INFOS ÉDITEUR
Parution aux éditions Cherche Midi en novembre 2014 Parution aux éditions Pocket le 8 octobre 2015 Traduit par Danièle MAZINGARBE 1863. L’issue de la guerre de Sécession est incertaine. Afin de s’assurer du soutien des mormons face aux confédérés, le président Abraham Lincoln confie à leur leader, Brigham Young, un mystérieux secret d’État. 2013. Cotton Malone accepte d’effectuer une mission ponctuelle pour les services secrets : récupérer à la frontière de la Suède et du Danemark un témoin de première importance. Celui-ci doit lui parler de Josepe Salazar, un puissant homme d’affaires mormon, qui dispose d’informations susceptibles de déstabiliser les États-Unis. Une passionnante partie d’échecs se met alors en place. De la révélation contenue dans le journal intime d’un dignitaire mormon du début du siècle dernier à la légendaire prophétie du Cheval blanc, en passant par l’étrange découverte faite dans une grotte du parc de Zion, Cotton va devoir élucider, au péril de sa vie, bon nombre d’énigmes historiques pour, enfin, faire la lumière sur cette affaire. Quel a été l’enjeu caché de la guerre de Sécession ? Pourquoi Lincoln a-t-il, au mépris de ses convictions intimes, proclamé en 1863 l’émancipation des esclaves dans les États de l’Union ? Que contient ce fameux dossier qui, depuis George Washington, passe confidentiellement d’un président à l’autre ? Autant de questions aussi troublantes que captivantes vous attendent dans ce fantastique voyage au coeur des coulisses américaines. (Source : Cherche Midi – Pages : 531 – ISBN : 9782749140933 – Prix : 22,00 €) |
L’AVIS DE JEAN-MARC VOLANT
Dans ce roman, l’auteur américain Steve Berry nous revient avec son héros récurrent, Cotton Malone.
Rappelé de nombreuses fois par Stéphanie Nelle, qui était son responsable hiérarchique au sein de la Division Magellan, pour des missions ponctuelles (voir les précédents romans) l’ancien agent secret et reconverti depuis plusieurs années en tant que librairie au Danemark va une nouvelle fois devoir donner un « coup de main » à son ancienne patronne pour déjouer un complot au sein des États-Unis d’Amérique.
C’est la seconde fois que le romancier américain met les États-Unis d’Amérique à l’honneur pour cette nouvelle enquête de Malone : Cette fois ci, Malone va devoir empêcher la possibilité qu’un Etat américain veuille son indépendance en se désolidarisant de l’Union signée en 1776.
Après « le Code Jefferson », Steve Berry nous plonge une nouvelle fois dans les coulisses de l’histoire américaine, et de la création des Etats avec les Pères fondateurs et de la terrible guerre civile, la fameuse « Guerre de Sécession » qui secoua le pays, sous la présidence d’Abraham Lincoln.
Et justement sous cette présidence de Lincoln, on découvre qu’un secret d’état, qui passe de présidents en présidents est à même de secouer toute la constitution des Etats Unis d’Amérique. Si ce secret était révélé, l’Union signée il y a quelques siècles, serait mise à mal et pourrait entrainer la chute des Etats américains.
Un roman très surprenant que cette nouvelle publication de Steve Berry : Et pour cause, on a affaire à un récit plus bavard qu’à l’accoutumée, avec peu de scènes d’action par rapport aux anciennes aventures de Malone. Cela s’explique par l’intervention de personnages principaux ou secondaires qui prennent le pas sur le récit et éclipse presque l’intervention au fil des pages de l’ancien agent secret. Malone pour une fois, est en demi teinte dans ce nouveau roman et il en devient presque secondaire.
Il faut dire que l’histoire proposée a invité de nombreux personnages (connus des lecteurs habituels de l’écrivain US) et les mis en avant. D’autres personnages vont s’incorporer à cette histoire, très agréable à lire et surtout richement documentée et instructive sur l’histoire de la constitution des États-Unis d’Amérique.
Donc un roman ponctué de nombreux dialogues entre les différents intervenants de ce récit, mené malgré tout sur un bon rythme. On ne s’ennuie pas une seconde, les péripéties s’enchainent très bien, malgré le peu d’action de la part de Malone, secondé cette fois par le neveu du président Danny Daniels, jeune tête brûlée des services secrets, qui doit s’accommoder du « papy » de la division Magellan. On retrouve avec plaisir le personnage de Cassiopée Vitt qui aura un rôle très important dans ce récit.
C’est donc avec plaisir que j’ai retrouvé Cotton Malone, un héros que j’aime retrouver à chaque parution de l’auteur US, même si j’apprécie aussi ses one-shots.
Un roman que l’on pourrait penser en demi-teinte, contrairement à d’habitude, mais il n’en ai rien au final : le romancier a su combler le manque relatif de scènes d’action par des moments de lecture tout aussi accrocheurs à travers ce complot au sein de cette grande institution mondiale que sont les États-Unis d’Amérique.
Comme à chaque fois, Steve Berry nous concocte quelques notes en fin de roman et nous fait le point entre les faits et la fiction. C’est toujours une partie que j’apprécie dans ce type de roman, et l’auteur américain ne manque jamais son rendez vous pour évoquer ses différents voyages et recherches historiques qui ont servi pour l’élaboration de son roman.
Si vous aimez son héros de papier et le style d’écriture de Steve Berry, auréolé d’un grand succès dans son pays et fortement apprécié dans l’Hexagone (son nouveau roman est à chaque fois traduit en français), et bien n’hésitez pas et plongez dans l’histoire avec un grand H.
L’AVIS DE CATHIE L.
L’Héritage occulte, publié en anglais sous le titre The Lincoln Myth en 2014, a été édité en France la même année. Il est le neuvième épisode de la série « Cotton Malone ». Il se situe dans le contexte historique de la guerre de Sécession.
Des chapitres relativement courts qui s’enchaînent à un rythme soutenu, chacun abordant une partie différente de l’intrigue: un moyen d’entretenir le suspense, l’intérêt du lecteur qui, s’il veut savoir la suite d’un chapitre en particulier, ou tout simplement le déroulement de l’histoire, doit en lire au minimum un autre; et, de fil en aiguille, lire tout le roman… Les quatre fils de l’histoire qui s’entrelacent sont suivre Malone au Danemark, suivre Rowan dans l’Utah, suivre Stéphanie à Atlanta, et dans le passé, à l’époque de la guerre de Sécession.
Contexte historique
Le propos de l’auteur est de, comme l’indique le titre original, revisiter le mythe d’Abraham Lincoln, seizième président des États-Unis de novembre 1860 jusqu’au jour de son assassinat, le 15 avril 1865, connut pour avoir abolit l’esclavage dans son pays.
Steve Berry propose un nouveau regard sur cette période trouble, assurément la pire crise constitutionnelle qu’eurent à subir les Etats-Unis, particulièrement sur la figure de Lincoln, n’hésitant pas à attaquer de front le mythe du président républicain ayant combattu jusqu’à son dernier souffle contre les esclavagistes pour donner naissance à une patrie fondée sur la démocratie pour tous et le droit constitutionnel pour tous. Mais la réalité est loin d’être si simple :
« La révolution américaine n’en était pas une. A aucun moment le but n’a été de renverser le gouvernement britannique. Aucun de ses objectifs n’incluait la conquête de Londres et le remplacement de la monarchie par une démocratie. Non. La Révolution américaine était une guerre de sécession. La Déclaration d’indépendance était un manifeste de s&cession. Les États-Unis d’Amérique ont été fondés par des sécessionnistes. Leur but était de quitter l’Empire Britannique et de créer un gouvernement à eux. » (Page 79)…
« La sécession était une solution qu’il avait depuis longtemps envisagée, depuis qu’il avait décidé que le gouvernement fédéral était définitivement hors d’usage et impossible à remettre sur pied. Il était devenu trop imposant, trop arrogant, trop bête. Les Pères Fondateurs avaient mené une guerre longue et sanglante contre une autorité centralisée -l’Angleterre et son roi- et ils n’auraient jamais créé une nouvelle autocratie. Il était évident en 1787 qu’aucun état ne pouvait être obligé de rejoindre l’Union ou d’y rester. » (Page 192)…
« Et puis regarde ce qu’a fait Abraham Lincoln. Au lieu de dire à la Nation que les Etats pouvaient choisir ou non de faire partie de l’Union, il a caché le document prouvant que cela était possible et a déclenché une guerre pour s’y opposer. » (Page 374)
« En réalité, il était officiellement opposé à toute égalité politique ou sociale des races. Il était partisan de la loi concernant les esclaves fugitifs, qui permettait aux propriétaires de réclamer le retour des fuyards, et ce à l’intérieur des Etats libres. Pas une seule fois, en tant qu’avocat, il ne défendit un esclave fugitif. Mais il défendit un propriétaire d’esclaves. Il aimait la colonisation. » (Page 69).
=> Propos extrêmement déstabilisant et provocateur…
L’intrigue
Mercredi 8 octobre à 19h40: Stéphanie, ancienne patronne de l’agent Cotton Malone, demande à ce dernier son aide pour une mission exceptionnelle: retrouver un certain Kirk qui pourrait savoir où se trouve un de ses agents disparus qui enquêtait sur Salazar, puissant homme d’affaires mormon, au Danemark.
150 années plus tôt, l’issue de la guerre de sécession semble très problématique et pour tout dire trop hasardeuse, raison pour laquelle le président Abraham Lincoln, dans le but de s’assurer du soutien des Mormons, confie à leur leader, Brigham Young, un mystérieux secret d’état qui serait transmis de président à président.La connexion avec le présent devient claire dès lors que l’on sait que le fameux Salazar pourrait bien être en possession de ce secret, ou tout au moins aurait des révélations le concernant, révélations qui pourraient déstabiliser gravement le gouvernement américain.
Dès lors, une formidable course poursuite va opposer le Département d’Etat, le président américain, via la division Magellan et les Mormons: qui retrouvera ce fameux document secret le premier ? « Et si nous savions quelque chose que la Cour Suprême ne savait pas en 1869 ? » (Page 153). Comme il en a l’habitude maintenant, Cotton Malone va devoir, souvent au péril de sa vie, décrypter des énigmes historiques afin de démêler les fils sacrément embrouillés de cette intrigue riche en révélations et en rebondissements. Et surtout répondre à ces questions : quel est ce fameux secret qui, depuis Georges Washington, est transmis d’un président à un autre sans que jamais aucun indice n’ait filtré ? Quel a été le véritable enjeu de la guerre de Sécession ? Quelle raison politique a poussé Lincoln à proclamer, au mépris de ses convictions intimes, l’abolition de l’esclavage ?
Les personnages
- Cotton Malone : 47 ans ; retraité de la division Magellan : « Quatre ans auparavant, il avait décidé que quelles soient les récompenses, elles ne valaient pas de risquer sa vie, et, bibliophile dans l’âme, la perspective de tenir une boutique de livres anciens était trop tentante. Il avait donc sauté sur l’occasion d’aller vivre en Europe et de tout recommencer. » (Page 117).
- Stéphanie Nelle : ancienne patronne de Cotton Malone au ministère de la Justice, directrice de la division Magellan.
- Kirk Barry : associé de Salazar.
- Luc Daniels : agent de la division Magellan, neveu du président américain.
- Josepe Salazar : homme d’affaires, dirigeant mormon.
- Danny Daniels : président américain ; au moment de l’histoire réalise la fin de son deuxième mandat.
- Edwin Davis : fonctionnaire de carrière, secrétaire général à la Maison Blanche.
- Cassioppée Vitt : ancienne petite amie de Cotton Malone.
- Charles R. Snow : prophète mormon âgé de 82 ans.
Division Magellan
« L’idée initiale avait été de créer une unité d’enquête spéciale, en dehors du FBI, de la CIA et de l’armée, répondant directement à l’exécutif, avec des agents aussi bien formés en droit qu’en espionnage. » (Page 65).
« La Division Magellan n’était pas pléthorique. En dehors de ses douze agents, elle employait cinq administratifs et trois auxiliaires. Stéphanie avait insisté pour avoir une équipe réduite. Avec moins d’yeux et moins d’oreilles, on avait moins de fuites. (Page 54)…
Mon avis
Incontestablement, Steve Berry sait raconter des histoires. L’Héritage Occulte est un thriller historique bien documenté, comme à son habitude, dont l’intrigue repose sur des recherches précises. Les points d’ancrage dans l’histoire assez récente des USA avec pour contexte les coulisses de la guerre de Sécession abordant des questions aussi cruciales que la réelle position de Lincoln par rapport à l’esclavage, ses mobiles politiques opposés aux mobiles humains sont des thèmes audacieux et peu visités dans les thrillers.
La construction somme toute classique avec des allers/retours entre passé et présent n’empêche pas ce roman de proposer un agréable divertissement. Cette neuvième aventure de Cotton Malone, menée sur les chapeaux de roues, aux multiples rebondissements dans les règles du genre, évite de peu l’essoufflement et la routine grâce à l’arrivée d’un nouveau personnage plus jeune et moins posé que Malone en la personne de Luc Daniels, neveu du président. Du bon Steve Berry…