Philippe GEORGET : Méfaits d’hiver

Sebag lieutenant de police à Perpignan, apprend que sa femme le trompe.

Et là c’est la débandade, le désespoir qui débarque sans crier gare dans sa vie de mâle, il ne l’aurait pas cru… Pas lui. Ca ne peut pas lui arriver, et pourtant.

Dès lors, difficile d’être concentré dans son boulot de flic, d’être au mieux chaque jour entre le boulot et la vie à la maison, alors que sa tendre épouse cherche à lui prouver qu’elle a fait une terrible erreur et qu’elle l’aime toujours.

Au même moment, hasard de la chose qui lui tombe dessus, une pléthore de fait divers s’abat sur la ville du sud de la France : une majorité d’adultères se termine dans le sang, la fureur… et la mort.

Ce qui ne va pas aider notre cher lieutenant qui aurait préféré enquêter sur autre chose de plus réjouissant…

Première incursion dans l’univers polardeux de Philippe Georget, un auteur qui a à son actif quelques romans publiés dans cette excellente maison d’édition qu’est Jigal Polar… et j’avoue avoir bien apprécié cette découverte de l’auteur.

Certes, une intrigue somme toute classique (bien que rarement exploitée dans les romans policiers et surtout tout au long d’un récit), des personnages de flics et de suspects assez simples (sans tomber toutefois dans les clichés et la caricature, bien que le personnage du flic trompé aurait une facilité pour le romancier) mais ce qui va changer la donne dans la lecture de ce polar sombre aux accents du soleil du Sud, c’est le traitement imposé par l’auteur pour tenir en haleine le lecteur et lui donner envie de s’attacher aux différents protagonistes de l’histoire.

Comme beaucoup d’écrivains qui écrivent de bons, voire d’excellents romans policiers, Philippe Georget a su exploiter les personnages de son récit avec talent.

En effet, il ressort de ce polar, une vraie humanité. Des personnages qui auraient pu donner un immondice de clichés sur le flic désabusé, trompé, qui boit pour oublier etc… et son équipe de bras cassés, et j’en passe des meilleures. Et justement, meme si l’auteur en fait part en ce qui concerne le personnage de Gilles Sebag, il sait le faire avec talent et efficacité en nous donnant l’envie de s’attacher à ce lieutenant de police qui découvre qu’il est cocu.

Et dans cette enquête tortueuse (car ces faits divers (ou d’hivers) sont plus complexes qu’il n’y parait) où l’évidence n’a pas son mot à dire, que les suppositions hasardeuses sont légion, faute de preuves, Philippe Georget a su donner à ses personnages, une humanité extraordinaire qui s’allie merveilleusement bien avec le sujet principal de son roman. A l’image d’une excellente série TV qui a fait les beaux jours de Canal+ (je veux parler de la série « Engrenages », dont j’avais déjà parlé pour un précédent roman de cette maison d’édition, mais pas pour les mêmes raisons) j’ai largement apprécié en tant que lecteur, de suivre les différents personnages de ce récit, dans leurs vies de flics, d »hommes, d’amants, de père aussi… Tout ce petit groupe de personnages principaux et secondaires servent admirablement le récit de cette enquête ô combien difficile.

Philippe Georget a un talent extraordinaire pour mettre de l’humanité dans ses personnages sans pourtant perdre son récit. A l’image d’autres excellents auteurs du genre, déjà chroniqués sur Zonelivre (je peux vous parler de Alexis Aubenque, Laurent Scalese, Olivier Truc…) et qui savent allier avec bonheur une enquête policière et une humanité forcément attachante avec leurs personnages de papier, je ne peux que vous recommander de lire cet excellent polar de l’auteur français.

De bons dialogues, une enquête compliquée et plus tortueuse qu’il n’y parait, de bons personnages auxquels on ne peut que s’attacher… vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé cette découverte des romans de Philippe Georget. J’y reviendrai à coups sûr. Et j’espère que l’auteur fera l’honneur de balader à nouveau ses lecteurs dans la belle ville de Perpignan… même en hiver.