Rencontre avec l’autrice Valérie Lys à l’occasion de la sortie de son roman Confession rennaises aux éditions Palémon
Cathie L. : Comment vous présenteriez-vous ?
Valérie LYS : Je suis une scientifique de formation, puisque je dirige un laboratoire d’analyses, je me définis comme une autodidacte, c’est-à-dire que je n’ai aucune formation littéraire, mais la lecture et l’écriture ont toujours tenu une grande place dans ma vie, et cela depuis mon enfance. Petite fille puis adolescente, j’écrivais des poèmes ; j’ai d’ailleurs participé à plusieurs reprises à des concours de poésie, notamment à l’école.
Ensuite, à partir de l’âge de vingt ans, j’ai écrit des pièces de théâtre et des nouvelles fantastiques, mais aucune n’a été éditée.
CL : Pourquoi écrivez-vous des romans policiers ? Quand avez-vous commencé à écrire ?
Face aux échecs de mes pièces et nouvelles, je voulais continuer à écrire mais dans un registre qui privilégiait l’imaginaire ; je voulais avoir une totale liberté, pouvoir raconter des histoires sans aucune contrainte. Je voulais aussi pouvoir faire réfléchir sur certains sujets qui me tiennent à cœur, par exemple la religion dans « Confessions rennaises ».
J’ai commencé à écrire il y a quelques années mais ce n’est qu’en 2011 que j’ai reçu la première réponse positive de l’éditeur Alain Bargain, qui d’ailleurs a édité mes trois premiers romans.
CL : Votre métier de biologiste vous est-il une aide pour construire vos intrigues ?
En fait, je n’attache pas beaucoup d’importance à tout l’aspect technique d’une enquête criminelle. Pour moi, ce qui compte c’est surtout la psychologie des personnages et l’imaginaire. Ainsi, je dirais que j’utilise mes connaissances en biologie le moins possible, car ce n’est pas ma motivation.
CL : Comment construisez-vous vos intrigues ? Quel est le point de départ ?
VL : Le point de départ de mes histoires ne tient pas à grand chose, en réalité : ça peut être un fait divers entendu à la radio ou lu dans le journal, ou tout simplement une info qui m’intéresse, sans que je sache exactement pourquoi ; ça peut même être un mot…Au début, la base de l’intrigue est plutôt sommaire, mais je l’étoffe au fur et à mesure du déroulement du récit.
Par exemple, pour mon premier roman, « Echec au fou », dont l’action se passe dans une librairie rennaise : je participais un jour à un café littéraire avec deux ou trois autres collègues écrivains, et je dois dire que je m’ennuyais (sourire malicieux ), donc je polarisai mon attention sur le libraire qu’on aurait dit tout droit sorti d’un vieux roman ; mon regard errait autour de moi, découvrant ce lieu étrange, sombre, un peu poussiéreux, avec des recoins et des livres partout ; et là, je me suis dit que ce serait une bonne idée de situer une intrigue policière dans un tel lieu… Et voilà comment est né « Echec au fou ».
CL : A quel moment écrivez-vous ? Avec votre métier et vos trois enfants, même s’ils sont grands, ça ne doit pas être facile.
VL : Non, en effet ; j’écris généralement le soir et le week-end ; dès que j’ai un moment, je pose mon ordinateur portable sur mes genoux et c’est parti. Je peux écrire n’importe où, je n’ai pas besoin de m’isoler. Mais si je suis très occupée, par exemple pour des séances de dédicace ou des salons, il peut se passer plusieurs semaines sans que j’écrive un seul mot.
En, général, six mois sont nécessaires pour écrire un roman.
CL : Qui lit vos manuscrits avant de les donner à l’éditeur ?
VL : Personne, me répond Valérie avec un sourire, un éclat malicieux dans ses yeux d’un bleu clair.
CL : Quel travail de recherche par rapport à la conduite d’une enquête policière faites-vous ?
VL : En fait, le seul travail de recherche que je fais concerne les lieux dans lesquels se déroulent mes intrigues ( sauf pour Rennes que je connais très bien). Mais pour les autres villes, comme Fougères dont j’ai visité le château, je vais sur place, je fais de nombreuses photos, je me ballade dans les rues, je vais au syndicat d’initiative ; je complète avec quelques recherches sur Internet. Car pour moi il est important que les lieux que je décris correspondent le plus possible à la réalité. Bon, bien sûr pour Rennes c’est plus compliqué avec les travaux de la gare par exemple ; mais je ne pouvais pas le prévoir, me dit-elle en riant.
Quant à l’enquête elle-même, je laisse place à l’imagination, ce qui explique que les méthodes utilisées par mon commissaire ne correspondent peut-être pas toujours à la réalité, mais dans un roman on a le droit de faire comme on veut…( Grand sourire)…C’est justement l’intérêt d’écrire des romans.
CL : Votre personnage du commissaire Velcro : quel a été le processus de création ?
VL : Pour son physique, je me suis inspirée d’une personne que je connais…
Quant à son nom, je l’ai appelé « Velcro » parce qu’il est tenace, il s’accroche toujours jusqu’à obtenir la solution.
Je voulais créer un personnage de flic sympathique, pas spécialement besogneux, qui se laisse un peu guider par son intuition, qui écoute et observe beaucoup. Je voulais qu’il soit un homme simple, ordinaire, un peu comme tout le monde, ni neurasthénique, ni insupportable ; quelqu’un de sympa quoi !!
Bien sûr, le personnage évolue au fur et à mesure des enquêtes, mais il restera toujours un homme affable, aux goûts simples, qui joue de la trompette, fait de la natation, fait attention à sa ligne.
CL : La gastronomie tient une place relativement importante dans vos romans. Aimez-vous cuisiner ?
VL : En fait non. (Petit sourire…)
Parlons un peu de « Confessions rennaises » : sa construction est classique, tels les whodunit qui ont fait la gloire du genre au début du 20e siècle. Est-ce un choix délibéré de votre part ?
VL : Tout à fait. Mon grand plaisir est de construire mon roman comme les romans à énigme, de créer de fausses pistes, de faux indices, d’égarer le lecteur à travers les liens qui existent entre les personnages, mais je suis fair-play car je dissémine tous les vrais indices au fil du roman ; à charge pour le lecteur de savoir les identifier et de reconstituer l’histoire. Ce que j’aime, c’est la déduction basée sur la psychologie des personnages.
CL : Pour quelle raison particulière avez-vous situé l’intrigue dans un hôtel ?
VL : A ce moment, Valérie me regarde de ses yeux bleu clair : voulez-vous que je vous réponde franchement ?
Bien sûr, je réponds.
Je n’en ai aucune idée .
Valérie LYS : Enquête Commissaire Velcro – 02 – Confessions rennaises
CL : Quel est le point de départ de cette histoire ?
VL : Pour ce roman, je suis incapable de dire quel a été le point de départ, sinon qu’une des bases du récit est le mal que peut faire une vie entièrement dirigée par les préceptes religieux ; c’est un sujet qui m’interpelle. J’ai été élevée dans un milieu très croyant, ça m’a beaucoup marquée. Maintenant que je me suis affranchie de cette influence, mais ce sont des questions qui continuent de m’interpeller et j’avais envie d’en parler, parce que ça a beaucoup compté pour moi quand j’étais jeune. Surtout dans le contexte international actuel.
Afin que mes romans ne restent pas trop ancrés dans le régionalisme, j’aime pouvoir élargir le débat en abordant des sujets plus généraux.
CL : Pouvez-vous nous dire quel est votre rapport à la lecture, quelles sont vos influences littéraires ?
VL : Curieusement, je ne lis presque jamais de romans policiers, à part ceux de Fred Vargas. Je lis aussi les romans d’Eric-Emmanuel Schmitt, mais l’essentiel de mes lectures est constitué par les classiques du 19e siècle, Charles Dickens, par exemple ; sinon, je lis beaucoup les œuvres de La Pléïade.
CL : Parlons maintenant de Calibre 35 : racontez-moi comment est née votre association
VL : En 2011, j’assistais à un petit salon dédié au polar à Chevaigné ; je venais juste d’éditer mon premier roman ; nous étions quelques auteurs. Nous nous sommes rendus compte que Rennes est une ville très dynamique en ce qui concerne la musique, avec des festivals de grande qualité, des événements, des lieux dédiés à la musique, mais rien pour la littérature. Nous avons donc décidé de créer cette association afin de promouvoir et de dynamiser la littérature, dans le but de réunir les auteurs de la région rennaise, notamment les auto-édités. Au départ, nous étions dix ; j’étais la seule femme. Depuis, certains sont partis, d’autres sont arrivés. Nous sommes maintenant une quinzaine, dont certains ont une formation plus artistique. Nous organisons différentes manifestations qui peuvent être intervention en milieu carcéral, des conférences en médiathèque ou en librairie, des salons ; nous avons également co-écrit deux recueils de nouvelles. Ce sont divers projets qui nous permettent de nous faire connaître, de toucher plus de lecteurs. Le but de tout écrivain est quand même d’être lu (rires…)
CL : L’année dernière, vous avez changé d’éditeur pour aller chez Palémon. Comment les choses se déroulent-elles désormais ?
VL : Chez Palémon, tout se passe bien mieux qu’avec mon précédent éditeur. Ici, j’ai un véritable retour sur mes manuscrits, avec des commentaires constructifs, de bonnes critiques de la part de mon éditrice. Nous avons un bon relationnel. Je bénéficie de plus d’aide pour mettre en place les séances de dédicace ou la participation à des salons ; même si, au final, c’est quand même moi qui fait le plus gros du boulot de com…Sans jamais oublier que pour moi l’écriture est avant tout un plaisir !
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