Présentation Éditeur
Un été torride sur les bords de la Riviera athénienne, plage de Vouliagméni.
Tandis que des hauts parleurs déversent des mélodies pop, une foule électrisée danse pieds nus sur le sable devant la chanteuse propulsée jusqu’à la scène par un monte-charge pneumatique, telle Aphrodite jaillie des eaux. Cinquante mille fans de tous âges assistent aux adieux de leur idole, Neni Vanda, lors d’un concert retransmis en direct par la seule chaîne musicale ayant survécu à la crise grecque.
Le capitaine de la police Christophoros Markou, numéro deux du département des homicides de l’Attique, n’est pas là pour s’amuser mais pour assurer le service d’ordre de la star avec ses équipes. Lorsque, tout à coup, la fête tourne au cauchemar : la scène prend feu avant d’exploser. Accident ou attentat ?
Origine | |
Éditions | Albin Michel |
Date | 26 février 2020 |
Traduction | Loïc Marcou, Hélène Zervas |
Pages | 288 |
ISBN | 9782226396457 |
Prix | 19,90 € |
L'avis de SOPHIE PEUGNEZ
La nouvelle voix du Whodunit !
Christophoros Markou est sollicité par une de ses collègues et amie pour protéger la tante de celle-ci. C’est une star de la chanson en Grèce et elle subit des menaces qui se rapprochent. Entre incidents et lettres du corbeau qui lui ordonnent d’arrêter sa carrière. Et même si ce n’est pas le domaine dans lequel il exerce d’habitude Christophoros va accepter de rencontrer l’incontournable Nenni Vanda
Cette femme a tout de la déesse ou de la diva. Elle est adulée et elle se prépare à monter sur scène pour un grand show : un dernier salut à son public. Mais pourra-t-elle réaliser ce dernier rêve ou quelqu’un masqué dans l’ombre va-t-il la faire disparaitre avant le jour J ? Pour son entourage également la tension est extrême. Sa personnalité n’a jamais été simple mais se cache-t-elle derrière des caprices, a-t-elle peur ou est-elle complètement inconsciente ?
Les Moires (appelées aussi Parques en latin) ont certainement déjà trouvé le complice idéal pour lui couper les cordes vocales et en même temps le fil de la vie. Son piano pourrait témoigner, le danger est imminent, pratiquement palpable. Tandis que l’artiste répète au rythme de métronome, les tempes de Christophoros sont martelées par des idées qui se bousculent. Les pistes qu’il creuse n’aboutissent pas. Un décompte inéluctable est enclenché.
Cette personnalité du show-biz a bien évidement des liens très profonds avec des sommités du monde politique. La pression est d’autant plus grande sur les épaules du policier. Ce passionné de romans de policiers et amoureux d’opéra n’a rien d’un héros mais il cherche la vérité sans vouloir blesser personne au passage ce qui n’est pas toujours évident. Il n’hésite pas à faire appel à la profileuse Roubini Gaetanou pour avoir un autre angle d’approche. Plus il avance plus il a la sensation de déambuler dans le brouillard comme si les fumigènes d’un funeste concert avaient commencé à l’envelopper.
Mourir en scène de Christos Markogiannakis publié aux Editions Albin Michel est un vrai coup de coeur car il apporte un souffle différent dans l’univers de roman policier contemporain. C’est un véritable héritier du roman policier classique à la Agatha Christie (le Whodunit = « qui a fait ça ? ») tout en apportant un ton résolument moderne en puisant dans des domaines qu’il affectionne : la criminologie (grâce à un policier qui a fait des études de cette science comme notre auteur d’ailleurs), la psychocriminalité (Roubini Gaetanou nouveau personnage qui reviendra dans les prochains tomes) et l’art.
Christos Markogiannakis est en effet un passionné d’art sous toutes ses formes que ce soit musical ou pictural. Ses « criminarts » sont publiés aux éditions Le Passage : Scènes de crime au Louvre et Scènes de crime à Orsay où il décrypte des oeuvres d’art avec le prisme de la criminologie.
Ce roman met en avant de grandes voix comme celle de La Callas que j’ai réécouté en écrivant cette chronique ainsi que celle de l’éternelle Montserrat Figueras qui interprète Le Chant de la Sybille (j’aurai tant aimé l’entendre sur scène avant qu’elle disparaisse). La folie du spectacle de Neni Vanda et la frénésie de ses fans m’ont fait penser à l’engouement qui entourent Mylène Farmer. A la fois des shows millimétrés presque démesurés avec un public qui remue ses lèvres en même temps et qui épouse sa gestuelle. Show must go on, quoiqu’il en coûte.
Christophoros Markou est un Hercule Poirot moderne mais beaucoup plus humble et plus sexy que son homologue belge. Ce qu’ils ont en commun c’est une grande capacité d’analyse en se mêlant au quotidien des protagonistes en se faisant oublier pour mieux les observer. Nous l’avions découvert dans un premier tome intitulé Au cinquième étage de la faculté de droit mais les deux tomes peuvent être lus de manière indépendante.
En toile de fond, la vie économique en Grèce avec des personnes qui n’ont plus forcément les moyens de s’acheter un album ou une place de concert pour leur artiste favorit(e). C’est posé par touches délicates dans le récit sans jamais l’appesantir. Celui qui ne veut que lire une histoire pourra se laisser porter par l’intrigue tandis que celui qui a envie d’aller plus loin pourra s’attarder un peu plus sur certains passages et réfléchir sur ce pays européen qui n’est pas loin de nous.
En ouvrant Mourir en scène c’est comme si on soulevait le lourd drap rouge qui masque la scène d’un opéra et que l’on déambulait dans les coulisses à la recherche de la vérité. C’est en Grèce qu’est née la tragédie, alors arrivez-vous à déceler la vérité avant que les masques ne tombent ?
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