Avec Jeu de Peaux, Anouk Shutterberg mène son lecteur à travers les méandres de son intrigue bien ficelée, un thriller inoubliable !
Présentation Éditeur
Un thriller vertigineux dans l’univers fascinant et inquiétant du tatouage traditionnel japonais.
2019. À trente-trois ans, Juliano Rizzoni est un jeune peintre prodige encensé par la scène artistique contemporaine internationale.
Jet-setter et jouisseur à l’extrême, il affole autant les Unes des tabloïds que les galeries prestigieuses du monde entier.
Initié au Japon à la technique du tatouage Irezumi, aussi violente qu’ancestrale, il signe dix tatouages d’art sur le dos de ses amant(e)s.
L’affaire prend une tournure inquiétante lorsque les peaux tatouées sont déposées anonymement chez Sotheby’s Paris pour une mise aux enchères hors norme.
En l’absence de corps, le commissaire Stéphane Jourdain et l’inspectrice Lucie Bunevial, sont saisis de l’enquête pour homicides multiples….
Une affaire sanglante et terrifiante qui les mènera d’un bout à l’autre de la planète dans le milieu de l’art contemporain.
L'avis de Cathie L.
Anouk Shutterberg, rédactrice dans le milieu de la communication d’entreprises, a travaillé pour diverses galeries d’art parisiennes. Passionnée d’art contemporain et collectionneuse, elle suit de nombreux artistes confirmées ou en devenir.
Son imaginaire en noir explore la nature humaine dans ce qu’elle a de plus sombre afin de donner vie à nos pires cauchemars. Elle a imaginé son premier thriller, « Jeu de peaux » (2021), autour du marché de l’art sur lequel elle avait fait un mémoire de fin d’étude.
Jeu de Peaux, publié par les éditions Plon en 2021, est le premier roman d’Anouk Shutterberg. Le style est sûr, parfois viril, vulgaire quand c’est nécessaire; l’écriture est solide : « Cette seule vision de son travail serait néanmoins bien superficielle si l’on n’abordait ce qui, au fond, dérangeait le plus le public et les critiques, à savoir la maturité précoce dont il faisait preuve à travers les thèmes, ardus et sombres, qu’il mettait en scène avec violence. Un univers pictural inclassable, novateur et terriblement déstabilisant. » (Page 17)… L’auteur assène les mots à coups d’uppercut secs, plus ou moins violents.
Construction : l’intrigue en accordéon alterne les allers-retours entre diverses dates-clefs de l’année 2019, correspondant au déroulement de l’histoire dans le présent, et des moments importants du passé de Juliano Rizzoni permettant d’expliquer le présent. Les chapitres portent en titre le lieu et la date, facilitant pour le lecteur ces continuels voyages entre présent et passé.
Fil rouge : l’art du tatouage porté à son paroxysme.
Juliano Rizzoni, jeune peintre de génie mondialement célèbre, est interrogé dans les locaux de la PJ parisienne afin d’éclaircir le coup de fil du directeur de Sotheby’s Paris concernant la vente d’oeuvres pour le moins originales : les tatouages que Juliano a réalisés sur le dos de dix de ses amants/amantes… Les dix peaux, en parfait état de conservation, tannées de manière professionnelle, revêtent, vue la célébrité du tatoueur, une valeur marchande considérable, au bas mot entre cinq et dix millions, somme pour laquelle nombreux sont ceux qui vendraient leur âme au diable… Toute la question est de savoir si, au vu de l’importance du dépeçage et de la façon dont il a été réalisé, les sujets étaient consentants et s’ils sont encore en vie. Après vérification, il s’avère que les dix porteurs sont portés disparus. Et chaque peau déposée chez Sotheby’s paris était accompagnée de son certificat d’authenticité et d’une autorisation de vente venant de son « propriétaire ». Juliano serait-il complice de ce dépeçage en règle? Pour quelle raison, puisqu’il est issu d’une famille richissime et que ses toiles se vendent très cher ?
C’est alors que les corps des dix porteurs américains sont retrouvés dans une décharge, non loin de Belgrade, en Serbie. Le commissaire Jourdain flaire dès lors que son enquête prend une tournure qui, selon ses propres dires, ne sent pas bon. Sans se douter jusqu’où elle va les mener…
Je remercie les éditions Plon grâce à qui j’ai découvert la plume et le talent d’Anouk Shutterberg. Son écriture abrupte et intelligente m’ont conquise. J’ai particulièrement apprécié le soin et la rigueur avec lesquels l’auteur construit son intrigue, s’appuyant sur une documentation solide, notamment concernant la technique et l’histoire du tatouage japonais Irezumi, sans que cela ne nuise à son propos ni n’alourdisse l’intrigue. On ne s’ennuie à aucun moment. Avec pour résultat un roman audacieux, de par son sujet, intelligent, de par la manière dont il est traité, captivant, de par les méandres de son intrigue élaborée.
Anouk Shutterberg sait également dresser un portrait éloquent en quelques coups de sa plume vive et sûre : « Un univers qui échappe totalement à cet homme petit, au teint maladif, toujours habillé d’un costume mal taillé et trop grand pour lui, qui renforce, s’il en était encore besoin, le sentiment d’abandon qui transpire de sa personne. » (Page 259).
Jeu de Peaux, vous l’aurez compris, présente de nombreuses qualités, de celles qui rendent un thriller inoubliable. L’auteur sait mener son lecteur à travers les méandres de son intrigue bien ficelée, ménageant quelques effets propres à le surprendre : « Pourtant, un mercredi soir, il est près de vingt-deux heures lorsque, au détour d’un chapitre d’un petit ouvrage écorné, laissé à l’abandon, elle découvre enfin une facette de lrezumi qui l’interpelle et qu’aucun texte n’avait évoqué jusque-là. Et si c’était la clef du mystère ? » (Page 109). => Inutile de vous préciser qu’il faudra attendre quelques pages avant de savoir de quoi il retourne…
Le petit + : les clins d’oeil que l’auteur destine à son lecteur en s’adressant directement à lui, un peu à la manière des écrivains du 19e siècle, le faisant ainsi participer d’une manière plus impliquée : « Parce que, voyez-vous, Lucie, c’est une coriace »… « Elle se permet tout, avec lui, et elle a raison. Lucie, vous l’avez compris, c’est sa protégée ». Cette intimité inédite humanise un roman qui, sans cela, serait d’une noirceur insondable…
L'avis de Stanislas Petrosky
Pour savourer ce roman, je pense qu’il faut connaitre le parcours de l’auteure…
Anouk Shutterberg a travaillé dans plusieurs galeries parisiennes, c’est une passionnée d’art contemporain elle va même jusque collectionner et suivre de nombreux artistes confirmés ou en devenir. Et pour son mémoire de fin d’étude, elle avait utilisé le marché de l’art.
C’est donc un sujet qu’elle maîtrise. Elle va l’utiliser pour son roman, et étirer à l’extrême les dérives dudit marché d’art.
Puis tu as aussi le médium utilisé par l’artiste, la peau humaine, si tu ajoutes à ça des meurtres violents, des scènes légèrement gores et un jeu chronologique sur les chapitres, tu capteras que la dame a tout mis de son côté pour faire un thriller qui tire son épingle du jeu.
Son épingle ou son aiguille d’ailleurs, puisqu’une partie du roman est axée sur l’irezumi, et ses traditions.
On pourrait lui reprocher une tendance à la caricature dans ses personnages de flics, du légiste et des « méchants », mais ça colle avec ce travail jusqu’au-boutiste de la dérive du marché de l’art et au final du roman.
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