Présentation Éditeur
Huit condamnés à mort ont été sélectionnés pour un show de télé-réalité. Chaque semaine, en direct, vous avez le pouvoir de les éliminer.
Un lieu : le sanatorium de Waverly Hills, aux États-Unis.
Entre ses murs doit se dérouler le show de télé-réalité le plus extrême de l’histoire.
Huit criminels y sont enfermés. Surveillés nuit et jour, ils sont prêts à tout, surtout au pire, pour convaincre des millions de téléspectateurs qu’ils méritent de vivre. Leur sort est entre vos mains…
Origine | |
Éditions | Fleur Sauvage |
Date | 18 septembre 2015 |
Éditions | Bragelonne poche |
Date | 18 novembre 2016 |
Pages | 480 |
ISBN | 9782811218300 |
Prix | 7,90 € |
L'avis de Mauriel Leroy
Ce livre a été une véritable découverte pour moi et un énorme coup de cœur surpassant ce que j’ai pu lire cette année.
Armelle Carbonel, dans ce livre, met en scène 8 tueurs, condamnés à mort, réunis dans un loft nommé Waverly Hills, sous les yeux des caméras, une téléréalité, dont l’enjeu est, pour le gagnant, d’échapper à la chaise électrique.
L’atmosphère pesante, les personnages tous aussi pervers et malsains donnent un ton très oppressant à l’histoire ! On peut insister sur la notion de huis clos participant à l’atmosphère oppressante du livre. Chacun se retrouve la confronter à lui-même mais aussi aux autres… Chacun des protagonistes étant un tueur, qui est le pire ? Qui va pouvoir le mieux manipuler les autres ? C’est là aussi un des enjeux de la situation. Ils ignorent tout les uns des autres, mais vont apprendre à le découvrir, parfois à leurs dépens créant une paranoia ambiante. A qui se fier quand on sait mieux que personne de quoi un être humain est capable? La situation permet à ces prisonniers de devoir vivre avec ce qu’ils sont, montrer leurs pires penchants tout en devant se contrôler…
Armelle Carbonel dirige de main de maitre son histoire confrontant le lecteur à ce qu’est la téléréalité en la poussant à son paroxysme. On pourrait, à juste titre se demander qui des prisonniers, du spectateur intégré dans ce jeu, ou des organisateurs manipulent ? En quoi le huis clos a son importance ?
Tout est en fait un jeu de miroir ou chacun se laisse regarder mais qu’y voit-on ? Ce que chacun est ou ce qu’il veut laisser voir ? Dans ce jeu tout n’est qu’apparence jusqu’au lieu choisi ! Waverly-Hills bizarrement m’a fait penser à Beverly-Hills, lieu où là encore l’illusion, le paraitre dominent positivement en revanche, l’autre lieu dont le nom reste attractif est son pendant, son côté noir malgré l’idée du loft.
Elle prend là donc toutes les idées à contrepied, de ce que l’on voit ou pourrait penser pour mieux dénoncer le jeu pervers de ce type de téléréalité où le spectateur est, croit-t-il, partie prenante et satisfait ses pulsions les plus malsaines… En outre pour revenir à la notion de huis-clos est-ce vraiment le fait d’être filmé qui change le comportement des gens ou plutôt le fait de vivre couper du monde, chacun sous le regard des autres et de l’autre ? Sartre, dans « huis clos », référence prise par Armelle Carbonel, le montrait bien, le fait de vivre en autarcie a un impact sur le comportement et peut les rendre suspicieux, à plus forte raison quand on a quelque chose à gagner, cela exacerbe l’agressivité et les soupçons !
La télévision, pour une question d’audience et d’argent est prête à tous les excès pour satisfaire un public voyeuriste avide de sensations fortes. Cela peut faire penser aussi aux jeux du cirque à Rome dans l’Antiquité où le public décidait la mise à mort ou non ! Y a-t-il là donc une si grande différence ?
Dans ce livre, on peut donc se demander, à juste titre, qui du spectateur ou de l’organisation du jeu est le plus malsain car sans spectateur il n’y aurait pas de jeu !
C’est là aussi une critique de la Société dans laquelle on vit, société de spectacle, de mise en scène où l’être humain n’a rien d’humain car il se complait dans le sordide et en redemande.
En conclusion, je le redis ce livre est mon coup de cœur de cette année, c’est certain ! C’est un thriller au rouage machiavélique ou la fin nous laisse pantois… J’avoue m’être laissée surprendre, mais quel livre ! Angoissant à souhait, atmosphère prenante, angoissante avec une psychologie sans faille… Un véritable huis clos ou pour parachever ma conclusion « l’Enfer c’est bien les autres » !
Continuez Armelle pour notre plus grand plaisir !!!
L'avis de Jean-Marc Volant
8 criminels (hommes et femmes) enfermés dans un lugubre établissement, que l’on dit hanté et qui vont être les personnages d’un jeu de téléréalité baptisé « Criminal Loft »… un jeu dont un seul d’entre eux ressortira libre, et retournera à une vie normale en société…
Mais les choses ne vont pas se passer comme prévu : entre les désirs du public nombreux à assister à l’émission, les créateurs du jeu et les criminels eux-mêmes, des complications vont se présenter et la partie n’est pas gagnée d’avance.
Les jeux de téléréalité ont fait fureur ces dernières années sur le petit écran à travers le monde et souvent le public a eu affaire à du grand n’importe quoi, à des émissions dont l’imagination n’était pas la plus débordante et pas forcément la plus créatrice et intelligente…
Derrière ces débordements télévisuels, on ne peut que penser et à imaginer le pire dans le choix des programmateurs et surtout dans leurs idées d’émissions…
Alors, si nous pensions pendant un instant au pire que des producteurs d’émissions TV pourraient proposer à un public avide de sensations fortes…
Et dans ce registre, nous avons déjà assisté à des débordements (qu’ils soient littéraires (Amélie Nothomb et son camp de concentration télévisuel) ou des adaptations ciné, l’excellent « Prix du danger » d’Yves Boisset (adapté d’une nouvelle US… des années 50) et Running man » de Stephen King) et de ce fait, on ne peut que penser : que pourrait-on envisager de pire ?
Et bien Armelle Carbonel (surnommée la Nécromancière) a trouvé cette idée de génie et elle va porter ses lecteurs dans un endroit épouvantable (mais qui existe réellement), abandonné, lieux de sinistres événements : un ancien sanatorium reconverti pour l’occasion en un plateau télévisé pour un jeu de reality-TV impliquant des criminels de la pire espèce, à qui on propose une éventuelle liberté et donc un échappatoire à la peine de mort.
A travers un récit incroyable ponctué de rebondissements, avec un sens du suspens aiguisé et une écriture tendue et percutante, la romancière qui a déjà publié en auto-édition, manie avec élégance et force ce genre qu’est le thriller : des personnages typés, que l’on a envie de détester et en même temps, que l’on a envie de s’attacher (qui n’a jamais eu envie d’aimer « le méchant » dans une histoire de tueurs en série ?) un sujet pas commun, et une ambiance morbide, poisseuse à souhait, sans pourtant sombrer dans l’horreur sanguinolente, même si les différents protagonistes de ce jeu de téléréalité ne vont pas se faire de cadeau…
Dans cette galerie de personnages, le lecteur va surtout être porté par la narration d’un certain John Natas (qui se fait surnommer John T.) qui tout au long de ce trépidant roman, va nous faire part de ses émotions pas toujours très nettes (entre scènes au présent et au passé)… Un personnage que l’on peut détester ou aimer, mais qui ne laisse pas indifférent. Au fur et à mesure du récit, les rebondissements et surprises abondent (mais toujours avec intelligence car savamment dosés) et on lit ce thriller comme un vrai page turner, on veut savoir la suite, et on tremble pour ces criminels : qui va sortir indemne de ce jeu macabre ?
Si vous n’avez pas peur de succomber au pires travers de la conscience humaine, que vous soyez dans le public ou non, n’hésitez pas à vous jeter sur cette épouvantable mise en oeuvre du coté sombre de l’Homme, prêt à tout pour épancher sa soif de sensations fortes, avides de morbide, de spectacle… et ses producteurs TV avides d’audimat à grande échelle.
Et nous nous posons forcément cette question : jusqu’où l’Homme pourrait-il aller pour assouvir tous ces travers ?
Le début du roman « Acide Sulfurique » d’Amélie Nothomb commence ainsi : « Vint le moment où la souffrance des autres ne leur suffit plus : il leur en fallut le spectacle ».
Il résume parfaitement le côté le plus sombre de notre humanité, un coté sombre que nous refusons de voir et que nous ne pouvons (voulons) admettre.
L'avis de Stanislas Petrosky
Sanatorium de WaverlyHills. Ils sont huit. Six hommes, deux femmes, condamnés à la peine capitale et sélectionnés pour participer au reality show le plus brûlant qui ait jamais existé : « CRIMINAL LOFT » ! Chaque semaine, les votes du public élimineront un candidat afin qu’il reprenne sa place dans le couloir de la mort. Un seul d’entre eux recouvrera la liberté… Mais lorsque huit dangereux criminels se retrouvent prisonniers du lieu dit « le plus hanté des Etats-Unis », l’aventure tourne au cauchemar… Quelles terribles épreuves leur réservent les créateurs du loft ? Jusqu’où iront-ils pour prouver qu’ils méritent de vivre ? A vous de juger…
Lorsqu’en 2002 est apparu pour la première fois à la télévision française Loft Story, tout le monde a dit que ce genre de programme ne pouvait pas trouver son public, pas chez nous, pas en France…
Mais lorsque l’on regarde les chiffres, le téléspectateur fut au rendez-vous, (et il l’est toujours), quand vous demandiez, personne ne regardait, où alors “je suis tombé dessus par hasard… “
La téléréalité était née.
Le principe est simple, on enferme des personnes, célibataires, qui ne se connaissent pas dans un grand loft où toutes les pièces, hormis les toilettes et une autre pièce, sont munies de caméras. Et l’on filme l’intimité, on la donne en pâture au public affamé. Ce même public qui va financer l’émission en appelant un numéro surtaxé afin de voter pour éliminer un candidat.
Au fils des années des émissions ont vu le jour, allant de plus en plus loin dans l’intimité des candidats, il faut de plus en plus de voyeurisme…
Jusqu’où les créateur, concepteurs iront-ils ?
Le jusqu’auboutisme de la téléréalité serait-il l’idée d’Armelle Carbonel ?
Vous prenez un lieu glauque à souhait, le vieux sanatorium de WaverlyHills, vous le truffez de caméras, puis vous prenez six hommes et deux femmes qui seront vos candidats. Mais c’est là où le choix des candidats est décisif pour l’audimat, il faut faire du jamais vu, il faut aussi un gain jamais égalé.
Huit condamnés à mort par la justice américaine, vous les extrayez du couloir de la mort, chaque semaine un candidat sera éliminé, il retournera dans sa cellule attendre l’injection létal ou tout autre moyen d’exécution. Le ou la finaliste quand à lui retrouvera la liberté, reprendra une nouvelle vie…
Chacun des résidents provisoires du sanatorium va devoir prouver au public qu’il a le droit de vivre. Le public va interagir, poser des questions en direct aux candidats, se délecter de leurs confessions.
L’idée est on ne plus machiavélique, comment une si jolie femme comme Armelle peut avoir de si vilaines pensées ?
Pour une meilleure immersion dans le livre, une partie de la narration est à la première personne, l’un des candidats se « confie », tombe de temps à autre le masque, histoire d’essayer de prouver au lecteur que dans chaque monstre se cache un humain, où bien est-ce simplement l’inverse ?
Le livre se dévore, chaque page tournée en entrainant un autre, le lecteur devient aussi voyeur que le spectateur de Criminal Loft, il veut savoir, il veut la suite, il veut comprendre ce crime commis il y a des années, il veut savoir pour les tortures, les viols…il veut comprendre la mécanique des tueurs en série.
Le narrateur John T. condamné à mort pour homicides n’est pas sans me rappeler un certain Hannibal Lecter, psychiatre, cultivé et pratiquant le cynisme.
Chaque tueur est fouillé, sondé, évalué par John. Chaque candidat a bien compris que pour gagner il faut avoir les faveurs du public. De ces gens qui se repaissent de cette émission, qui se délecte de l’horreur quotidienne.
Un livre extrêmement intéressant, d’un côté on retrouve les ficelles du thriller, les codes des tueurs sériels, de la violence, mais accoupler tout cela avec l’univers de cette nouvelle télévision est une idée tout bonnement géniale.
Extrait :
« J’acceptai le règlement imposé par la production : ne pas rendre publiques ses opinions politiques ou religieuses, respecter la vie d’autrui, limiter les débordements agressifs et s’attacher entièrement aux épreuves imposées dont nous ignorions tout avant d’entrer dans le loft. Ma seule certitude était que nous représentions des bêtes de foire livrées en pâture à un public avide de sensationnel… »
L'avis de Yannick P.
Criminal Loft est un thriller psychologique, un huis clos tirant sur le sensationnalisme. Là où avant il y avait le boutonneux Hunger Games, l’excellent The Truman Show, où la télé réalité fait le jeu d’un homme voire d’un état, ici le candidat joue sa vie.
Un relent du Prix du danger et un parallèle littéraire me viennent à l’esprit avec L’œil de Caine de P Bauwen. Je me dis que l’exercice était périlleux pour Armelle.
Criminal Loft est LE show de télé-réalité. Armelle a eut l’intelligence ou la perversité de le situer dans l’enceinte du lugubre sanatorium de Waverly Hills. Le lieu est réel.
État du Kentucky, Louisville. On n’y fabrique pas que des battes de baseball. D’abord, sanatorium puis hôpital gériatrique pour finir en prison, ajoute à cela un tunnel destiné à la collecte des cadavres et une légende populaire tournant autour de la mystérieuse chambre 502 et voilà, le décor est planté. Il a son importance. Car les candidats vont être filmés 24 heures sur 24, dans ce lieu lugubre qui fait passer le manoir de la famille Adams pour un parc d’attraction à la Disney.
Parlons un peu des candidats, car toute bonne émission de téléréalité doit avoir un casting aux petits oignons.
Ils sont huit !
Six hommes. Deux femmes.
Tous accusés de meurtres.
Commençons par ces dames. Aileen, 39 ans, prédatrice redoutable, aussi calculatrice que belle, une « Mante Religieuse » faite femme. A ses côtés, Lynda, 31 ans, le prototype de la pauvre fille, usée et secouée du bulbe. Pour elle la vie semblait écrite d’avance. Comme pour certains des hommes.
Parmi eux, il y a James 36 ans pédophile « zozoteur », Terence le chétif, 39 ans, calme et mystérieux, Léonard le seul black du groupe sorti du ghetto pour se maquer avec une minette blanche qu’il a tué, Wallace le croque-mort, ancien directeur d’une agence de pompes funèbres, a cédé à la tentation d’une belle-fille sans parvenir à maîtriser sa bestialité. Et i y a John. Le narrateur.
Tous sont détestables. Ils vont devoir convaincre des millions de téléspectateurs qu’ils méritent de vivre à travers une succession d’épreuves. Guidés par la voix de l’ombre, surveillés par deux gardiens, surnommés « Laurel & Hardy », ils vont tout tenter pour saisir cette chance de réhabilitation. Car un seul retrouvera la liberté, sa sentence annulée et il pourra refaire sa vie.
Pour le lecteur, qui n’est pas spectateur, vient alors une immersion totale à travers John. Le narrateur.
L’idée d’Armelle est de centrer son thriller sur l’un de ces candidats. D’habitude, dans un thriller nous tournons autour d’un enquêteur, d’une victime. Ici, nous suivons un ancien psychologue, un tueur en série, machiavélique, réfléchi, au scalpel mortel. Jamais le lecteur ne doit oublier qu’il a face à lui, un homme à l’ego surdimensionné, un héros fortifié par une tendance au narcissisme, un tueur sans état d’âme avec, à son actif, un nombre fou d’homicides. La moindre empathie entre lui et nous est impossible. Et pourtant, dans ce lieu inquiétant, les flashbacks de John nous offrent son passé et ses rêves. Nous sommes sans cesse à la limite d’un rapprochement improbable lecteur/héros. Il deviendrait presque facile d’oublier que ces candidats sont la lie de l’humanité, sociopathes et psychopathes.
Le rythme mis en place par Armelle nous fait sortir de cette pseudo torpeur pour nous replonger de plus bel dans le jeu. Car il s’agit bien d’un jeu. Si les candidats ont le droit de sortir dans le parc et ont accès à certains souterrains à l’abri des caméras, l’accès à une chambre, la 502 leur est strictement interdit. Derrière les portes closes de ce sanatorium, il n’y a que des victimes en puissance Si un candidat perd le vote du public, la sanction est immédiate. Direction le couloir de la mort.
La beauté perverse de Criminal Loft réside dans le principe de tout jeu de téléréalité. Complicité, complot et manipulation entre les protagonistes. Les animateurs sont au sommet de l’indigne, voyeur, le public est avide de sensations fortes et de vengeance. La téléréalité est un exécutoire. Criminal Loft est un piège. A première vue, le lecteur tombe de dedans, mais il n’est pas le seul. Qui manipule qui ? Qui se cache derrière l’œil et la Voix de l’Ombre donne les ordres ?
C’est un excellent thriller au sens littéral du terme. Ça frissonne. Entre malaise et horreur, c’est parfois éprouvant. Le plus d’Armelle est d’ajouter à l’ambiance sombre, une sensation de danger omniprésente.
Ce fut une très belle découverte.
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[…] un univers exige beaucoup de travail et de rigueur. Je l’ai appris au fil du temps. En 2011, Criminal Loft paraît en autoédition. Ce furent les prémices d’une grande aventure livresque. Après moults […]