Présentation Éditeur
Une enquête de la commissaire Maxime Tellier
La commissaire Maxime Tellier se retrouve à devoir enquêter sur une série de meurtres particulièrement violents. Des femmes, entre quarante et cinquante ans, sont assassinées un peu partout en France suivant le même mode opératoire. Le seul point commun des victimes : la Normandie. Max n’a d’autre choix que de quitter sa juridiction parisienne pour collaborer avec les services de gendarmerie de Lisieux où une cellule de crise a été créée. Une fois sur place, Max comprend rapidement que la région n’est pas le seul élément déclencheur de ces meurtres.
En parallèle, Max se retrouve acculée par un nouvel élément lié à une enquête nettement plus personnelle qu’elle mène depuis trente ans. L’assassin de sa mère vient de refaire surface…
Origine | |
Éditions | Hugo & Cie |
Date | 1 octobre 2020 |
Pages | 378 |
ISBN | 9782755684810 |
Prix | 7,60 € |
L'avis de Cathie L.
La Faiseuse d’Anges, premier volet de la trilogie consacrée aux enquêtes de la commissaire Maxime Tellier a été publié en 2014 par les éditions du Crabe, en 2017 par les éditions Nouvelles Plumes. La présente édition est celle réalisée par les éditions Hugo Poche en 2020, dans la collection Suspense. Le style incomparable de Sandrine Destombes allie fluidité et énergie, donnant au roman une couleur faite de puissance narrative et de finesse d’analyse, sans toutefois mâcher ses mots, mais sans une once d’agressivité : « Une fois seule dans son bureau, Max sentit la fatigue s’abattre sur elle. Les premières heures de la matinée avaient été trop chargées pour qu’elle prenne le temps de faire le point. A bien y réfléchir, elle n’avait pas vraiment de quoi en faire un. Ses deux enquêtes étaient au point mort, sans aucune piste à exploiter, et Enzo serait d’ici quelques heures à plus de mille kilomètres d’elle. Elle devait trouver de quoi s’occuper l’esprit. » (Page 27).
Construction: les chapitres assez courts et les nombreux dialogues donnent au roman son rythme de croisière, relayé par les passages narratifs juste suffisants pour brosser un tableau le plus réaliste possible d’une enquête criminelle.
Thèmes: avortement, maternité.
Maxime Tellier, nouvellement promue commissaire, est toujours hantée par le meurtre de sa mère, survenu trente ans plus tôt en sa présence, alors qu’elle était âgée de huit ans. Malgré des séances d’hypnose et de psychanalyse, les souvenirs de ce jour fatidique, notamment le visage du meurtrier, refusent de remonter à la surface, l’emmurant dans un silence qui devient de plus en plus pesant, l’empêchant d’avancer dans la vie.
Le corps d’une femme est retrouvé atrocement mutilé dans un entrepôt désaffecté sur les quais de la Seine: le visage écorché, les doigts brûlés à l’acide, aucun papier. Donc aucune identification possible. Pour quelle raison ? Affaire qui vient s’ajouter à l’enquête que Max et son équipe mènent sur la mort d’une autre femme, Catherine Louvier, retrouvée morte dans son appartement. Affaire surnommée « La dame aux camélias » par la presse. Avec pour seul témoin un adolescent vu dans la cage de l’escalier de l’immeuble…
En creusant un peu, Max trouve des affaires similaires au meurtre de la femme de l’entrepôt: deux cas non résolus, perpétrés à Lisieux et à Avignon, dont l’une toujours non identifiée. Aucun indice, aucune piste, sinon le profil type des victimes et le modus operandi. Bien maigre point de départ. Max redoute surtout qu’ils aient affaire à un tueur en série sévissant sur tout l’hexagone. Si c’était le cas, la pression de l’opinion publique, de la presse et de sa hiérarchie deviendrait vite ingérable.
C’est alors qu’elle reçoit un message sibyllin émanant de l’assassin de sa mère. Pourquoi se manifester trente ans plus tard ? Que lui veut-il ? Entre ses enquêtes croisées, ses problèmes personnels, les exigences du juge d’instruction et l’absence pesante d’Enzo, Max va avoir besoin de toutes ses ressources, de sa perspicacité et du soutien indéfectible de son équipe pour boucler ces deux affaires.
Equipe de Maxime qu’elle a sélectionnée soigneusement, de façon à ce que chaque membre apporte un regard différent sur les affaires criminelles à traiter. Ils sont tous complémentaires, un atout important dans la police. Malgré le tutoiement instauré par Max elle-même, ses « hommes » lui vouent respect et loyauté. Ils sont solidaires, toujours prêts à se couvrir en cas de pépin. Des personnages attachants que l’on aura plaisir à retrouver dans les volets suivants « L’Arlequin » et « Ainsi sera-t-il ».
Curieusement, peu ou pas de description des lieux des crimes. Une enquête menée tambour battant dans laquelle l’auteur ne s’attarde pas dans des passages narratifs qui ne feraient que ralentir le rythme du récit. C’est à peine si elle nous donne çà et là quelques indications indispensables pour suivre les enquêteurs dans leurs investigations.
Sous « l’innocente » motivation de raconter une enquête policière fictive, Sandrine Destombes n’hésite pas à égratigner au passage certaines idées préconçues qui ont la vie dure, malgré les soi-disant progrès sociaux réalisés ces dernières décennies. Notamment la place des femmes dans la police, sans agressivité ni féminisme primaire, se contentant d’émettre un constat dans un système complexe et très hiérarchisé :
« Max -c’est ainsi qu’elle souhaitait se faire appeler- avait réussi le concours interne pour devenir commissaire de police et elle savait qu’elle n’avait pas droit à l’erreur. Tous les yeux étaient braqués sur elle. Certains attendaient, avec plus ou moins d’impatience, qu’elle se noie dans ses nouvelles attributions tandis que les membres de son équipe ne bougeaient pas le petit doigt sans sa bénédiction. » (Page 10)…
« Max fulmina tout le temps que dura la conférence de presse. Sa place n’était pas ici. Le procureur avait exigé sa présence tout en lui signifiant qu’il n’attendait rien d’autre d’elle. Max avait la désagréable sensation de servir de faire-valoir, d’incarner l’image de la politique de parité au sein des forces de l’ordre. dans les faits, elle était la potiche de service qui devait écouter son propre compte-rendu débité par un homme qui, de son côté, ne l’avait lu qu’en diagonale. » (Page 23).
Encore carton plein pour Sandrine Destombes avec ce polar bien ficelé dont on lit de bout en bout les 379 pages sans s’ennuyer une seconde, porté par ses personnages attachants et ses pointes d’humour bienvenues. Et toujours cette empathie naturelle qui donne au roman un ton particulier, bien à lui…
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