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Mort aux banquiers !
Athènes. On retrouve plusieurs personnalités du monde de la finance décapitées, tandis que des tracts inondent la ville, appelant les clients des banques à ne plus rembourser leurs emprunts. Le commissaire Charitos mène l’enquête une fois de plus, affrontant quelques redoutables personnages (dont certains de ses collègues), les éternels embouteillages d’Athènes et la crise qui ravage le pays. La patience et l’humanité de ce Maigret hellène le mèneront jusqu’à un bien étrange assassin, tout en faisant découvrir au lecteur une Grèce criante de vérité, décrite avec une ironie mêlée de tendresse.
Charitos n’est pas au bout de ses peines : Liquidations à la grecque constitue le premier volet d’une Trilogie de la crise où nous les retrouverons, lui et son pays, « où tout peut s’expliquer par la démence ».
Petros Markaris, né en 1937 à Istanbul d’une mère grecque et d’un père arménien, vit à Athènes. Auteur dramatique, scénariste pour Theo Angelopoulos, il est également traducteur (de Brecht et de Goethe). Ses enquêtes du commissaire Charitos, largement traduites, sont très appréciées des lecteurs en Grèce, en Allemagne, en Italie et en Espagne.
L'avis de Cathie L.
Liquidations à la grecque Petros Markaris
Petros Markaris est un auteur, scénariste, dramaturge et traducteur grec né en 1937 à Istanbul. Dans un premier temps, il a étudié l’économie, puis il s’est lancé dans une carrière de scénariste. Auteur de pièces de théâtre, il est le créateur d’une série très populaire pour la télévision grecque. Il est l’un des traducteurs grecs des œuvres de Brecht et de Goethe. Il vit à Athènes. Il est connu en France comme auteur de romans policiers et créateur du personnage du commissaire Kostas Charitos.
Liquidations à la Grecque, dont la version originale est parue en 2010,a été publié par les éditions du Seuil en 2012, dans la collection Policiers Seuil. L’histoire est racontée à la première personne par le commissaire Charitos, dont on découvre l’univers familial et professionnel. Il est le premier tome de la Trilogie de la Crise. Le style fluide est rythmé par de nombreux dialogues, souvent empreints d’un humour noir, comme dans cette conversation entre Charitos et le légiste : « Je ne comprends pas cette manie que tu as de me faire disséquer des corps sans tête, dit-il, agacé, tout en enfilant ses gants de chirurgien. Dis à tes assassins de prendre un flingue, pour changer. » (Pages 182-183). Pas de temps mort ni de longueurs.
Fil rouge : difficultés de circulation dans Athènes qui souvent entravent les déplacements de la police.
Tandis que le commissaire vient juste de marier sa fille, Nikitas Zissimopoulos, ancien gouverneur de la Banque Centrale, est retrouvé mort dans le jardin de sa villa par son jardinier. La cause de la mort est la décapitation. Une feuille de format A4 portant un énorme D est épinglée sur sa chemise.
Au vu du poste important occupé par Zissimopoulos avant de prendre sa retraite, Charitos envisage divers mobiles, tous aussi plausibles les uns que les autres. Blanchiment d’argent ? Corruption ? Vengeance ? Règlement de compte ? Assassinat politique ? En l’absence d’indices, l’enquête piétine.
C’est alors qu’un second meurtre est commis. Cette fois, la victime est Richard Robinson, directeur général de la Firth British Bank, retrouvé décapité dans son bureau. Comme Zissimopoulos, la cause de la mort est la décapitation. Même assassin ? Même mobile ? Charitos s’y perd, manquant d’indices probants et de témoignages lui permettant d’élaborer une théorie tenant la route.
Stathakos, directeur de la brigade anti-terroriste, et le ministre sont convaincus qu’il s’agit d’une affaire de terrorisme. Avis que Charitos est bien loin de partager, bien qu’il dispose de bien peu d’éléments pour étayer une hypothèse démontrant le contraire. Les deux meurtres seraient-il s liés à la campagne d’affichage et d’annonces massives encourageant les gens à ne pas honorer leurs dettes contractées auprès des banques ? Vue la crise économique sans précédent qui se profile à l’horizon, les banquiers deviennent la cible d’un vengeur anonyme.
Charitos est sommé par le ministre et par le directeur de la police de résoudre cette complexe affaire au plus vite avant que les choses ne dégénèrent et que les banquiers ne prennent des mesures radicales qui ne feraient qu’aggraver la tension déjà préoccupante.
Ambiance sociale morose, le roman se situant en 2010, au début de la crise sans précédent qui commence à montrer des signes qui ne trompent pas: l’état grec croulant sous les emprunts qu’il éprouve de plus en plus de difficultés à rembourser, la ville est sans cesse secouée par des manifestations de gens mécontents, à commencer par les retraités, les petits épargnants, générant des embouteillages monstres gênant le travail d’investigation de la police => C’est cette capacité à mêler sa fiction aux réalités sociales de son pays qui donne au roman son intérêt distinctif, une épaisseur bienvenue.
A cela s’ajoutent les suppressions de primes, les remboursements médicaux et les salaires ratiboisés, la pénurie dans les magasins, toutes circonstances qui commencent à plomber le quotidien des Grecs, en particulier de Charitos et sa famille.
Un des principaux atouts de Liquidations à la grecque est de se faire « télescoper » de façon intéressante et instructive, sans lamentations ni récriminations excessives, la réalité d’un pays en faillite avec la fiction,de nous faire vivre sa lente descente aux enfers de l’intérieur, de nous donner les clefs pour la décrypter. En bref, faire vivre au lecteur la crise économique et sociale grecque de l’intérieur, tout en suivant une enquête criminelle crédible et bien ficelée. Avec la touche personnelle de Petros Markaris, son humour caustique, son analyse toute en finesse et objectivité, son regard acerbe et tout à la fois bienveillant sur son pays, sur ses compatriotes dont il montre les petitesses mais également les grandeurs, sans oublier leur héritage culturel immense.
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