PRÉSENTATION ÉDITEUR
Brillante étudiante à l’Université du Wisconsin, Jane souffre de « fugues temporelles » depuis ses 11 ans, année où elle a été enlevée, dans des circonstances mystérieuses qui n’ont jamais été élucidées. En vacances dans le chalet familial, la jeune fille est seule avec son beau-père Richard, sa mère ayant dû se rendre en urgence à Chicago pour son travail. En pleine nuit, elle se réveille les mains ensanglantées, un couteau à ses pieds. Elle n’est plus dans sa chambre mais dans celle de ses parents. Richard gît à ses côtés, égorgé… Arrêtée, Jane est déférée devant la Cour criminelle. Pour le procureur du comté et la police de Madison, l’affaire est claire : Jane a commis ce crime odieux dans une crise de folie. Ce n’est pourtant pas l’avis de Joseph Sleuth, l’agent du FBI, qui penche plutôt pour un assassinat politique maquillé. Écologiste militant, Richard, en campagne électorale pour le poste de sénateur. Libérée sous caution, Jane est prise en charge par un spécialiste de l’hypnose. Au fil des séances qui la replongent dans son passé, elle retrouve la mémoire. L’étau se resserre…
Origine | |
Éditions | France Loisirs |
Date | 17 janvier 2017 |
Éditions | De Borée |
Date | 18 octobre 2018 |
Pages | 443 |
ISBN | 9782812924668 |
Prix | 20,90 € |
L’AVIS DE CATHIE L.
A fleur de peau James Barnaby (allias Edouard Brasey)
A Fleur de Peau a été publié en 2018 par les éditions De Borée, dans la collection Marge Noire. Le style: dans les moments de tension dramatique, les mots se succèdent en saccades : « Jane grelottait. Une sueur froide inondait son corps. Elle se demandait comment elle avait trouvé la force d’appeler la police…Pianoter sur le cadran 9-1-1. Attendre que l’on décroche. Anonner son identité. Bafouiller en révélant la raison de son appel… » (Page 78).
L’histoire se déroule au rythme très lent des pensées et des ressentis de Jane, ce qu’elle voit ou fait : « En ouvrant les yeux, Jane observa le décor autour d’elle. Elle reconnut la grande pièce de la maison du lac où elle venait chaque été depuis tant d’années. Un homme se tenait près d’elle… Il prit un fin morceau de papier entre ses doigts, passa sa langue sur l’un des bords sans cesser d’observer Jane de son regard vert et pénétrant. » (Page 50)… Lenteur relayée par le décompte des débuts de chapitres indiquant les jours et les heures.
Fil rouge : dessins animés de Walt Disney dans la réalité, sous forme de rêves, de visions et de souvenirs.
Thèmes : les sectes, les techniques d’endoctrinement, la psychiatrie, l’hypnose, la manipulation mentale dont les ressorts sont détaillés avec justesse; la théorie complotiste (thème cher à l’auteur).
Suite à un événement survenu huit ans plus tôt, quand elle était âgée de onze ans, Jane, brillante étudiante, souffre de « fugues temporelles ». La jeune fille redoute terriblement ces « blancs » dont elle ne conserve aucun souvenir. Que fait-elle pendant ces heures occultées ? A-t-elle déjà fait du mal à quelqu’un ?
Comme chaque été, elle passe ses vacances dans le chalet familial. Sa mère ayant dû rentrer à Chicago pour son travail, Jane se retrouve seule avec Richard Holstein, le second mari de sa mère. Lorsqu’il est retrouvé mort, égorgé dans sa chambre, aussitôt Jane, s’accuse du meurtre, bien qu’elle n’en conserve aucun souvenir. Que s’est-il passé cette nuit-là ? Pourquoi Jane s’est-elle réveillée les mains pleines de sang, un couteau à ses pieds, près du corps de son beau-père ?
Pourtant, Richard, qui briguait le poste de sénateur, avait de nombreux ennemis: « Il avait promis de faire voter des lois pour lutter contre la corruption à tous les niveaux. Chez les industriels et les gros céréaliers, mais aussi dans l’administration et la police. » (Page 85). Alors, hallucination ? Crise de démence ? Règlement de compte ? Crime politique? Crime passionnel ?
Pourquoi l’assassin, si assassin il y a, a laissé Jane en vie? La police de Madison, à quatre mois des élections sénatoriales, peu désireuse d’un scandale politique, privilégie la thèse du crime passionnel et la culpabilité de Jane. Mais Joseph Sleuth, agent du FBI, sent intuitivement qu’il existe un lien entre le drame que Jane a vécu enfant et le drame actuel, aussi ténu soit-il. Pour expliquer le présent, il doit connaître le passé…dont la clé réside dans l’esprit de la jeune fille amnésique
Les descriptions des lieux de l’histoire précisent plus ce qu’ils sont plutôt que comment ils sont :
Ville de Madison dans le Wisconsin: contrairement à Chicago, la vie y est « douce et paisible », les quartiers piétonniers et les nombreuses pistes cyclables encourageant les habitants à délaisser leurs véhicules, ce qui explique la qualité de l’air, loin de la pollution des métropoles. Madison, « lieu préservé où l’homme respectait la nature et communiait avec elle », symbolise le havre de paix dans lequel Jane peut se contenter d’être elle-même. Ce qui ne gâche rien, la petite cité, « sorte de quartier latin post-soixante-huitard niché en plein continent américain, baignait depuis toujours dans la contre-culture et les idées contestataires. » (Page 56).
Lieu de vie de Jane: malgré ou à cause de ses troubles psychiques, Jane, tenant à son indépendance, loue un appartement éloigné de l’université où elle étudie, un trois-pièces lumineux donnant sur le parc et le lac. Nous n’en saurons pas plus car l’important n’est pas de savoir les détails de son agencement mais ce qu’il représente pour Jane.=>On ressent ce besoin chez Jane de vivre près de la nature, comme une façon d’exorciser ses démons.
Chalet du lac: ancien refuge en bois destiné aux chasseurs et aux pêcheurs, au coeur de la nature sauvage, à 15 kilomètres du centre-ville, appartenant à Richard. Il est composé d’une grande terrasse donnant sur les rives du lac, un salon lambrissé ouvert sur la terrasse, une petite cuisine équipée d’un four à bois, deux chambres, une grange attenante. Ici, pas de télé ni de radio, encore moins de réseau Wi-Fi. L’électricité est fournie par un générateur. L’eau vient du puits. => « Une vraie retraite en dehors du monde civilisé », au sein duquel Jane peut se régénérer et poser son lourd bagage.
A Fleur de Peau, thriller dans lequel on perçoit l’influence de l’Orange Mécanique d’Anthony Burgess, pointant du doigt la corruption qui gangrène la société américaine, la course à l’argent et au profit qui anime nombre de ses habitants, la soif de pouvoir politique et financier : « Il en profiterait pour tenter de faire voter une loi qui lui tenait à cœur depuis longtemps: la loi anti-trust visant à limiter la puissance des producteurs de céréales qui produisaient impunément des semences à base d’OGM et s’entendaient entre eux pour maintenir le cours des céréales à un niveau élevé. » (Page 57).
Le -: les portraits manichéens de George et de Richard, le méchant et le bon, auraient souffert plus de finesse, de contraste. Défaut rattrapé par le soin apporté au personnage de Jane.
Le + : l’enquête sabordée par la concurrence entre le District Attorney du comté, désireux de montrer à ses électeurs que sa politique en terme de sécurité et de défense permet un pourcentage élevé d’affaires résolues rapidement, ménageant leurs deniers, et le FBI. Les dessous de la justice américaine parfaitement intégrés dans la fiction, lui donnant une épaisseur supplémentaire.
La méthode de torture inédite, plus subtile que les méthodes plus classiques et plus sanglantes mises en pratique dans bon nombre de thrillers, donne au roman son cachet d’originalité. Dans l’ensemble, A Fleur de Peau est un bon thriller que le lecteur arpentera à grands pas, tenu en haleine par la tension dramatique croissante et sons suspense habilement entretenu.
Citation:
« Elle avait fermé ses comptes Facebook et Twitter car elle était assaillie d’insultes et de menaces. Anonymes, bien entendu. Encore une conséquence du monde virtuel où on réglait ses comptes à distance en demeurant masqué. C’était tellement plus facile…Internet était devenu le royaume des lâches et des jaloux. » (Page 429).
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