Présentation Éditeur
Dans la Rome de 1935, traversée par la violence fasciste, Cesare, à peine sorti de l’enfance, se cherche, entre vestiges impériaux, blancheur marmoréenne des églises, propagande politique et rencontres d’un jour.
Son mentor, le commissaire Gaetano, le conduit à travers une enquête sur le meurtre d’une jeune fille, qui devient pour Cesare, un parcours à la découverte de sa sexualité et de ses origines.
Tout bascule lorsque la solution du crime met Cesare et Gaetano en présence du chef de toutes les polices du régime, qui en fait des complices malgré eux.
Michel Chevallier a été successivement journaliste, puis la plume de divers hommes politiques suisses, avant de se lancer dans l’écriture pour son propre compte. Rome est une femme est son premier roman.
Origine | |
Éditions | Harmattan |
Date | 9 octobre 2020 |
Pages | 234 |
ISBN | 9782343214641 |
Prix | 21,00 € |
L'avis de
Le dernier roman de l’auteur Michel Chevallier a pour titre « Rome et une femme ». Avec sa couverture percutante rouge et noire, une silhouette minimaliste féminine marche, elle porte un chapeau. Tout en symétrie, le monument du Colisée se découpe, créant une perspective qui évoque également l’esthétique de la propagande utilisée lors des deux premières guerres mondiales. Cet ouvrage a été édité chez l’Harmattan en octobre 2020. Dans cette enquête policière atypique, le personnage principal est un policier débutant appelé Cesare Accardi. L’action prend place en plein cœur de la capitale italienne en 1935. Pendant l’entre-deux-guerres, le tyran Mussolini lance une offensive contre l’Éthiopie. En cause ? La pression des autres pays colonialistes qui entourent l’Etat, qui cherche alors à gagner en autorité sur la scène internationale.
Le « Duce » est partout : dans les cœurs, dans les rues…
… Et son influence s’étend dans l’esprit des individus. Pour l’Italie, le joug fasciste dévoile un double tranchant. Après tout, Rome compte en son sein le Vatican, le siège du pape et de la chrétienté. Avec sa culture de « bon vivant » à la Dolce Vita, ses histoires d’amour affriolantes et son Art sensuel, l’Histoire de l’Italie se gorge d’incohérences et de paradoxes. Le leadeur autoritaire représente l’ordre : la foi italienne si ancrée devient désuète et honorer la patrie revient à tirer un trait sur tout le patrimoine de ce magnifique pays.
Revenons-en au héros, Cesare Accardi. Ce dernier travaille sous les ordres du commissaire Gaetano, intelligent et charismatique. Ensemble, ils enquêtent sur la mort d’une jeune fille, retrouvée nue sur la plage… Qui est-elle ?
Un « cadavre exquis »
Pourquoi a-t-on cherché à tuer une aussi jolie jeune femme et quelle est son histoire ? Il faut absolument mettre la main sur le responsable, car il pourrait bien recommencer. La découverte de la dépouille de Vantona Vizzi ne manque pas de troubler profondément le protagoniste, qui s’éprend donc de la défunte. Cette première scène de meurtre s’attaque sans tabou à certaines thématiques jugées comme inconvenantes ou gores, mais traitées avec une plume fine, précise et jamais vulgaire. Michel Chevallier écrit la nécrophilie, le sadomasochisme et même le blasphème, en mêlant la douleur martyre à l’extase orgasmique… Au fil de l’affaire, le duo Accardi-Gaetano se confronte à des situations dangereuses. Cet assassinat pourrait bien cacher de lourds secrets, qui pèsent sur des intouchables. Mais est-ce que la vérité triomphera vraiment ? Va-t-on encore accuser de sordides personnages, afin de protéger les plus puissants dans l’ombre ?
Cesare Accardi et son propre désir : aimer une morte
Alors qu’il déploie toutes les chances de son côté pour mettre la main sur le coupable, il semblerait que l’affaire devienne « personnelle » pour Cesare, qui frôle l’obsession. A l’enterrement de la victime, le héros tombe sous le charme de celle qui a été tuée, sans que l’on sache pourquoi. Lui-même définit cet instant comme un mariage. Même son amie Liana s’interroge au sujet de son rapport aux femmes. Est-il seulement autorisé à fantasmer sur cette personne qu’il ne connait pas et qu’il ne connaitra jamais ? En parallèle, Cesare fait face à l’oppression du régime, qui se mêle aux tentatives de sabotage et de résistance.
Un roman policier historique réaliste
Plutôt que d’adhérer aux clichés et ainsi imaginer des personnages monstrueux ou angéliques peu crédibles, Michel Chevallier choisit de brosser des portraits d’hommes et des femmes qui auraient pu exister. Soumis au racisme et à la misogynie constants, les dialogues sont parfois choquants, mais témoignent bien d’une volonté, de la part de l’auteur, de créer une atmosphère authentique. Cesare et ses racines modestes avec son tempérament indépendant reste de marbre face aux envolées lyriques, où les adeptes de Mussolini courbent l’échine.
D’ailleurs, le lecteur ne s’ennuie jamais. L’écrivain maîtrise parfaitement le rythme de sa narration, oscillant entre scènes introspectives, où le héros pense et réfléchit. Dans ses rêves, Cesare se voit coincer le coupable, mais n’y parvient jamais vraiment. Une espèce de sensation de fumée, où le cerveau du meurtre demeure insaisissable… De l’autre côté, il retranscrit l’action, l’intensité – pour un ensemble qui apparaît comme réussi.
Des descriptions fidèles et un final haletant
Finalement, Rome est une femme expose une affaire réaliste ainsi que les vices d’un système corrompu. L’auteur Michel Chevallier parvient à capter durablement l’attention de son lecteur, tout en retranscrivant avec élégance et froideur les heures les plus sombres de l’Histoire. Dans cette Italie que l’on cherche à remanier, en oubliant son passé glorieux, les gens tentent de survivre comme ils peuvent. D’autres subiront le triste sort que l’on réserve aux esprits libres, ceux qui veulent se détacher de l’autorité suprême du leadeur. Glaçant, terrifiant et divertissant, cet ouvrage se parcourt rapidement.
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