Présentation Éditeur
la jungle de Calais vient d’être démantelée et Lucille, qui avait plaqué son métier d’enseignante pour venir en aide aux migrants, se retrouve désemparée. Cherchant un « point de chute », elle arrive chez un vieux loup solitaire nommé Anatole. Ce dernier lui loue une caravane sur son terrain. Anatole est chasseur. Il passe des heures à bricoler des oiseaux en bois destinés à servir de leurre. Il n’attrape jamais grand chose, mais rêver lui suffit. Une étrange relation se noue entre la jeune femme et le chasseur solitaire. Leur modus vivendi est bientôt bouleversé par l’arrivée de Loïk. Un gars qui a fait de la prison. Un impulsif. Imprévisible.
Origine | |
Éditions | Rivages |
Date | 18 septembre 2019 |
Pages | 219 |
ISBN | 9782743648442 |
Prix | 19,00 € |
L'avis de Yannick P.
Entre Gravelines et Dunkerque, il y a les plages qui s’éloignent, la réserve naturelle, les traces et les souvenirs des combats entre le cochon Noir et le blockhaus, donnent à L’horizon qui nous manque un air de vieux film. Ce décor est omniprésent. C’est un des personnages.
Je comprends soudainement mieux, l’attachement de mes amis à cette terre si particulière.
Cette mer du Nord, qui parait s’étirer à perte de vue, est traversée par une lumière particulière. Des nuages bas portés par un vent qui fouette les plages sans fin, des lieux de solitude, où le tout se rejoint en un horizon lointain.
Cette ambiance qui confère aux gens du Nord une aura toute particulière.
Alors arrivent les personnages. Sur la brèche. Faits de pas grand-chose et attachants. L’horizon qui nous manque fait partie de ces romans noirs sociaux où l’homme et la femme portent l’intrigue de manière intrinsèque.
Je découvre Pascal Dessaint grâce à Marin Ledun. J’y retrouve, en parti, ce que j’aime chez ce dernier. Une aptitude à aimer les gens pour ce qu’ils sont ou pourraient être, à mettre en exergue les rapports humains et à mettre en lumière la nature comme personnage à part entière. Pas de jugement. Une simplicité dénuée de faux semblant.
Chez Dessaint, les personnages se résument presque exclusivement aux trois protagonistes. Lucille, son burn-out, ses migrants, sa famille délaissé et son hibou. Loïk l’ancien taulard vivant dans une baraque à frites au coups de colère incontrôlés. Tous les deux logent chez Anatole, l’une dans une caravane. Anatole dans son mobil-home ou dans sa hutte de chasse. Anatole et son passé, ses oiseaux appeaux sculptés dans le bois flotté et ses bons de réduction. Bien entendu, il y a les seconds rôles, mais ces trois là se suffisent à eux même. Ils nous offrent une tranche de vie. Pas forcément reluisante. On sait même avant de finir les premières pages qu’ils ne sont pas armés pour affronter la vie telle que l’exige notre société.
L’Homme est désœuvré, inadapté à la société dont il fait partie. Comme nos trois survivants. S’ils ont encore quelques rêves à n’en plus finir, s’ils sont bercés par un parfum de Gabin qui se traine le long des pages, plus le temps passe, moins ils semblent adaptés à ce monde. Presque résignés à leurs sorts.
L’horizon qui nous manque devient alors le glas de cette représentation populaire dont il n’a plus qu’un souvenir tendre, comme l’image que l’on se fait de la mer du Nord au loin. Chacun d’eux, Anatole, Lucille même Loïk, est touchant, armé d’une parcelle d’humanité qui le porte et lui offre une particularité.
La Nature est là, portée par des oiseaux encore libres. Certes, elles est souillée par endroits. Mais, là-haut, elle s’offre à qui la mérite. Ce roman qui tend vers le noir est fait d’émotions. Il est centré sur l’humain et cette région qui ne demande qu’à s’offrir à ceux qui veulent bien lui donner sa chance. C’est un joli moment de lecture.
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