Rencontre avec l’auteur Marc FALVO, qui se lance un nouveau défi : l’édition
Stanislas Petrosky : Bonjour Marc Falvo… Cela fait quelques temps que nous nous connaissons, tu as déjà quelques romans à ton actif, dans divers genres. Si je te « reçois » aujourd’hui sur Zonelivre, ce n’est pas vraiment pour tes qualités d’écrivain mais pour ton nouveau défi, alors comme ça, maintenant tu es éditeur ?
Marc Falvo : En effet. Après six ans dans l’édition traditionnelle et vingt romans publiés, dont plusieurs chez un certain Atelier Mosésu, j’ai décidé de m’écarter du modèle dominant. Créer une sorte d’hybride. Avec Faute de frappe, je m’autoédite et édite d’autres auteurs. Il y a davantage l’idée de monter un gang, comme les motards, avec des parutions récurrentes plutôt que publier pêle-mêle des bouquins à la chaîne.
SP : Bon, on ne va pas cacher la poussière sous le tapis, nous savons que depuis quelques années, le monde de l’édition n’est pas le plus facile qui soit pour tenter de gagner sa croûte… Tu le sais, alors comment un matin, même pas en te rasant, tu y as pensé ?
MF : En effet bis. Même s’il n’y a pas que dans l’édition où c’est difficile de croûter, je crois que c’est un peu global… Mais sans entrer dans des considérations trop militantes, disons que oui, l’année dernière s’est imposé un bilan. J’avais eu six éditeurs, dont la plupart ont mis la clé sous la porte, je commençais à avoir un bon CV et de l’expérience, mais pas plus de fric en banque que de cheveux sur mon crâne… Alors la question s’est posée : Je fais quoi ? Je persiste et signe ? J’abandonne ? Ou je cherche une autre issue. Comme pendant les pics de départs en vacances, soit tu acceptes de te taper les bouchons et tu gueules, tu subis, soit tu cherches un itinéraire bis. Créer Faute de frappe a été le mien.
SP : Une belle aventure qui démarre, avec je dois dire beaucoup de courage, tu m’as envoyé trois parutions, trois univers différents, tu t’occupes seul des choix éditoriaux ? Quel est ton axe de publication ?
MF : Je m’en suis occupé seul pour les premiers titres. Maintenant je suis en train de réunir un comité de lecture, autant pour varier les affinités que me dégager du temps de travail sur les textes déjà choisis. Tu sais à quel point ces petites bêtes sont chronophages…
Sinon, l’axe de publication est double. D’abord, un texte qui cogne. Peu importe le genre. Je viens plutôt du polar mais on a déjà ouvert à la blanche, au fantastique. Il faut avant tout que les mots résonnent, qu’il y ait une patte, un point de vue et un postulat forts. D’autres vendent très bien de l’eau minérale, moi c’est du goûtu que je cherche.
Ensuite, il y a l’humain derrière le manuscrit. Parce que chez Faute de frappe, on a certains aspects collaboratifs, même au niveau financier, les auteurs sont des partenaires plus que des subalternes, l’éditeur n’est pas un despote – ni un pote, d’ailleurs, on sait déconner en restant sérieux – et si je ne sens pas la personne, je ne signe pas. Il y a un profil spécifique. Les génies insupportables, non merci. Ceux qui pensent que leur livre se vendra tout seul et qu’ils pourront glander en pantoufles devant leur télé idem. Par contre, quand l’humain et le talent sont réunis, comme avec les auteurs actuels et à venir, c’est le panard.
SP : Parce qu’il faut avouer que tu ne fais pas forcément dans la simplicité, je pourrais causer de la couverture de ton propre roman, Noir, ou bien de Ronit, Carnets de neige, que j’ai beaucoup apprécié, mais qui n’est pas forcément ce qui caracole en tête de gondole dans les librairies.
MF : Je le sais, et tant mieux. De toute façon, Faute de frappe est encore beaucoup trop petit pour pouvoir remplir des têtes de gondoles… Blague à part, ce n’est pas le but recherché. Bien sûr je veux que mes titres se vendent, qu’ils soient lus et j’espère appréciés, mais l’idée majeure est claire : on fait de l’édition autrement. Que ce soit dans le rapport entre éditeur et auteur, dans la diffusion et la vente. On assume ça comme du circuit court. Du local, en tout cas pour l’instant, et le moins d’intermédiaires possibles entre les lecteurs et nous.
Et puis, pour être honnête – et pour l’avoir entendu dans la bouche de plusieurs libraires – il y a déjà trop de livres en rayon… Les voies sont saturées, comme celles de L’autoroute, un angoisse paru fin septembre. Alors vive les itinéraires bis !
SP : Une belle charte graphique qui plus est, on reconnaît la patte de Bertrand Binois, il était impossible que cela soit un autre graphiste que lui pour les couvertures ?
MF : Impossible n’est pas Français, en même temps je suis à moitié rital… Mais non, je ne voyais personne d’autre. On est en phase. On se comprend sans se parler, comme un vieux couple. Idem avec Michaël Moslonka, l’attaché de presse. Donc si Bertrand avait refusé, les bouquins n’aurait pas eu de couv. Heureusement qu’il a dit oui…
SP : Les publications de Faute de frappe sont dans toutes les librairies, on peut trouver les livres partout ?
MF : Non. Justement, c’est ce que je te disais plus haut. La diffusion Faute de frappe repose sur deux piliers : les dédicaces en direct – librairies, salons, etc – avec une présence physique de l’auteur, et la boutique en ligne sur le site. Pour l’instant rien d’autre. Je bosse avec les libraires qui m’accueillent mais on ne peut pas commander chez eux. Par contre on peut s’abreuver à la source, enfin ici : https://www.editionsfautedefrappe.fr/boutique … C’est un nouveau réflexe à prendre, je le conçois, mais c’est ce qui est en train de se passer dans pas mal d’autres domaines, en ciné, VOD ou musique. Le circuit court. Ça profite à tout le monde.
SP : Est-ce que Faute de frappe est ouvert à la soumission de manuscrits ? Quel est le genre d’ouvrage que l’éditeur intransigeant que tu es recherche ?
MF : Oui, bien sûr. Pas de genre ni de sujet proscrits. Et un avis en trois points : la pertinence – peu de titres seront publiés par an, pour vraiment avoir le temps de les défendre – l’écho du texte sur nous, son style, et puis le facteur humain. Encore et toujours. On ne publie pas seulement un texte, on invite un nouveau membre dans le gang. Faut que ça colle.
SP : Marc, je te remercie de cet entretien, je te souhaite réussite dans cette belle aventure, et je parle d’ici peu de Noir dans les chroniques de Zonelivre que j’ai pris grand plaisir à lire ! Bonne route l’ami…
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