INFOS ÉDITEUR
Parution aux éditions La Clef d’Argent en février 2012 Recueil de nouvelles
(Source : La Clef d’Argent – Pages : 278 – ISBN : 9791090662001 – Prix : 13,00 €) |
L’AVIS DE STANISLAS PETROSKY
Lors d’un salon dans l’est de la France, je me trouvais à côté d’un autre éditeur, la clé d’argent. Une maison d’édition spécialisée dans l’imaginaire, on retrouve dans leurs collections aussi bien des grands classiques que des contemporains, il y a un peu de tout ; H.P. Lovecraft, Clark Ashton Smith, Arthur C. Clarke, Neil Gaiman, Jean-Pierre Andrevon,Pierre Stolze, Édouard Ganche, Nihil Messtavic, Jonas Lenn, Gilles Bailly, Philippe Vidal, Pierre Gemme, Timothée Rey, Sylvie Huguet, Alain Roussel, Jean-Pierre Favard, Christophe Lartas, Jacques Fuentealba, Christian Hibon, Patrice Dupuis, Marcel Béalu, Amado Nervo, Jean Marigny, Lionel Dupuy, Cédric Monget, Gabriel de Lautrec, G.S. Viereck, Donald Sidney-Fryer, Roland Fuentès, Charles Rabou,Jean Richepin, Théo Varlet et bien d’autres encore…
Mais surtout, sur la table il y avait un livre dont la couverture me faisait de l’œil, elle représentait le transi de René de Chalons (sculpture de Ligier Richier visible dans l’église Saint-Étienne de Bar-le-Duc), l’un des plus beaux Mémento Mori du XVIème siècle.
Ce livre c’est : le livre de la mort d’Édouard Ganche..
Édouard Ganche, né en 1880, décédé en 1945 était fils d’un médecin de campagne, il fut confronté dès son plus jeune âge à la souffrance d’autrui, à la déchéance physique et à la mort. Le décès prématuré de ce père dont il espérait suivre les traces le marqua profondément. Il n’avait alors que 12 ans. L’indignation résignée que lui inspirait le lot commun de l’humanité culmina sur le plan littéraire avec ce livre qu’il fit paraître en 1909.
Son livre va nous décrire diverses visions de la mort, en commençant par le récit réaliste d’une autopsie dans les années mille-neuf-cent. Un voyage dans l’histoire de la médecine légale. Avec moult détails, aussi bien la réalité, que les cauchemars engendrés par cette aventure.
Que dire du récit de cet homme dont le métier est à partir des cadavres de confectionner les squelettes servant aux étudiants de médecine ? On ne peut être plus étonné que de la façon de procéder, Ganche sait décrire les scènes, les rendre pesantes, jouer sur la mort, son attrait, son tabou, sa peur. Maitre dans l’art du détail, il nous donne les aspects les plus anodins de la faucheuse, comme les plus repoussant.
On y découvre aussi une ballade dans les pompes funèbres du début du vingtième siècle. Comme toute profession, on se rend compte de son évolution, mais on voit aussi que la peur, l’appréhension de travailler avec les morts, les idées reçues ont toujours existé, et que souvent, cela perdure…
On se rend compte qu’au fils de la lecture, que Ganche à créé des personnages, que eux, sont parfois sortis tout droit de son imagination, ou bien il a amplifié les défauts, le charisme, ciselé le caractère. Par contre, les décors, les professions sont bien réelles, cela se déroulaient ainsi. Puis surtout, dans l’écriture de cet auteur, ce ne sont pas les personnages qui sont importants, mais la reconstitution d’une vision de la mort à une époque, c’est l’atmosphère qui vous entraine tout au long de votre lecture.
Édouard Ganche a du arrêter ses étude de médecine suite à des problèmes de santé. Du coup il se consacra pleinement à sa seconde passion, la musique classique, et c’est dans ce domaine qu’il est le plus connu, puisque il est officiellement le biographe et musicographe de Frédéric Chopin.
Quelques temps avant de décéder, Édouard Ganche révisa et compléta ce livre, il ambitionnait de le rééditer, dans une version corrigée et enrichie. Celle qu’il appelait « la triomphatrice éternelle » ne lui en laissa pas le temps. Il aura fallut soixante-sept ans pour que son vœu se réalise.
Extrait : « Prodigieux caravansérails de l’humanité, sépulcrales et noires hôtelleries où logent tous les morts, où logeront tous les hommes, capharnaüms de tous les âges, gisements de toutes les douleurs, bûchers de nos chimères, charniers parés d’illusoires oripeaux, innombrables gouffres où l’on précipite l’interminable cohorte des morts, les cimetières sont embusqués partout. Cimetières des métropoles, vastes et opulents, extraordinaires et souterraines villes défoncées de petites caves bourrées de cadavres.
L’orgueil du riche lui commande l’inhumation aux nécropoles Somptueuses. Vivant, il appréhende de pourrir avec la plèbe, et s’il a jamais songé à sa mort, ce ne fut que dans la pensée indicatrice de son tombeau… »
Paru dans Funéraire-info
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