Présentation Éditeur
Un pigeon et un chat nouent une amitié insolite à Paris, accusés de bouleverser l’équilibre naturel entre proie et prédateur. L’affaire est portée devant les tribunaux avec Gigi, une jeune fille précoce, comme avocate. Coupables ou innocents ? La question se complexifie lorsque les végétaux et les forces célestes s’en mêlent et qu’un ange nommé Hermès est appelé à témoigner…
Origine | |
Éditions | Le Lys Bleu |
Date | 14 octobre 2024 |
Pages | 167 |
ISBN | Kindle |
Prix | 7,99 € |
L'avis de Nicolas Bücher
Improbable mais vrai : Le Monde de Gigi est un livre magique
Nourrir son propre imaginaire devient de plus en plus accessible. Grâce aux plateformes de streaming, le liseuses Kindle qui nous permettent d’emmener n’importe quel livre avec nous et tout un tas d’œuvres de plus en plus diffusées dans le monde… Il va de soi que nous vivons une époque formidable pour les lecteurs et les lectrices, avides de découvrir toujours plus d’histoires, que l’on soit plutôt du genre classique ou décalé. William Maurer est l’auteur du Monde de Gigi, un récit qui ressemble à un rêve, mis en scène par un poète. Dès les premières pages, le lecteur fait face à des scène pour le moins cocasses, dont des dialogues savoureux et des réflexions philosophiques entre des animaux. Comme l’a fait Jean de la Fontaine, qui est d’ailleurs cité en préface de cet ouvrage, William Maurer joue avec l’anthropomorphisme pour véhiculer des messages et des idées engagées, toujours d’actualité. Ainsi, l’écrivain est libre d’aborder tous types de questionnements sur les relations entre les êtres, ou encore une recherche d’identité, une crise existentielle qui parlera à un bon nombre d’entre nous… Mais de quoi est-ce que parle précisément « Le Monde de Gigi » sans pour autant trop en dire sur son contenu ?
Le livre débute par la rencontre entre un chat appelé Mao et un pigeon du nom de Meredith au sommet d’un toit à Paris. Il est évident qu’avec de tels animaux, nous nous attendons déjà à une bagarre digne de ce nom. Et pourtant, le prévisible ne se produit pas !
Ici, la nature se veut philosophique, elle-même dotée d’une conscience, comme si l’auteur voulait ici composer une œuvre qui joue avec l’animisme. Dans son livre, toute chose, tout animal est doté d’une âme, au même titre qu’un être humain. Les deux bêtes intelligentes se questionnent l’une et l’autre : est-ce vraiment naturel que l’un s’attaque à l’autre ? Qui sont-ils vraiment ? Avec son côté légèrement absurde et son humour que l’on pourrait presque qualifier d’anglais, le livre annonce la couleur très rapidement. Ce que l’on s’apprête à lire est symbolique et il va falloir ouvrir son esprit, pour bien recevoir le message de l’auteur, entre les lignes…
« Le Monde de Gigi » compte plusieurs personnages atypiques et attendrissants, que l’on pourrait tout à fait retrouver dans une œuvre à destination d’un jeune public. L’on croit souvent, à tort, que les enfants sont trop bêtes pour comprendre certaines leçons ou percevoir les symboles d’une œuvre, en se concentrant davantage sur l’aspect visuel ou l’action… Et pourtant, ce n’est pas du tout le cas ! L’héroïne de ce roman s’appelle Gigi, comme on pourrait s’y attendre. Serait-ce là un clin d’œil au dessin-animé japonais, dans lequel la pauvre petite Gigi finit fauchée par un camion ? Un cartoon qui a traumatisé toute une génération, mais qui reste culte pour les enfants des années 80… Mais notre Gigi ici est bien vivante et pleinement consciente de ce monde bizarre dans lequel elle se voit forcée d’évoluer. Quelque chose ne tourne pas rond. Très critique sur les attitudes des adultes hypocrites, elle peine à comprendre les conventions et autres bienséances de cette société qui s’auto-proclame moderne. A la fois naïve et sage, Gigi incarne l’enfant qui se cache, quelque-part au plus profond de nous…
Aux côtés de Gigi, Mao, le chat, et Meredith, le pigeon britannique, forment un duo improbable mais harmonieux au possible. Leur amitié pour le moins originale donne à l’auteur l’occasion de traiter différents sujets, dont la tolérance et l’ouverture d’esprit. Parlons à présent de l’univers de ce livre, très étrange et souvent décalé. L’on pourrait pleinement considérer cette œuvre comme fantastique, voire parfait surréaliste, comme une œuvre de Dali. Avec une bonne dose d’humour intelligent, l’écrivain compose une fable moderne qui rend hommage aux maîtres du genre. L’on pourrait tout à fait imaginer de telles scènes dans un film d’animation des studios Ghibli, à qui l’on doit notamment la filmographie impressionnante de Hayao Miyazaki, père de princesse Mononoké ou encore Chihiro.
William Maurer réussit à construire une intrigue où l’on se perd souvent, mais pour notre plus grand plaisir. C’est vrai que cette lecture ne conviendra pas à tout le monde. L’on pourrait lui reprocher son aspect puzzle et son symbolisme, qui peut parfois donner envie de se dire que c’est tiré par les cheveux. Et pourtant, ce texte trouvera un public et figurera parmi les coups de cœur de nombreux lecteurs. Au-delà des fins dialogues entre les personnages, c’est toute une réflexion sur l’univers, sur le libre arbitre (ou parfois l’illusion du choix), sur le but de la vie qui se déploie. La quête de Gigi pour comprendre pourquoi le monde est aussi dysfonctionnel l’amène évidemment à rencontrer d’autres personnages, et pas seulement ses copains, mais aussi l’ange Hermès. En définitive, on pourrait se dire que le ton léger du roman pourrait empêcher tout traitement de sujets sensibles, et pourtant, William Maurer parvient à s’attaquer à différents thèmes, dont l’existence et la solitude de Dieu Lui-même… C’est donc une lecture coup de cœur qui vous attend peut-être entre les pages du « Monde de Gigi » !