Rencontre avec l’auteur Gérard Chevalier, découvrez son métier d’écrivain
Jérôme PEUGNEZ : Bonjour Gérard CHEVALIER, pouvez-vous me décrire votre parcours ? Quelles étaient vos lectures de votre enfance ?
Gérard CHEVALIER : J’ai commencé à l’âge de sept ans à dessiner presque tous les jours et à lire également. Enfant de la guerre, souffreteux, j’avais dévoré la bibliothèque verte, Jules Verne, Erkcman-Chatriand, Alexandre Dumas et bien d’autres avant mes dix ans. Ensuite j’ai attaqué la bibliothèque de mon père, directeur du journal « L’Evènement » fondé par Victor Hugo. Justement celui-ci tenait une place prépondérante dans la famille, et avec Emile Zola, ami de mon Grand Père, ma lecture soutenue de toutes ces œuvres, en compagnie de Chateaubriand, Guy de Maupassant, Mark Twain, etc.., ont marqué mon esprit pour ma vie. A quatorze ans je faisais ma première exposition en tant qu’artiste peintre, activité que j’envisageais professionnelle. Après le bac et deux ans passés à l’Académie des Arts Modernes, le service militaire et deux jeunes enfants ont orienté ma vie autrement. Avec mon épouse de l’époque nous avons monté un petit atelier de maquette d’architecture, et de décoration. Ce qui m’a permis d’approcher les grands architectes de l’époque comme André Wogensky, l’ancien directeur d’atelier de Lecorbusier. Et puis, harassé de travail la tentation de jouer la comédie est venue interrompre cette activité. J’ai radicalement changé de vie et je suis devenu acteur. La télévision m’a donné des premiers rôles dans des feuilletons comme on disait alors, et des téléfilms. Se sont enchaînés « Le 16 à Kerbriant », « Les gens de Mogador », « La cloche Tibétaine », « Vidocq » « Arsèle Lupin », « Les cinq dernière minutes », les plus notoires, et au cinéma quelques seconds rôles dans « Le chant du monde », ou je retrouve Charles Vanel que j’ai connu enfant, ou « Les granges brûlées », souvenir d’une belle rencontre avec Simone Signoret.
L’idée d’écrire est venue au contact de ce monde particulier du spectacle, ou finalement on cherche toujours des idées, des bons sujets. J’écris d’abord des pièces de théâtre et j’ai la chance de créer le deuxième café-théâtre de Paris dans lequel j’emploie un jeune chanteur inconnu du nom de Michel Colucci dit Coluche. Nous resterons amis jusqu’à sa disparition, après avoir évoqué l’écriture de plusieurs films à sa mesure. J’ai écrit mon premier scénario parce que Charles Vanel voulait tourner un film d’après un roman qui lui plaisait beaucoup. Après l’adaptation de ce roman dix ans se sont écoulés sans que je puisse démarrer quoi que ce soit. J’avais déjà plus de trente ans, mais le goût de l’écriture était ancré dans ma téte. Etant acharné de nature je rédige mon propre scénario que je vais tourner envers et contre tout. Ce sera « Le blues du crapaud », qui va me prendre six ans d’efforts et que je ne vendrai jamais, parce que ce n’est pas le principe du cinéma de faire les choses par soi-même. Ma voix me sauve des dettes et j’entame une période où l’on me réclame dans tous les domaines : de la publicité, du documentaire historique ou animalier, bref partout où l’on besoin de mon timbre qui plaît. Je continue à écrire des scénarii, et par deux fois je manque de peu de les réaliser. Le temps a filé et, il faut bien le dire, je suis dégoûté du cinéma.
Alors, évolution logique, je commence mon premier roman intitulé « Ici finit la terre », une intrigue policière. C’est un style qui m’est venu spontanément. Peut-être parce que, étant très libre d’esprit, la liberté du genre ne vous classe pas dans telle ou telle catégorie intellectuelle. On peut dire beaucoup de chose dans un roman policier. Les éditions Coop Breizh me publient pour la première fois en 2008 et nous ramassons trois prix littéraires bretons. Ma carrière de romancier débute, pour mon plus grand plaisir. Je n’aurais passé que deux ans pour aboutir, au lieu des vingt qui n’auront servi qu’à laissé des souvenirs. Des bons bien sûr, car les mauvais je les ai oubliés.
JP : Quel est votre ‘modus operandi’ d’écriture ? (Votre rythme de travail ? Connaissez-vous déjà la fin du livre au départ ou laissez vous évoluer vos personnages ?)
GC : Mon rythme de travail, pour élaborer un roman, est assez anarchique. Il y a des périodes désagréables pendant lesquelles rien ne me satisfait. Une journée est perdue pour une demi-page. Une autre sera consacrée a des tâches de bricolage ; (Je suis outillé comme un pro). D’autres enfin au cours desquelles tout va bien, les pages manuscrites s’envolant rapidement. En principe je prépare ce que j’appellerais un squelette. Quatre ou cinq pages décrivant la structure de l’histoire, du début à la fin, enrichies avec des notes qui viennent s’ajouter. Mais je peux changer la fin en cours de route si je trouve une meilleure idée. Rien n’est figé. Pour « Ici finit la terre », je suis parti sans aucune préparation., ce qui me paraît impensable aujourd’hui ! A l’inverse, mon neuvième roman « Vivre …et revivre » a nécessité six mois de recherche, la base historique ne pouvant être négligée ou inexacte. Malgré cela il n’est pas exclu qu’une erreur ait été commise. L’origine de cette histoire vient du fait que la vie m’a offert la surprise d’avoir un gendre chinois ! Qui plus est un grand acteur de la télévision de son pays ! Nous nous entendons comme deux potaches, élaborant toujours des rêves, des intentions de tourner ensemble,ce qui est impossible pour le moment. Mais la découverte de Shanghai, ville fabuleuse, de la gigantesque Chine, dans laquelle je me sens bien, de cette civilisation millénaire au devenir époustouflant, m’a fortement inspiré pour cette intrigue. Elle relate les péripéties de quelques personnages ayant existé et d’autres nés dans mon imagination, ou bien décrits sous un autre nom. En outre mon étonnement personnel vient du fait qu’il m’a semblé trouver des similitudes entre le peuple breton et le peuple chinois, en occultant les tailles des territoires. D’abord l’extrême misère en 1926 des paysans des Monts d’Arrée, mon lieu de prédilection, et la condition des paysans chinois. Et puis leur goût commun de l’effort, du travail, ainsi que l’opiniâtreté. Mon ouvrage est en cours de traduction et je parts à Shanghai au mois de mai pour le présenter dans les deux langues
JP : Le parcours a t-il été long et difficile entre l’écriture de vos livres et leur parution ?
GC : Avant sa parution aux Editions du Palemon, une idée farfelue a surgie avec bonheur dans mes élucubrations : la création d’un personnage hors norme : une chatte policière surdouée, qui frappe ses enquêtes sur ordinateur, et dont je ne suis que le modeste correcteur. Inutile de dire que je m’en suis donné à coeur-joie pour exploiter toutes les possibilités humoristiques et déjantées qu’un tel sujet peut offrir ! Après le premier titre « Miaou, bordel ! » suivent quatre autres opus des délires de mon héroïne, mégalomaniaque, sarcastique envers les « bipèdes », en appelant à toutes les références de nos grands humoristes, d’Alphonse Allais en passant par Desproges et …Coluche ! Une manière de m’amuser et essayer d’amuser les lecteurs. Il y a effectivement des remarques surprenantes de leurs parts, en ce qui concerne cette série, aussi bien que pour les autres. Mon plus grand plaisir est d’obtenir dans l’ensemble, avec une grande majorité, des appréciations qui honnorent mon travail. Je salue au passage les articles des journalistes, qui sincèrement m’ont complimenté et encouragé.
JP : Avez vous d’autres passions en dehors de l’écriture (Musique, peinture, cinéma…) A part votre métier, votre carrière d’écrivain, avez vous une autre facette cachée ?
GC : En ce qui concerne mes goûts, en dehors de la littérature, la passion du cinéma est restée malgré tout bien vivante. Celle du jazz aussi. A seize ans j’avais créé un petit club en Seine et Marne, lequel nous avait emportés pour les premiers tournois du genre à Bruxelles et à Villemonble. Ce qui m’a permis de côtoyer des grands jazzmen et des musiciens ,comme François Deroubais par exemple.
Ma face cachée est bien connue : je suis un bâtisseur ! En dehors des décors de mon film et des pièces de théâtre, j’ai été jusqu’à construire de mes mains une maison en bois, ainsi que des aménagements dans mes habitations. Une manière de libérer la tête.
JP : Avez-vous des projets ?
GC : Quant à mes projets, je n’ai pas le souvenir de …ne pas en avoir eu ! Pour le moment tourne dans mes méninges un long métrage ! C’est beaucoup moins cher de cette façon !
Mes coups de coeur littéraires sont nombreux. Quand on me pose la question, un roman me vient immédiatement à l’esprit : « L’enfant de Noé » d’Eric-Emmanuel Schmidt. Et puis « Le bureau des jardins et des étangs » de Didier Decoin. Il y en a tellement que j’admire, des classiques comme des contemporains !
JP : Une bande son pour lire en toute sérénité vos romans ? A moins que le silence suffise ?
GC : Pour lire mes romans je pense que le silence suffit. J’aime trop la musique pour l’imaginer associée avec mes écrits. Ce serait la déprécier. Il faut être concentré pour écouter, aussi bien que pour lire d’ailleurs.
JP : Avez-vous un site internet, blog, réseaux sociaux où vos lecteurs peuvent vous laisser des messages ?
GC : Enfin pour répondre à votre question les lecteurs peuvent laisser leurs critiques sur les réseaux classiques. J’ai toujours considéré que les mauvaises critiques étaient très utiles pour progresser, les bonnes étant destinées à encourager.
J’ai également un site de présentation : Gérard-Chevalier.com ; il n’est pas encore à jour au sujet de mon dernier livre !
Merci de votre interview.
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Quelle belle évolution gerard !
Nous avons travaillé ensemble en…..
1982 sur La Planque à l espace gaité avec Marc Moro et j.p.Igoux. pièce dont j ai été l attachée de presse.
Je vais me plonger dans Miaou Bordel !
Amitiés Dominique Fabre
Chère Dominique. Quelle horreur ! Je découvre votre gentil message trois ans après ! N’étant pas un assidu d’internet sauf pour mes recherches et n’ayant ( pas encore) un ego surdimensionné, je vous ai ratée ! Si vous avez connaissance de ce message tardif vous pouvez me joindre à ggchevalier@free.fr