PRÉSENTATION ÉDITEUR
« Écrire une nouvelle, c’est tenter, en quelques lignes, de donner vie à un personnage, de faire passer au lecteur autant d’émotions qu’en plusieurs centaines de pages.
C’est en cela que la nouvelle est un genre littéraire exigeant, difficile et passionnant. »
Karine Giebel
« Partir sans lui dire au revoir.
Parce que je me sens incapable d’affronter ses larmes ou de retenir les miennes.
L’abandonner à son sort.
Parce que je n’ai plus le choix.
(…)
Je m’appelle Aleyna, j’ai dix-sept ans.
Aleyna, ça veut dire éclat de lumière.
(…)
J’ai souvent détesté ma vie.
Je n’ai rien construit, à part un cimetière pour mes rêves.
Là au moins, on ne pourra pas me les voler. »
Si les romans de Karine Giebel sont parmi les plus lus en France et ont fait le tour du monde, celle-ci excelle depuis quelques années dans un genre tout aussi exigeant : la nouvelle, où elle condense en quelques pages seulement toute la force de ses romans. D’OMBRE ET DE SILENCE réunit neuf textes, dont certains sont inédits et d’autres restés jusqu’à aujourd’hui très confidentiels. Voici l’occasion de (re)découvrir Karine Giebel intensément, grâce à ce recueil de nouvelles noires, humaines, engagées…
L’AVIS DE YANNICK P.
Un recueil de nouvelles est une denrée rare. Peu sont édités. Le genre est semble-t’il passé de mode chez les éditeurs. Belfond et Karine Giebel réussissent un tour de force.
Ecrire une nouvelle est un exercice passionnant qui demande du doigté. Cela exige de l’auteur une réelle maitrise de l’écriture, de ses sujets et de ses personnages. En quelques pages, il convient d’emporter le lecteur, l’emmener à l’essentiel. S’affranchir de tout ce qui n’est pas nécessaire. Aller à l’os. Rogner, réduire, ramasser, savoir concentrer la tension autour de quelques personnages forts, comme le sont Aurore, Alban, Delphine, David, Juliette ou Aleyna.
Le talent de l’auteure nous fait plonger dans un univers particulier. Celui de Karine Giebel est exigeant. Il vous remue les tripes, parfois vous laisse KO, tremblant. La violence est latente, la moindre douceur est souvent une faiblesse.
Transposer ce qui fait l’essence des écrits de Giebel en quelques pages relève donc du challenge. Autour de 8 histoires, je dois avouer qu’elle arrive une nouvelle fois à parachever ses fictions à la perfection.
Giebel, aborde la souffrance dans sa diversité, se faisant écho de thèmes qui font l’actualité. La religion, la précarité, le harcèlement.
Elle élague le superficiel, extermine les faux semblants. Karine broie ses personnages dans un maelström de misère, où l’indigence côtoie la méchanceté la plus vile. Et quand elle parle d’amour, c’est glaçant. La mort ou la folie ne sont jamais lointaines. Je ne traiterais pas du contenu de chacune de ces nouvelles. En découvrir une once, c’est les dévoiler et par la-même biaiser la surprise faite au lecteur.
Chacun de ses personnages est superbement taillé. Le ton est juste, frissonnant, bouleversant. Fait remarquable, toutes ses nouvelles sont d’une grande qualité. Je n’ai perçu aucun relâchement. L’exercice est mené à la perfection. A chaque fin, le lecteur est mal à l’aise. Il est porté vers une réflexion intime sur notre civilisation, ses travers et les conséquences dont sont victimes les plus faibles d’entre nous. Impossible d’enchainer la lecture de 2 nouvelles consécutivement. Non que D’ombre et de silence se déguste, mais la force déployée par Karine, fait que l’on se relève difficilement.
Sous chaque pierre qu’elle pose, là où l’on espère une once de bienveillance, il n’y a que la racine nue de la haine.