PRÉSENTATION ÉDITEUR
Paris est à feu et à sang. Aux Champs-Élysées, à Châtelet et à la gare de Lyon, trois bombes ont l’une après l’autre endeuillé la capitale. Cinquante-trois morts, au nom du djihad… Quelques heures plus tôt, les services avaient pourtant appréhendé le cerveau de l’attaque. Pourquoi n’a-t-on pas réussi à le faire parler ? L’opinion publique bout et le pouvoir envisage de prendre des libertés avec les droits de l’homme. Car il y a Neuroland, un centre de recherches, le plus performant d’Europe, où deux jeunes chercheurs travaillent à un projet révolutionnaire : un scanner qui permettrait de lire les pensées du suspect le plus réticent. Les apprentis sorciers sont lâchés…
Origine | |
Éditions | Robert Laffont |
Date | 19 mars 2015 |
Éditions | |
Date | 13 avril 2017 |
Pages | 832 |
ISBN | 9782266266598 |
Prix | 9,40 € |
L’AVIS DE YANNICK P.
Sébastien Bohler semble être un auteur à part. Avec Neuroland, j’accède à une masse de connaissance dont je n’avais que très peu perçu l’existence. Le fonctionnement de certains récepteurs neuronaux. Le garçon tient son sujet, il est l’auteur d’une thèse de neurobiologie moléculaire et s’il semble parfois nous noyer sous les descriptions scientifiques, c’est pour mieux les vulgariser. Donc attention, ce thriller est digne d’intérêt ! J’ai appris au fil des pages. Je me suis gavé de connaissances dans un domaine qui me paraissait à des années lumières de mes capacités.
Neuroland date de 2015. On le replace dans le contexte, années de terrorisme. C’est d’ailleurs par ce biais que Bohler nous enchaine à cet ambitieux thriller qui mélange politique et science. Trois attentats en plein Paris, 53 morts qui auraient pu être évités si le droit français n’avait pas protégé un jeune djihadiste été arrêté par la police quelques heures auparavant. L’officier de Police Melvin n’a pu le faire parler. Il porte le poids des victimes sur lui. En parallèle, il y a Neuroland, un centre de recherches sur Saclay en région parisienne où deux jeunes chercheurs, Carat et Corsa, travaillent sur un projet révolutionnaire qui permettra de décoder les activités du cerveau de tout homme. Celui qui possédera la capacité technologique de lire dans les pensées, possédera le pouvoir.
Alors oui, ce thriller a quelques faiblesses. Sebastien Bohler tire parfois des ficelles un peu grosses et le suivi temporel du roman parait parfois hâtif voire un poil brouillon. Les personnages sont nombreux et quelques-uns sont oubliés une fois qu’ils ont servi le propos de l’auteur. Enfin, certains personnages peuvent se révéler très manichéens. Là, je parle de Vincent Carat, élève moyen de master sous la tutelle de son responsable, Serge Larcher. Vincent est 19ème au classement de son école, il est motivé par les recherches sur la maladie d’Alzheimer dont sa mère est atteinte. Mais Vincent a un avantage sur tous les autres élèves, il a des idées brillantes. Second personnage pour qui on ne peut avoir que de l’empathie, Maria Svetkova. Elle a fui la Russie avec son jeune fils. Elle reprend ses études sur Paris soutenue par Larcher. C’est une jeune femme belle et talentueuse. Mais voilà, ces personnages, Carat, Maria, Melvin, Larcher, suffisent-ils à contrebalancer l’odieux, l’abject de l’histoire ?
Et là, Sébastien Bohler campe un psychopathe de très haut vol. Franck Corsa est brillant. Il est major de sa promo et ne supporte pas que quiconque entrave sa route. J’ai rarement été poussé à détester à ce point le personnage central d’un roman. Car pour traiter de la manipulation et de la corruption, Bohler nous offre un être porté par sa propre ambition, prêt à tout pour assouvir sa soif de puissance. Totalement, amoral, d’une intelligence rare, sachant séduire et manipuler les autres pour se placer en leader incontesté, Corsa est un homme effrayant, antipathique, exécrable. Je limite les synonymes car nombreux sont ceux qui me viennent à l’esprit. Honnêtement, j’ai dévoré ce thriller, mais il m’a fallu faire des pauses. La tension imposée par Corsa fut d’une rare intensité. Rien que pour cela, ce thriller vaut le coup. Cet individu est haïssable au plus haut point. Il est démoniaque. En faire le centre d’un roman de 600 pages, où la neurologie et la neurobiologie se présentent comme une alternative technologique potentielle à la torture, où la vision d’un futur technologique viendrait percer nos secrets les plus intimes, était un pari. En cela, Neuroland est réussi. On attend les switches et le climax avec impatience. On avale les procédés et les formules en se demandant si le mal va prendre fin.
Ce thriller est aussi, une vision du monde de la recherche et une critique du monde politique. Ce n’est pas très glorieux. L’intelligence et la soif ne font pas bon ménage quand elles croisent les ambitions. Enfin, c’est également, une référence directe au centre d’imagerie cérébrale Neurospin de Saclay qui travaille sur la recherche de ce fameux code neural qui permettrait de relier les pensées d’un individu à l’activité de ses neurones. (http://www.cea.fr/Pages/actualites/sante-sciences-du-vivant/semaine-du-cerveau-2018.aspx). Tu l’auras compris, lecteur de cette chronique, Neuroland, sous couvert de roman, nous parle aussi de notre avenir et donne à réfléchir.
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