Voilà maintenant dix ans que Ska, l’éditeur numérique tout en ligne, fondé par Jeanne Desaubry et Max Obione offre de la lecture numérique à tous. Principalement de la nouvelle par des auteurs contemporains, mais aussi la réédition de grands classiques comme 813 de Maurice Leblanc. Les deux compères gèrent ainsi neuf collections, principalement axées sur le noir et l’érotisme. On y croise des auteurs inconnus, parfois de grands noms se cachant derrière un pseudonyme, et aussi des incontournables du genre, tel Franck Thilliez.
Pour fêter cette première décennie, Ska éditions arrive dans l’univers de l’audio.
Le livre lu est à la mode depuis quelques temps. Il permet de s’adonner à sa passion en conduisant, en travaillant, en jardinant, bref, en faisant autre chose. Si le roman lu par l’auteur, ou un comédien existe depuis quelques années, en revanche, dans l’univers des novellistes, c’est une première…
SP : Bonjour Jeanne, bonjour Max, tout d’abord un bon anniversaire à vous, car sans vous, point de Ska éditeur. On sait que dans notre beau pays, la nouvelle rend les éditeurs frileux, vous au contraire, c’est votre fer de lance, et rien que pour cela merci ! Alors pourquoi se lancer dans cette nouvelle aventure ?
Max Obione : On connait la frilosité des éditeurs pour éditer des nouvelles en version papier, il nous est apparu qu’avec les nouvelles technologie nous pourrions entamer la malédiction qui frappe ce genre en France. On ajoute à l’offre de lecture une autre manière de lire correspondant aux nouveaux usages de lecture, sur écran en l’occurrence. Coexistent le papier et le numérique, fromage et dessert, c’est une addition des possibilités pour tout lecteur.
Jeanne Desaubry : Nous écrivons l’un comme l’autre, des romans, naturellement, mais depuis toujours des nouvelles. C’est une forme littéraire passionnante et qui se prête à merveille à l’oralité. À notre époque pressée, vingt à trente minutes d’écoute, c’est une durée parfaite, non ?
SP : Vous découvrez donc une nouvelle façon de travailler, entre la création d’un fichier epub et un fichier audio type Mp3, il y a une grande différence, déjà une intervention humaine plus importante avec celui ou celle qui va lire le texte. Comment choisissez-vous vos voix ?
JD : Nous avons proposé à « nos » auteurs de se lire. Certains se sont lancés. Même s’ils n’ont pas la technicité d’un comédien ou d’une comédienne professionnelle, il y a pour le lecteur « écouteur » une plus-value évidente à partager l’intimité de la voix de l’écrivain. Mais nous avons aussi des amis lecteurs pro ou comédiens qui nous suivent comme Chantal Bidet et Serge Cazenave, et apprécient l’exercice. Certains viennent à nous directement en proposant de lire des textes qu’ils ont aimés.
MO : Pour vérifier la faisabilité, nous avons ouvert une page sur Soundcloud en accès gratuit afin de rôder nos productions qui, outre la voix du lecteur ou lectrice, intègrent des intros musicales et parfois des bruitages. Comme l’essai fut concluant, nous passons désormais au stade supérieur, notre offre téléchargeable figure dorénavant sur les sites audios en ligne.
SP : Si la voix est importante, je présume que le texte aussi… Y a-t-il des nouvelles plus audibles que d’autres ? Est-ce possible d’avoir un texte fulgurant à la lecture, et totalement impossible à lire, parce que le rendu, le suspens, peu importe, sera différent ?
JD : C’est une question bien difficile…
MO : Je ne vois aucun obstacle à la lecture à voix haute. La voix recrée l’écriture, parfois transcende le texte. Combien de fois, un auteur écoutant son texte lu notamment par un comédien de talent s’interroge sur le fait de savoir si c’est bien lui qui l’a écrit ?
JD : J’aurais répondu « oui » pour ma part si je n’avais écouté quelques titres comme Tranxx qui sur le papier comprend plusieurs pages du même mot, ou Toboggan, lus par l’excellent Serge Cazenave ! Des textes dont la lecture prouve que tout est possible. Ces deux textes sont encore en accès libre pour un temps sur la page Soundcloud.
SP : Qui s’occupe du choix, vous avez un catalogue bien fourni, je ne sais pas s’il est dans vos objectifs de pratiquement tout passer en audio, qui décide que tel texte sera adapté ?
MO : De mon point de vue, les nouvelles écrites à la première personne donnent un effet de réel et d’intimité immédiats, ce sont celles que je privilégie pour ma part.
JD : C’est comme d’habitude chez nous, nos choix correspondent à un ressenti sur ce que pourrait donner tel ou tel texte, puis la joyeuse anarchie en amont portée par un travail professionnel en aval donne le résultat final. Nos lecteurs amis proposent, nous les sollicitons également, certains auteurs se lancent… Derrière, Max assure la post-production… Quant à passer tout le catalogue : il y a plus de 600 titres maintenant…
MO : C’est exclu pour l’instant, nous devons faire une sélection en visant les textes les plus adaptables. Compte tenu du fait que certaines nouvelles sont assez courtes, nous ferons quelques compils afin d’allonger la durée d’écoute.
SM : Est-ce que certains de vos auteur(e)s vous proposent directement des textes juste pour une adaptations audio, écrit spécialement pour être lu ?
JD : Pas jusqu’à présent, mais nous sommes ouverts à tout. Ce qui arrive dorénavant, c’est qu’on procède à des sorties conjointes : audio et e-pub.
MO : Cerise sur le gâteau !
SP : Je me souviens lors de mon service militaire, lorsque j’étais de garde la nuit, écouter les pièces radiophoniques de France Culture, j’ai en mémoire aussi mes grands-parents me parler de la Famille Duraton avec Noël-Noël sur Radio Luxembourg, envisagez-vous ce genre de programmes ?
JD : Chez Ska, tout est envisageable. Si un auteur a envie de se lancer, nous sommes assez fous pour le suivre…
MO : Ce que tu évoques relèverait plutôt du podcast. Cependant, on peut d’ores et déjà écouter deux scénettes qui correspondraient à ton souvenir, comme Plat froid ou Cocker. Extrait de Plat froid ( https://www.numilog.com/package/extraits_audio/ab1482984.mp3 )
SP : Et où peut-on trouver les premières parutions de Ska en audio ?
JD : Nous avons longuement cherché un distributeur qui accepte les indépendants : c’est difficile avec la concentration connue dans l’édition… dont dépend forcément la publication des adaptations audios. Dorénavant, les titres audios sont disponibles sur un grand nombre de sites, et en particulier chez notre distributeur Numilog qui propose en même temps tout notre catalogue numérique, sous ce lien : https://www.numilog.com/ResultatRecherche/SKA-audio/23104.Editeur
SP : Je ne peux que souhaiter longue vie à ce projet, j’attends impatiemment 2033 afin de savoir quelle nouveauté vous nous réservez pour les vingt ans de Ska…
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