Interview de la traductrice Marie Ollivier-Caudray

Rencontre avec la traductrice et adaptatrice Marie Ollivier-Caudray

Marie Ollivier-CaudraySophie PEUGNEZ : Bonjour Marie Ollivier-Caudray, pouvez-vous me décrire votre parcours ?

Marie Ollivier-Caudray : Bonjour. Merci de vous intéresser à mon travail et à mon parcours de traductrice.
Après une hypokhâgne et une khâgne au lycée Fénelon, j’ai passé un DEA d’allemand et une licence d’anglais à la Sorbonne, puis, après un bref passage à l’ESIT, j’ai enchaîné sur un DESS de traduction littéraire français-anglais à Paris VII (Institut Charles V). Ensuite, tout en travaillant, j’ai étudié le suédois pour mon plaisir à la Sorbonne, jusqu’à la licence.

SP : Vous traduisez l’anglais, l’allemand et le suédois, ces langues ont-elles un lien particulier et pourquoi avez-vous choisi de les étudier ?

Franck GOYKE - Mortelle deviance
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MOC : Je traduis essentiellement de l’allemand et de l’anglais. Ce sont les langues que j’ai apprises dès l’enfance. J’ai eu la chance d’être dans une école primaire bilingue anglais-français, puis j’ai choisi l’allemand en première langue au lycée.

J’ai toujours beaucoup aimé les langues vivantes, mais ma passion de la traduction me vient du grec ancien. J’adorais les versions !

Pourquoi le suédois ? J’ai toujours eu envie d’étudier une langue scandinave, or le suédois est celle qui se rapproche le plus de l’allemand. Après mes études, tout en travaillant en tant que lexicographe pour les éditions Larousse, je me suis inscrite en suédois à la Sorbonne par curiosité… et j’ai continué pendant plusieurs années. Les professeurs étaient formidables, j’en garde un excellent souvenir.

J’ai traduit deux romans du suédois, en collaboration avec une collègue franco-suédoise, Esther Sermage. Ce fut une belle aventure.
J’ai aussi sous-titré deux épisodes de la version longue du film Scènes de la vie conjugale d’Ingmar Bergman, un de mes cinéastes préférés.

SP : Pouvez-vous nous décrire le « processus de traduction » : lisez-vous entièrement les livres avant de les traduire et êtes-vous en contact avec l’auteur ?

MOC : Je lis les romans en entier avant de les traduire, du moins quand le délai n’est pas trop serré.
Lorsque je traduis, j’écris toujours un « premier jet », assez abouti, loin du mot à mot, puis vient le long processus de correction-révision. D’abord sur écran, puis sur papier.
J’aime beaucoup cette étape de mon travail : c’est le moment où l’on peaufine, où l’on ciselle le texte, tel un artisan.

J’ai eu la chance d’être en contact avec deux auteurs : l’Allemand Frank Goyke et l’Américain Jason Starr. À chaque fois que je leur ai envoyé des questions, ils ont répondu très vite et avec une grande gentillesse.

SP : Si c’est le cas, est-ce qu’un lien particulier peut se tisser avec l’auteur ? Avez-vous déjà rencontré l’auteur suédoise Eva-Marie Liffner ?

MOC : J’ai rencontré une seule fois Eva-Marie Liffner, lors d’une présentation de son roman Chambre noire à l’Institut suédois. Nous n’avons pas eu l’occasion de discuter longuement, mais elle m’a dédicacé ma traduction.

J’ai tissé des liens étroits d’amitié, depuis presque vingt ans, avec l’écrivain allemand Frank Goyke. C’est quelqu’un d’adorable. Nous nous voyons régulièrement, à Paris ou Berlin.

SP : Vous travaillez également pour le cinéma en réalisant des sous-titrages de films allemands, anglais et suédois en français. L’exercice est-il très différent ? Vous travaillez seule ou avec un pôle de traducteurs ?

MOC : Le sous-titrage exige d’être très concis et bien sûr d’avoir le sens du dialogue.
Cet art de la brièveté m’a d’ailleurs été très utile pour traduire certains polars, comme Frères de Brooklyn de Jason Starr.
Je travaille généralement seule, mais récemment, j’ai collaboré avec Marie-Julie Arnould-Labbé, une amie et collègue. Nous avons sous-titré ensemble un documentaire du cinéaste allemand Christian Petzold, dont nous sommes fans toutes les deux !

SP : Comment effectuez-vous vos recherches (livres, internet, appel à des spécialistes) ?

MOC : J’effectue la plupart de mes recherches sur Internet. Mais il m’arrive aussi de devoir contacter des spécialistes. Lors de la traduction d’un roman de Jason Starr, j’ai été confrontée à de nombreux passages décrivant en détail des matchs de base-ball. J’ai donc fait appel à la Fédération française de base-ball, et j’ai eu la chance de trouver un Français qui parlait parfaitement l’anglais. Il a répondu à mes questions avec une rapidité et une disponibilité prodigieuses.

SP : Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui veut exercer votre profession ?

MOC : Je lui conseillerais d’être tenace, audacieux et passionné.
Il (ou elle) devra tenir compte d’un point fondamental : une très bonne connaissance des langues étrangères que l’on traduit est évidemment essentielle, mais la maîtrise parfaite de sa langue maternelle est absolument cruciale.

SP : Quels sont vos goûts de lecture ?

MOC : Très divers. Je prends autant de plaisir à lire un polar italien d’Andrea Camilleri qu’un poème de la Suédoise Edith Södergran ou bien une nouvelle de Maupassant.

SP : A quoi ressemble votre univers de travail, votre bureau ?

MOC : J’ai un grand bureau, sur lequel se trouvent l’ordinateur et l’imprimante.
Derrière moi, des étagères pleines de livres. Et souvent, sur mes genoux, mon chat, qui dort pendant que je traduis !

SP : Rêve de traducteur : y a-t-il un ouvrage que vous aimeriez ou que vous auriez aimé traduire ?

MOC : Entre autres, Mademoiselle Else, une merveilleuse nouvelle de l’écrivain autrichien Arthur Schnitzler, et toute l’œuvre de la poétesse américaine Emilie Dickinson.

SP : Merci Marie Ollivier-Caudray d’avoir pris le temps de répondre à mes questions.

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Sophie PEUGNEZ
Co-fondatrice de Zonelivre.fr. Sophie PEUGNEZ est libraire et modératrice professionnelle de rencontres littéraires. Elle a été chroniqueuse littéraire pour le journal "Coté Caen" et pour la radio.

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