Thierry BRUN : Origine paradis

J’ai dix ans. C’est un dimanche, tôt le matin, l’été, et il fait beau.
Des éclats de voix. Un meuble qu’on jette au sol et le mur qui vibre sous ma main. Quelque chose de grave se trame : dans ma tête d’enfant, je le sais depuis toujours. Terrifié mais désobéissant, j’ose sortir de ma chambre où on m’a confiné.
La porte d’entrée est fracassée. Des uniformes, figés, des visages tendus, des yeux noirs. Une femme s’exclame : « Merde, il y a un gamin ! »

Orphelin, Thomas grandit entre un internat à la discipline étouffante et l’appartement d’une tante mutique. Une fois adulte, croyant tourner le dos à son milieu d’origine et à la vie qui lui était destinée et après quelques errances, il se voit embauché par une entreprise dénommée France réelle. En plus de sa proximité avec l’extrême droite, celle-ci s’avère bien plus liée que prévu à ce milieu dont il croyait se libérer.

La jeunesse de Thomas est fragmentée. La police qui l’arrache à ses parents suite un drame qu’il n’a pas compris, ils se sont défenestrés. Une tante qu’il l’élève tant bien que mal et qui va le confier à un pensionnat pour qu’il faire quelque chose de sa vie. Qu’il apprenne la discipline et qu’il se structure. Là bas Laurent le prend sous son aile pour faire face à un quotidien abrupt.

La vie et ses rencontres. Thomas va prendre de l’assurance lorsqu’il aura différentes missions à accomplir pour un homme un peu sombre mais pour lequel il éprouve une fascination qu’il n’explique pas. Il s’applique, il s’implique en se voilant peut-être la face sur le fait qu’il soit de plus en plus actif pour les bureaux de l’extrême droite.

« Origine paradis » de Thierry Brun publié aux éditons Hors d’atteinte est un texte fin, brillant. L’auteur n’épargne jamais ses personnages qui sont écorchés vifs qui doivent avancer dans une société dont ils sentent souvent exclus. Thomas doit avancer avec ses parts d’ombre avec le passé de ses parents qu’il ne connaît pas vraiment.

Depuis « Surhumain » Thierry Brun a créé un style qui lui est propre et qui est très intéressant à la fois néo-polar avec la société qui impacte vraiment ses héros et en même le temps le rythme du thriller, impossible de reposer le livre avant de l’avoir fini. Et c’est aussi les codes du roman noir, Thomas est pris dans une spirale dont il ne distingue pas forcément les contours et il y a peu de chances qu’à la fin on voit se dessiner les lettres happy end.

Thomas, ange déchu et ô combien attachant. Avec une thématique qui m’évoque également «Le bloc » de Jérôme Leroy publié aux éditions Folio policier. Deux ouvrages a découvrir absolument.