Marie-Emmanuelle Kervénoël : Correspondance

Marie-Emmanuelle Kervénoël : Correspondance

Présentation Éditeur

Sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face (1873-1897) écrivait : « Je voudrais déjà quitter la terre et contempler les Merveilles du Ciel ». Suite à une tentative d’autolyse, je suis entrée en relation avec l’organisme SOS Amitié. Mon manuscrit, œuvre autobiographique, relate ces échanges épistolaires quotidiens se déroulant sur quelques mois qui sont un appel au secours. Au cours de ces messages, je raconte que depuis longtemps, j’ai oublié de prendre le train de la vie. Il est parti sans moi en m’abandonnant sur le quai avec ma solitude. Comme spectatrice du film de la vie dans lequel aucun rôle n’est prévu pour moi dans la distribution, j’observe les autres vivre, n’étant pas impliquée dans leur histoire.

Parallèlement, je retrace ma foi en Dieu et mon aspiration à me retrouver à la droite du Père tout Amour incapable de décevoir. Espoir de l’Amour inépuisable et la passion de l’Absolu. Éternité brûlante tant désirée depuis si longtemps. Le désir de partir dans un monde purifié et virginal. La souffrance envolée, arrive alors la légèreté étincelante d’une vie pétrie de félicité… Enfin l’extase perpétuelle !

Origine Flag-FRANCE
Éditions Des Auteurs des Livres
Date 19 septembre 2024
Pages 184
ISBN 9782492375453
Prix 15,90 €
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L'avis de Nicolas Bücher

Dans l’intimité d’un cri silencieux, Correspondance : l’appel au secours d’un être en souffrance mentale et comment soulager cette détresse déploie les méandres d’une âme fracturée. Marie-Emmanuelle Kervénoël, dans une sincérité désarmante, dévoile ses tourments avec une précision presque viscérale, offrant au lecteur non pas une simple fenêtre, mais un vertige, une immersion totale dans le tumulte intérieur qui l’habite.

Chaque lettre qu’elle écrit, chaque mot qu’elle confie, est une prière murmurée dans l’obscurité. Car en elle, la douleur n’est pas seulement une passagère ; elle est une présence, une compagne cruelle qui modèle ses jours et ses nuits. La bipolarité et la dépression ne sont pas ici des concepts abstraits, mais des forces qui s’incarnent, qui tirent et déchirent son être, l’aspirant parfois dans des abîmes où la lumière semble un souvenir. Et pourtant, dans cet effroi, elle écrit, elle tend la main, elle dialogue avec les voix bienveillantes de SOS Amitié, ces inconnus qui deviennent le rivage vers lequel elle rame désespérément.

Dans cet échange, on devine l’invisible fil d’une psyché suspendue entre deux mondes : celui des ombres qui la hantent, et celui de l’espoir, fragile mais tenace. Le lecteur assiste, témoin discret, à cette danse délicate entre les énergies contraires qui façonnent son esprit. Il est frappé par la clarté avec laquelle elle explore ses propres abîmes, comme si les mettre en mots pouvait les rendre plus supportables. Chaque lettre devient alors une catharsis, un miroir où elle affronte sans détour ses angoisses les plus profondes et ses désirs de transcendance.

Car au-delà des ténèbres, Marie-Emmanuelle porte une quête, presque mystique. Une foi vacillante mais persistante émaille ses écrits, donnant à son récit une dimension spirituelle qui transcende l’individuel. Dieu n’est pas ici un remède universel, mais une étoile lointaine, une promesse ténue de rédemption qui guide ses pas, même lorsque la douleur la pousse à douter. Cette dualité entre le doute et la foi, entre la chute et la volonté de se relever, confère à son témoignage une humanité poignante. Ce n’est pas une foi triomphante qu’elle raconte, mais une foi vulnérable, érodée et pourtant vivante, comme une braise qui refuse de s’éteindre.

correspondanceÀ travers ces pages, on ne lit pas seulement la souffrance ; on entend battre un cœur qui cherche encore à aimer, à vivre, à trouver un sens au chaos. On ressent l’épuisement des jours sombres, la joie timide des instants où la vie redevient douce, la rage impuissante face à une maladie qui détruit sans prévenir. Mais surtout, on devine une volonté farouche de ne pas céder, de continuer à chercher malgré tout. Ce n’est pas un combat glorieux, mais un combat réel, avec ses victoires fugaces et ses défaites déchirantes.

Correspondance est un livre qui ne se lit pas avec légèreté, mais avec le cœur grand ouvert. C’est un hymne à la complexité de l’âme humaine, à sa capacité de résister même lorsque tout semble perdu. Marie-Emmanuelle Kervénoël ne cherche pas à embellir la souffrance, mais elle en fait une matière brute, qu’elle sculpte avec des mots empreints d’une beauté tragique. Elle nous offre une œuvre qui, sous le poids de son désespoir, parvient pourtant à élever, à toucher l’universel.

Dans ce dialogue épistolaire, dans ce ballet de douleurs et d’éclats d’espoir, elle nous rappelle que, même au plus profond des ténèbres, il reste toujours une possibilité d’entendre une voix, de saisir une main, d’écrire une lettre. Et peut-être, juste peut-être, de retrouver un peu de lumière.

Nicolas Bücher
Nicolas Bücher
Journaliste et passionné de littérature

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