Ce livre soulève des questions encore plus complexes : la rédemption est-elle possible ? Des nazis ont-ils pu changer ?
INFOS ÉDITEUR
Parution aux éditions Marabout le 26 septembre 2012 Parution aux éditions Le Livre de Poche le 29 janvier 2014 Traduit par Louise Adenis Jeux de masque sur la plage de Danium où se croisent à l’arrière-saison des êtres que tout oppose : Sandra, une jeune femme enceinte, un couple de Norvégiens retraités et un ancien Républicain espagnol, Julian. Alors qu’elle s’éloigne de sa famille et du père de son enfant, Sandra devient l’intime du couple avant d’apprendre que Karin et Frederik sont d’anciens nazis. Meurtrie par cet environnement qui la dépasse, Sandra se rapproche de Julian, qui vient d’arriver en ville pour confondre ces criminels de guerre. Mais à l’heure de son dernier combat face à des nazis qu’il aura passé sa vie à pourchasser, Julian ne peut s’empêcher de trouver en compagnie de Sandra une autre saveur à la vie. De ce roman, qui brouille les pistes, émane une tension oppressante. En s’efforçant de restituer au plus près les méandres de l’âme humaine, «Ce que cache ton nom», dévoile des aspects inattendus de l’existence. Récompensé en 2010 par la plus ancienne et la plus prestigieuse distinction espagnole, le Prix Nadal, « Ce que cache ton nom » offre un suspense psychologique dans une intrigue au cordeau. Déjà best-seller en Espagne et en Italie où plus de 530 000 exemplaires ont été vendus, ce roman offre une peinture subtile des êtres. (Sources : Marabout – Pages : 458 – ISBN : 9782501076470 – Prix : 19,90 €) |
L’AVIS DE SOPHIE PEUGNEZ
L’envers de la médaille…
Sandra a besoin de faire le vide, de se retrouver. Elle profite pleinement de la plage et de la maison que sa soeur lui a prêté pour penser à son enfant à venir et sur sa « non-envie » d’avoir le papa dans sa vie.
Seuls quelques habitués fréquentent les bords de mer alors que la saison touristique est finie. Alors que Sandra fait un malaise c’est un couple de personnes âgées qui va la secourir allant même jusqu’à l’héberger.
Portrait idyllique d’une petite cité balnéaire, non. il faut bien regarder l’envers de la médaille.
C’est Julian qui va être le catalyseur de changements dans la communauté. Un de ses vieux amis lui a fait suivre des informations avant de décéder : des informations sur des anciens nazis.
Des heures d’observation, une quête dangereuse va permettre au vieil homme de retrouver ses anciens tortionnaires du camp de Mauthausen. Il va également s’apercevoir, à la fois avec horreur et en même temps un étrange sentiment de joie de les avoir retrouver, qu’il est tombé sur « un nid ». Va-t-il être capable de les supprimer comme le voudrait sa mission ?
Ces notables occupent de belles demeures. Certains semblent cordiaux. Mais la Confrérie est encore active. Le groupe très lié et les plus faibles doivent disparaitre.
Julian tente à la fois de protéger Sandra et en même temps il l’utilise pour déstabiliser ses ennemis.
La jeune femme est habitée par des sentiments contradictoires. Elle s’est attachée au couple, elle aime l’attention qu’ils lui portent, elle profite bien de cette grande maison et de ses biens mais plus elle ouvre les yeux plus elle a le sentiment d’être prise dans une souricière presque tétanisée par le regard des reptiles. Ces personnalités restent ô combien fascinantes, et certains hommes ne manquent pas de charme et d’assurance…
Les mots me manquent pour définir l’intensité de ce roman. Les personnages sont riches et tellement réalistes. On a le sentiment d’être au coeur du récit, de partager un témoignage de l’intérieur. On vit pratiquement la traque des nazis mais on découvre également les sacrifices que cela impose.
Ce livre soulève des questions encore plus complexes : la rédemption est-elle possible ? des nazis ont-ils pu changer et que penser de la nouvelle génération qui continue ce « culte » ? Peut-on les stopper ? L’auto-justice est-elle acceptable même lorsqu’on est le survivant d’un camp ?
Ce récit dessine également clairement le mécanisme de la « secte », de « l’endoctrinement »… on voit Sandra s’engouffrer dans une voie sans savoir si le retour en arrière sera possible, si elle pourra oublier ce qu’elle a vu, découvert. Alors que les camps de concentration n’était qu’une vague notion pour elle, elle se retrouve impliquée dans un combat qui n’était pas le sien. Mais comment gérer les conflits du passé et les horreurs qu’il engendre ? On sent également que malgré tous les informations auxquelles elle a eu accès, elle est troublée. Le Clan a l’air tellement réconfortant, fort, protecteur alors qu’elle est dans le doute, la solitude et que rien n’est stable dans sa vie. C’est tellement tentant de fermer les yeux, de déconnecter son cerveau et de se laisser porter.
De plus, elle porte la vie en elle. Pourra-t-elle se protéger ainsi que son enfant à venir ?
A lire absolument. Le fond est passionnant à découvrir et l’écriture est-elle qu’il n’y a aucun temps mort. On vit intensément chacun moment, on retient son souffle, on referme ce livre en ayant le sentiment d’avoir vécu quelque chose d’intense. Et on se prend à espérer que tout ceci n’est que fiction et que ce type de village (et d’individus) n’existe pas à deux pas de chez soi.
L’AVIS DE HÉLÈNE B.
L’intrigue de ce roman est très intéressante puisqu’elle nous rappelle à travers Julian, ex prisonnier du camp de Mauthausen, non seulement la douloureuse histoire de la Shoah mais également la souffrance des survivants des camps de l’horreur. Julian fait partie de ces hommes et femmes qui ont traqué les nazis partis se réfugier en Amérique du sud ou dans le sud de l’Europe. Ces Nazis, vivant richement et en toute impunité sont au centre de ce roman qui alterne l’histoire à travers deux points de vue : celui de Julian et celui de Sandra, jeune femme enceinte se trouvant prise au piège chez un couple de Nazis pensant encore qu’ils font partie d’une race supérieure . Elle deviendra malgré elle une sorte de taupe apportant toutes les preuves nécessaires à Julian.
Ce que j’ai apprécié dans ce roman, c’est la part donnée aux sentiments, que ce soit la haine, l’envie de vengeance et de justice ; mais aussi l’amour , le bien et le mal. Comment des hommes et des femmes peuvent-ils encore penser – des dizaines d’années après – que ce qu’ils ont fait n’était pas mal, comment des êtres humains peuvent-ils annihiler leurs semblables au nom d’une idéologie et d’un homme. La lecture se veut à la fois instructive et terrifiante.Par ailleurs, la fin inattendue – pour ma part – invite le lecteur à imaginer quel sort Julian réserve pour un des nazis.
Et si la meilleure façon de se venger était une vengeance psychologique : jouer avec la raison de l’individu, torturer son esprit comme il a torturé les chairs…
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