INFOS ÉDITEUR
Parution aux éditions Stock collection La Cosmopolitaine Noire en mars 2013 Parution aux éditions Livre de Poche en avril 2014 Traduit par Florence Vuarnesson Série Sean Duffy – Tome 1 1981, Carrickfergus, Irlande du Nord. Le gréviste de la faim Bobby Sands vient de mourir et la région est sous haute tension. C’est dans ce contexte oppressant que le sergent Sean Duffy est appelé d’urgence pour résoudre une étrange enquête : un homme a été retrouvé dans un terrain vague, une main coupée. La victime est un homosexuel notoire. Un mobile suffisant ? Puis une deuxième victime est découverte, présentant les mêmes sévices. Aurait-on affaire au premier serial killer de l’histoire du pays ? Duffy sait toutefois que les apparences sont souvent trompeuses, lui qui incarne un paradoxe en Ulster : il est fl ic et catholique. Adrian McKinty réussit le pari de faire vivre la violence de la guerre civile en même temps qu’il nous entraîne au coeur d’une enquête palpitante, maniée avec un humour noir si cher aux Irlandais. (Source : Livre de Poche – Pages : 425 – ISBN : 9782253177722 – Prix : 7,60 €) |
L’AVIS DE MARIE H.
La trilogie que propose Adrian McKinty et dont Une terre si froide est le premier volet chez Stock, est un fascinant retour dans la violence entre catholique et protestants de l’Irlande du Nord, au début des années 1980. Le contexte politique de ce premier volet est celui des émeutes suite à la mort d’un commandant de l’IRA, Bobby Sands :
« Bobby Sands était le maitreya, le maître universel, le martyr qui allait racheter l’humanité par ses souffrances.
Lorsqu’il est mort, au soixante-sixième jour de sa grève de la faim, les quartiers catholiques de la ville se sont soulevés, poussés par la rage et la frustration. » (p.10)
On peut revivre par la fiction, l’horreur des attentats, l’intransigeance et la répression du gouvernement Thatcher.
Adrian McKinty crée le personnage de Sean Duffy, un flic catholique de la police criminelle de Carrickfergus dans la banlieue de Belfast. Ce personnage incarne toutes les contradictions de l’époque : mal considéré par sa communauté catholique – un catholique ne peut pas être dans la police qui est constituée essentiellement de protestants – pas forcément bien vu par les protestants, le lecteur prend conscience du racisme ordinaire de cette époque.
Sean Duffy est chargé d’enquêter sur le double meurtre d’homosexuels : l’Irlande du Nord aurait-elle son premier serial killer ?
« – L’Irlande du Nord n’a jamais connu de tueur en série, m’oppose-t-il.
– C’est vrai. Quiconque ayant ce genre de disposition aurait pu rejoindre un camp ou l’autre. Torturer et tuer à loisir tout en défendant la « cause ». Là, ça semble différent, non ? Le caractère sexuel du crime, le feuillet. Nous n’avons jamais été confrontés à ça. » (P.73)
Le roman offre une peinture très réaliste du conflit irlandais de l’époque : le rôle souvent ambigu de certains groupes militaires, les chantages et les extorsions de fonds en échange d’une protection, le chômage, les fermetures d’usine, la vie dans la crainte perpétuelle d’un attentat :
« Je reste un moment assis, moteur arrêté, dans ma petite prison existentielle, avant de sortir et de réintégrer la grande prison existentielle de l’Irlande du Nord.
Le parking est désert. Je vérifie sous la voiture, juste pour être sûr. Rien, évidemment. » (P.109)
Bref, une trilogie à suivre !