La Fille du Quai propose une passionnante immersion dans les méandres de la justice américaine. On s’y croirait !!
Présentation Éditeur
» Croiser au petit matin une belle femme en robe de soirée, qui boit du champagne un livre à la main… Que faut-il de plus pour attirer l’attention de l’écrivain que je suis ? «
Olivia Randall est avocate pénaliste à New York. Lorsqu’elle apprend que son ex, Jack Harris, est accusé d’avoir abattu trois personnes sur le front de mer de Manhattan, elle ne doute pas un instant de son innocence. Celui avec qui elle est sortie vingt ans plus tôt est un homme au-dessus de tout soupçon, père aimant d’une adolescente. Tout ceci ne peut être qu’une grossière erreur.
Olivia accepte donc de le représenter malgré leur passé chargé et une rupture difficile. Mais des preuves accablantes s’accumulent bientôt contre Jack. Quant à son alibi, une mystérieuse inconnue qui lui aurait donné rendez-vous par mail sur les lieux de la fusillade, elle reste introuvable. Quelqu’un cherche-t-il à faire porter le chapeau à Jack ou bien l’ex d’Olivia n’est-il pas celui qu’elle pense ?
Un thriller psychologique qui fait tomber les masques et nous confronte à l’une de nos plus grandes peurs : la part d’ombre qui sommeille en chacun de nous…
Origine | |
Éditions | Presses de la Cité |
Date | 8 octobre 2020 |
Traduction | Laurent PHILIBERT-CAILLAT |
Pages | 352 |
ISBN | 9782258163515 |
Prix | 20,00 € |
L'avis de Cathie L.
Alafair Burke, née en 1969 en Floride, est professeur de droit et romancière de nationalité américaine, fille de l’écrivain James Lee Burke. Elle est l’auteur de deux séries de romans policiers : la première est consacrée aux enquêtes de Samantha Kincaid, procureur à Portland ; la seconde a pour héroïne Ellie Hatcher, détective au New York City Police Department. Elle a co-écrit la série Laurie Moran avec la regrettée Mary Higgins Clark, série comprenant cinq titres. Elle est également l’auteur de romans indépendants, dont fait partie La Fille du Quai.
La Fille du Quai, The Ex dans la version originale parue en 2016, a été publié en 2020 par les éditions Presses de la Cité. Le style d’Alafair Burke est simple, direct, presque journalistique : « Don était mon partenaire. C’était aussi mon mentor, et une sorte de père ou d’oncle spirituel, quelque chose comme ça. Plus important, à l’heure actuelle, il se demandait sûrement où j’étais. J’entendais encore le bruit blanc alors que l’appli était fermée, et me creusais les méninges pour trouver une excuse crédible que je n’aurais pas utilisée récemment » (Page 14)… Grâce à sa plume énergique, le lecteur est d’emblée happé par l’histoire comme lorsque l’on lit un compte-rendu dans le journal.
Le fait que l’histoire soit racontée à la première personne par Olivia intensifie ce sentiment de proximité généré par le style, mais réduit les perspectives du lecteur au seul point de vue d’Olivia; on n’en sait que ce qu’elle en dit…
Thèmes abordés : l’usage des armes à feu problématique aux USA, sujet régulièrement au coeur de l’actualité américaine; la sécurité et les soins médicaux, notamment pour les patients atteints de maladies mentales.
Fil rouge : passé d’Olivia et Jack, les dessous de leur liaison.
Olivia, avocate de la défense réputée pour son professionnalisme et sa droiture, est contactée par Buckley Harris, fille de Jack Harris, ex-fiancé d’Olivia et romancier célèbre. Son père a été arrêté par la police suite à une fusillade et la jeune fille pense qu’Olivia est la seule avocate capable de le tirer de ce mauvais pas : « Quelqu’un avait ouvert le feu, ce matin, sur l’Hudson Parkway. Le nombre de blessés et de morts n’avais pas encore été annoncé officiellement. » Au vu de l’histoire farfelue que Jack a racontée pour justifier sa présence sur les lieux, la police le soupçonne d’avoir perpétré un triple meurtre, d’autant que, parmi les victimes, figure Malcolm Neeley, père du tireur fou de Penn Station, contre qui Jack et les familles des victimes avaient déposé plainte, l’épouse de Jack ayant perdu la vie ce jour fatidique :
« Et puis, il y a un an, après que la fréquentation des trains avait retrouvé son niveau d’avant l’attentat et que les noms des victimes s’étaient effacés de la mémoire collective, ces survivants – emmenés par « le mari de la prof héroïque » – avaient été plus loin et avaient déposé une plainte au civil pour homicide involontaire contre le père du tireur, juste avant la date de prescription. Le mois dernier, les journaux avaient distraitement mentionné qu’une cour du comté de New York avait classé cette plainte sans suite faute d’éléments solides. » (Page 32).
Évidemment, selon la police Jack faisait figure de suspect idéal: il possédait un sérieux, il connaissait les habitudes de Malcolm Neeley, et il se trouvait sur place sous un prétexte futile et totalement improbable : il avait rendez-vous avec une certaine Madeline, laquelle avait décidé du lieu, de l’heure matinale, et de tous les détails qui, par la suite, sembleraient pour le moins farfelus sinon totalement inventés aux yeux de la police ; Jack devait se présenter avec un panier de pique-nique à la main, à 6 heures du matin… Ainsi, le seul moyen de disculper Jack est de retrouver cette Madeline. Mais comment ?? Jack ne connaît ni son nom, ni son adresse, seulement l’adresse mail qu’elle lui as transmise par l’intermédiaire du site The Room géré par son amie Charlotte… S’engage alors avec le bureau du procureur une chasse aux indices où tous les coups sont permis.
Il est intéressant de voir de quelle manière l’auteur dresse des portraits de personnages en apparence lisses; mais peu à peu, elle nous conduit à en explorer les dessous, à comprendre la complexité de chacun. Ses personnages ne se contentent pas d’être des personnages romanesques; ils vivent telles que de vraies personnes avec leurs secrets, leur côté obscur, leurs contradictions et leurs forces. Comme dans la vraie vie, il ne faut surtout pas se fier aux apparences :
« N’empêche, je n’aurais jamais imaginé de toute ma vie que Jack Harris puisse avoir besoin d’un avocat de la défense dans une affaire criminelle. Cet homme est tellement propre. Blanc comme neige. Et sans aucune ambiguïté, contrairement à d’autres qui semblent si nets que vous vous dites qu’ils ont forcément des cadavres dans leurs placards. C’est un brave type. » (Page 107).
La Fille du Quai est un thriller aux multiples qualités: sobriété, efficacité, intelligence, humour, ressorts psychologiques des relations entre les gens habilement orchestrées ; à cela s’ajoutent suspense et rebondissement, que demander de mieux… Le roman propose une passionnante immersion dans les méandres de la justice américaine, dont l’auteur, s’appuyant sur une documentation très fouillée, démontant les ressorts de la justice et les astuces des avocats. On s’y croirait !!
Mais la force du roman est de laisser, jusqu’au bout, planer un doute raisonnable non sur la culpabilité de Jack mais sur son innocence, subtile nuance qui change le point de vue de narration. Est-il l’homme aussi doux et paisible qu’il le paraît ? Les circonstances de sa rupture avec Olivia, vingt ans plus tôt, auraient-elles pu le changer en tueur fou ? Ses mensonges et dissimulations font-ils de lui un coupable ou un être humain ordinaire ?
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