Yves GREVET : U4 – Koridwen

• Éditions Syros le 30 aout 2015
• Pages : 300
• ISBN : 9782748516586
• Prix : 17,95 €

PRÉSENTATION ÉDITEUR

« Je m’appelle Koridwen. Ce rendez-vous, j’y vais pour savoir qui je suis. »

Koridwen est la dernière survivante d’un hameau de Bretagne. Avec l’aide du vieux Yffig, elle a inhumé les neuf autres habitants du coin. Puis le vieux Yffig est mort à son tour, et Koridwen l’a enterré lui aussi. Avant de mourir, la mère de Kori lui a confié une enveloppe laissée par sa grand-mère, à ouvrir le jour de ses quinze ans. Cette lettre, qui parle d’un long voyage et de mondes parallèles, fait si étrangement écho au message reçu sur Warriors of Times que Koridwen est ébranlée malgré elle. Elle décide d’aller chercher son cousin Max et de se rendre avec lui en tracteur au rendez-vous à Paris.

L’AVIS DE HÉLÈNE B.

U4 est une série dystopique dans laquelle 90% de la population a été décimée suite à l’épidémie causée par le virus U4. Rien de très original en soit, les séries dystopiques peuvent se ressembler toutes très rapidement, il appartient vraiment aux auteurs d’en faire quelque chose d’intéressant.

L’originalité de cette série réside dans le fait que les quatre tomes ont été écrits par quatre auteurs différents malgré un fil conducteur et une base unique. Nous retrouvons dans chaque tome les mêmes personnages, la même histoire mais perçue et vécue par un personnage particulier à chaque fois. C’est un exercice intéressant et dangereux à la fois. Il faut réussir à maintenir l’attention du lecteur à chaque tome, ne pas être redondant et faire de chaque personnage des individus clés et intéressants. Pour le moment, j’ai lu Koridwen et Jules. Je lirai les deux autres plus tard afin de ne pas créer un sentiment de lassitude ou de déjà-vu.

Commençons par Koridwen, cette jeune fille bretonne, qui décide d’embarquer son cousin qui présente un léger handicap mental, dans sa bétaillère, en direction de la capitale. Son objectif est de rejoindre le 24 décembre au soir un lieu désigné par Chronos le maître de jeu du jeu vidéo WOT que beaucoup d’ados fréquentent. Chronos promet aux joueurs experts dont elle fait partie, un possible retour dans le passé, et donc la possibilité d’éviter cette extermination de masse.

Le lecteur est alors plongé dans un Paris en plein chaos, jonché de cadavres, envahi par les rats et les chiens errants enragés. Koridwen m’a plu car c’est une fille jusqu’au-boutiste. Elle n’a peur de rien, sait prendre les décisions qu’il faut, sait faire des alliances amicales opportunes et sait évincer les mauvaises graines. Elle semble tout maîtriser et laisse peu de place à l’attendrissement et au désarroi… sa force, elle la trouve dans la voix de sa grand-mère qui lui a transmis une sorte de don de druidesse. L’auteur a réussi à faire de Koridwen un personnage fort auquel on s’attache rapidement. L’auteur ne s’attarde pas toujours en détail sur les sentiments de la jeune fille, c’est le lecteur qui devine ses peines, ses doutes, et ses peurs. Koridwen est une intuitive, elle fonctionne au feeling et ses relations amicales ou amoureuses sont aussi influencées par sa méfiance et son instinct.

Au-delà du personnage de Koridwen, il est intéressant de voir comment l’être humain est capable de s’organiser en cas de catastrophe. L’auteur dépeint une société qui perd tous ses repères. Quand certains groupes d’adolescents vont essayer de survivre honnêtement, d’autres sont capables de se livrer aux pillages et à des attaques contre d’autres groupes. Il y a ceux également qui cherchent la sécurité en rejoignant les R-points organisés par des militaires ayant survécu au virus et ceux qui préfèrent organiser leur mini-société en créant des règles, des lois et une hiérarchie.

U4, série plutôt destinée à un public adolescent fait partie de ces lectures plaisantes et addictive. On imagine tout à fait l’histoire portée sur le grand écran et le succès qui va avec.