à la
Disparition de Vincent Lambert .

Je remercie les éditons Calmann Lévy de leur confiance .