Rencontre avec l’auteur Bruno Jacquin pour son roman Quand hurlent les hyènes aux éditions Cairn
Bonjour Bruno Jacquin, pouvez-vous me décrire votre parcours ?
Bruno JACQUIN : Après une carrière de journaliste de presse écrite dans divers titres et dans une agence, je suis passé à une autre dans la presse institutionnelle pour le compte d’un grand service public. J’ai finalement quitté ce dernier neuf ans après y être entré n’y trouvant plus mon compte. Je travaille aujourd’hui dans l’Éducation nationale auprès d’élèves handicapés, sous statut précaire, les fameux « travailleurs précaires de l’État ».
JP : Quelles étaient les lectures de votre enfance ?
BJ : Toute la « Bibliothèque Verte », notamment les Jules Verne qui me fascinaient. Puis vers l’adolescence j’ai commencé à m’intéresser aux lectures de mon père, ses journaux, ses livres d’histoire.
JP : Comment vous est venu l’envie d’écrire ? A quelle période ?
BJ : Vers douze ans, j’ai écrit mon premier article, pour moi-même. C’était le compte-rendu d’un match de foot que je venais de voir à la télévision. Cela m’a donc pris assez tôt. Pour ne pas avoir suivi d’études supérieures j’ai commencé par un petit boulot dans une grosse boîte d’assurances sitôt le bac en poche tout en commençant à écrire des piges dans le supplément local d’un quotidien national. J’ai senti que ma voie devait être celle-ci. J’ai alors combiné congés sans solde et de formation pour intégrer une école de journalisme. Je savais que je voulais écrire et informer.
Puis, alors que j’étais devenu journaliste, entre 2000 et 2005, l’envie d’écrire un roman a commencé à me titiller. J’ai débuté l’écriture de mon premier début 2011. « Le Jardin des puissants » est sorti en 2013.
JP : Quel est votre « modus operandi » d’écriture ? (Votre rythme de travail : le matin, soir, combien de temps…)
BJ : Bien que n’ayant pas un bon sommeil, je me refuse à écrire la nuit… En revanche, rien ne m’empêche de réfléchir durant cette période. Avant l’écriture il y a aussi un long travail de documentation, de prises de notes, puisque mes polars s’inspirent de faits réels.
Quand je suis au clair, je commence à rédiger plutôt le week-end ou pendant les vacances scolaires, parfois en fin d’après-midi, en rentrant du travail, si je me sens inspiré. Mais je ne me mets jamais à mon clavier pour moins de deux heures sauf si une correction me vient à l’esprit.
Avec un agenda dégagé et en veine d’inspiration, je peux écrire dix à douze heures par jour… et ne sortir aucune ligne le lendemain.
JP : Lorsque vous écrivez la première ligne de votre livre en connaissez-vous déjà la fin ?
BJ : Oui, toujours. Je sais toujours où je veux aller, comment je veux conclure. Dans mon premier roman, j’ai même commencé par écrire la fin. C’est ensuite que je reviens en arrière, que je bâti mon histoire, que je donne vie et épaisseur à mes personnages. Mais tout cela est transparent pour le lecteur. Dans le livre, la fin est bien dans les dernières pages, pas comme dans « Columbo », la série de mon adolescence où le coupable est connu d’entrée.
JP : Pouvez-vous nous parler de votre dernier roman, « Quand hurlent les hyènes » aux éditions Cairn ?
BJ : Je revendique une forte dimension politique à mes histoires. C’est d’ailleurs comme ça que je me présente aux lecteurs, « auteur de polars politiques » comme Costa Gavras ou Yves Boisset sont des réalisateurs de films politiques. À celles et ceux que cela semble rebuter, je les rassure en leur répondant qu’il y a évidemment une intrigue, des rebondissements, du suspense… Dans « Quand hurlent les hyènes », j’ai voulu tout à la fois démonter un système médiatique qui s’empare trop vite d’un fait divers et devient l’otage de son propre emballement alimenté par des politiques peu scrupuleux. Il y en a comme ça des dizaines par an, tellement qu’on y fait presque plus attention. Le tout sur fond de « conflit israélo-palestinien » comme on l’appelle pudiquement, autre dimension politique de ce livre.
JP : Dans votre roman, y a-t’il des personnages qui existent vraiment, dont vous vous êtes inspiré ?
BJ : Mes personnages sont ici tous fictifs même si je me suis inspiré d’autres personnages, bien réels ceux-là, rencontrés dans d’autres affaires ou événements. Mais selon ce que nous sommes, nos sensibilités, je pense qu’on peut s’identifier facilement à Isaac, Selim, Jonathan, Kenza ou, bien sûr, Leïla, personnage principal, une journaliste intègre, honnête, à qui son journal laisse le temps d’enquêter, qui vérifie ses infos, etc. Un personnage que j’aurais rêvé être (rires), si j’avais eu à traiter ce genre d’événement.
JP : Le parcours a-t-il été long et difficile entre l’écriture de votre roman et sa parution ?
BJ : Moins long et moins difficile que les précédents. Peut-être parce que je gagne en expérience (rires). Plus sérieusement, dans « Le Jardin des puissants », outre mon inexpérience, j’avais un gros travail de documentation, géographique notamment car on y voyage beaucoup. Dans « Galeux », le plus inspiré de faits réels de tous mes romans, je me devais d’être très rigoureux sur la genèse de ces événements qui ont secoué le Pays basque au milieu des années 1980. Cela a donc encore nécessité un gros travail de documentation auquel s’est ajouté des rencontres avec des témoins de ces événements. Dans « Quand hurlent les hyènes », la plupart des événements décrits, je les ai vécus, d’où une écriture plus rapide. Plusieurs mois quand même.
JP : Une bande son pour lire en toute sérénité votre roman « Quand hurlent les hyènes » ? A moins que le silence suffise ?
BJ : Elle s’impose d’emblée. Pour conclure la marche blanche en l’honneur de Selim, l’un de mes personnages, sa sœur fait diffuser une playlist par la sono, à destination de ses amis et tous ces anonymes venus lui rendre hommage. Je reprends les paroles d’une des chansons de cette playlist, celles de « Palestine », du groupe Ministère des affaires populaires.
JP : Avez-vous reçu des remarques surprenantes, marquantes de la part de lecteurs, à propos de vos livres ?
BJ : Très souvent avec « Galeux ». Lorsque je dédicace au Pays basque, où la revendication d’indépendance demeure très forte, j’inspire souvent la surprise voire la méfiance. « Quoi ? Un non-Basque qui écrit un polar sur notre Histoire ? Ça ne risque pas d’être dévoyé ? », voilà ce que j’entends en substance. J’explique alors comment j’ai travaillé et ce que je sais de ces événements-là. En général, les gens repartent rassurés… et avec mon livre (rires), sauf les nostalgiques du général Franco, il en reste. J’en ai encore croisé un en librairie cet été.
JP : Avez-vous d’autres passions en dehors de l’écriture (Musique, peinture, cinéma…) A part votre métier, votre carrière d’écrivain, avez-vous une autre facette cachée ?
BJ : Je m’intéresse à la chose politique, vous l’avez compris. Si on ne le fait pas, elle, elle s’intéresse à vous, tout le temps, et vous la subissez alors. Je préfère être acteur que subir.
Autrement, je suis un dingue de foot. J’ai contaminé mes fils, au grand dam de ma femme et de ma fille.
JP : Avez-vous des projets ?
BJ : Je prépare un quatrième livre. J’en suis à la phase de documentation, très lourde encore une fois (rires). J’aimerais aussi faire rééditer « Le Jardin des puissants », fauché en plein vol après dix-huit mois d’existence (la directrice de la maison d’édition s’est barrée avec la caisse) alors qu’il partait bien. Il est aujourd’hui épuisé et je pense qu’il n’a pas eu le temps de rencontrer tout son public.
JP : Quels sont vos coups de cœur littéraires ?
BJ : Je lis très peu de polars paradoxalement, mais j’adore le regretté Thierry Jonquet et l’ambiance dans ceux d’Indridason. Sinon, mes lectures vont plutôt vers les livres d’histoire et les essais. Je viens de terminer « Change ton monde » de Cédric Herrou, ce simple citoyen qui est venu en aide à des réfugiés presque par hasard et sur qui tout ce que la France compte de réactionnaires et de racistes est tombé. Un témoignage passionnant et émouvant.
JP : Avez-vous un site internet, blog, réseaux sociaux où vos lecteurs peuvent vous laisser des messages ?
BJ : Via mon site Les 2 Pol (https://les2pol.wixsite.com/brunojacquin) on peut m’écrire par courriel ; ou alors par Messenger via ma page Facebook (https://www.facebook.com/brunojacquin.off/).
JP : Merci Bruno Jacquin d’avoir pris le temps de répondre à mes questions.
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Ma compagne et moi avons adoré ce livre tout comme le précédent, galeux. du bon « polar politique » comme le dit cet auteur que nous apprécions même si nous n’avons malheureusement pas pu lire son 1er livre.
Je recommande l intégralité des livres de Bruno Jacquin. Si vous aimez l histoire et les rebondissements n’ hésitez Pas une seule seconde. Je suis une passionnée de la première heure. C’est une personne formidable qui mérite d être connu!
Foncez les yeux ouverts car ça vaut vraiment le coup d œil. Bonne lecture à tous
L’été n’est pas fini donc si vous voulez découvrir cet auteur, il est encore temps : il ne faut pas hésiter. Un auteur très intéressant, tant sur le fond (politique) que sur la forme. Et comme il le dit dans cet article, ne pas se laisser décourager par le contexte politique de ses livres, ses polars sont pour tout le monde. J’attends le suivant avec impatience !
Quand on ouvre un livre et que l’on n’arrive pas à le refermer parce qu’on est tenu en haleine, quand la fin du livre arrive et que l’on ne veut pas que ça se termine, on attend alors avec impatience le prochain. Alors, il arrive quand ?
Encore une fois un grand écrivain pas assez connue .
Les français savent pas ceux qui loupent
salut tertoustes,
un polar abouti et haletant comme les deux précédents et que j’ai dévoré de même! attention au coup de foudre, chaussez vos paratonnerres!
signé Pastèque! vert dehors! rouge dedans! noirs pépins!
Parfois les polars politiques sont un peu barbants , trop didactiques . Ce n’est pas le cas de Galeux ni de Quand hurlent les hyènes . Des personnages attachants , un contexte proche de nous … J’attends le suivant!
J’ai eu beaucoup de plaisir à lire les trois romans de Bruno Jacquin. Ces polars politiques lors de la lecture m’ont tenu en haleine jusqu’au bout avec une écriture qui coule de source; en s’appuyant sur une réalité sociale et politique d’actualité et sur un travail de recherche au plus près des faits. Bravo et j’attends avec impatience le prochain.
j aime beaucoup les livres de Bruno Jacquin , ils refletent vraiment la réalité du moment, le l ai recommandé à mes amis .
Interview tout aussi passionnante que les deux derniers romans de Bruno Jacquin que j’ai lus avec grand intérêt tant pour l’histoire finement menée et agréablement écrite que pour les enseignements politiques et historiques (absolument pas rebutants ) que j’en ai tirés.
Auteur à suivre , j’attends le prochain roman avec impatience !
Bruno Jacquin propose des enquêtes sur des faits qui révèlent la nature de notre société, sans jamais tomber dans la morale ni le jugement de valeur. Le rythme est le bon, et l’écriture ne traîne ni lourdeur ni réflexes maniérés. Elle est directe, et glisse sans aspérité. On ne lâche pas le livre avant d’avoir découvert la fin. J’attends le prochain avec impatience.
Comme pour son précédent roman, Bruno Jacquin construit un bon polar sur fond politique » Israelo-Palestinien » ou l’inverse….un ouvrage politique sur fond de polar…chacun choisira. Le tout s’imbrique parfaitement. La lecture est fluide. Une mention spéciale pour la dénonciation du journalisme manquant de déontologie.
A quand le 4eme opus ?
Quand hurlent les hyenes outre un thriller prenant est une dénonciation d’une certaine presse , captivant et…. terrifiant
Un roman dont l’intrigue nous passionne autant qu’elle nous apprend des choses sur le conflit Israël-palestinien. Je recommande !
Le troisième roman de Bruno Jacquin est tout aussi palpitant que les précédents. Captivante dès les premières pages, l’enquête n’en oublie pas pour autant les enjeux politiques et sociétaux d’aujourd’hui. L’écriture est fluide et l’auteur sait donner l’épaisseur qu’il faut à ses personnages pour qu’on s’y attache vraiment. Amateurs de polars et d’ouvrages politiques, foncez !
Un roman captivant ! je recommande !!!
Voilà un travail intéressant où se mêlent la création littéraire et un regard sur la société.
J’ai lu les trois romans de cet auteur, à chaque fois un polar sur fond de problématique politique, au sens large.
Et même si je les ai tous appréciés, c’est celui-ci, le troisième, que j’ai préféré. On y retrouverai un peu la patte de Frédéric Fajardie, un autre auteur de polars engagés.
La critique des médias y est nuancée, mais contextualisée, un remerciement est d’ailleurs adressé à Acrimed en fin d’ouvrage. Il n’y a pas un journaliste ou un journalisme, mais il y a par contre bien des logiques médiatiques qui verrouillent beaucoup de choses…
Il est difficile aussi de ne pas voir des allusions ou des analogies avec des faits dits « divers » de ces vingt dernières années, ainsi que certains personnages (comme le « père » du parti d’extrême droite), ce qui rend la lecture encore plus intéressante.
Bref, un polar (mais les deux autres du même auteur aussi) à recommander, et à consommer sans modération.