Le commissaire Maigret fête ses 90 ans !
Georges Simenon s’est éteint il y a 30 ans, en septembre 1989 mais son personnage connu du monde entier le commissaire Jules Maigret est plus vivant que jamais grâce aux multiples rééditions des romans (la dernière en date, en 2019, aux éditions Omnibus « Tout Maigret » en 10 volumes) et aux nombreuses adaptations cinématographiques et télévisuelles (en 2016 débute Maigret adaptation britannique avec Rowan Atkinson dans le rôle du commissaire. En France on se souviendra de Jean Richard, Jean Gabin et plus récemment de Bruno Crémer. A travers le monde on dénombrera plus de 30 Maigret différents, l’adaptation japonaise « Tōkyō Megure Keishi » est surement l’une des plus atypique). En 2020, c’est Daniel Auteuil que l’on verra interpréter le commissaire dans un film de Patrice Leconte.
Mais revenons aux romans, on retrouve le Commissaire Jules Maigret dans 75 romans et 28 nouvelles entre 1931 et 1972 (tous écrit, bien évidement par Georges Simenon). C’est dans « Pietr-le-Letton » (aux éditions Fayard) que l’on voit apparaitre pour la première fois Maigret dans un roman. On avait pu croiser le commissaire dans une nouvelle quelques mois auparavant. Dès les premiers romans le succès est au rendez-vous et en 1932 la première adaptation sort sur les grands écrans. En 3 ans, c’est près d’une vingtaine de romans qui sortirons aux éditions Fayard puis à la NRF (Gallimard). En 1944, il rencontre Sven Nielsen (qui vient de fonder les Presses de la cité), de cette amitié naitra une collaboration (49 romans au total). De Maigret se fâche en 1947 jusqu’au dernier « Maigret et Monsieur Charles » en 1972.
Ah j’oubliais le commissaire Maigret a également eu droit à des adaptation en bandes dessinées (qu’on ne gardera pas forcément dans les mémoires).
Pour information c’est son fils John Simenon qui gère le patrimoine de son père depuis 1995.
LES ROMANS
- Pietr-le-Letton (mai 1931)
- Le Charretier de la Providence (mars 1931)
- Monsieur Gallet, décédé (février 1931)
- Le Pendu de Saint-Pholien (février 1931)
- La Tête d’un homme (septembre 1931)
- Le Chien jaune (avril 1931)
- La Nuit du carrefour (juin 1931)
- Un crime en Hollande (juillet 1931)
- Au rendez-vous des Terre-Neuvas (août 1931)
- La Danseuse du Gai-Moulin (novembre 1931)
- La Guinguette à deux sous (décembre 1931)
- Le Port des brumes (mai 1932)
- L’Ombre chinoise (janvier 1932)
- L’Affaire Saint-Fiacre (février 1932)
- Chez les Flamands (mars 1932)
- Le Fou de Bergerac (avril 1932)
- Liberty Bar (juillet 1932)
- L’Écluse no 1 (juin 1933)
- Maigret (mars 1934)
- Les Nouvelles Enquêtes de Maigret (mars 1944) recueil de nouvelles :
- La Péniche aux deux pendus (octobre et novembre 1936)
- L’Affaire du Boulevard Beaumarchais (octobre 1936)
- La Fenêtre ouverte (novembre 1936)
- Monsieur Lundi (décembre 1936)
- Jeumont, 51 minutes d’arrêt (non prépubliée)
- Peine de mort (novembre 1936)
- Les Larmes de bougie (novembre 1936)
- Rue Pigalle (novembre et décembre 1936)
- Une erreur de Maigret (janvier 1937)
- L’Amoureux de Madame Maigret (juillet 1939)
- La Vieille Dame de Bayeux (février 1939)
- L’Auberge aux noyés (novembre 1938)
- Stan le tueur (décembre 1938)
- L’Étoile du Nord (septembre 1938)
- Tempête sur la Manche (mai 1938)
- Mademoiselle Berthe et son amant (29 avril 1938)
- Le Notaire de Châteauneuf (juin 1938)
- L’Improbable Monsieur Owen (juillet 1938)
- Ceux du Grand-Café (août 1938)
- Menaces de mort (8 mars au 12 avril 1942), il s’agit d’une nouvelle reprise en volume en 1992
- Maigret revient… (octobre 1942), recueil de trois romans :
- Les Caves du Majestic (terminé en décembre 1939)
- La Maison du juge (terminé en janvier 1940)
- Cécile est morte (terminé en décembre 1940)
- Signé Picpus (janvier 1944), recueil de trois romans :
- Signé Picpus (écrit en 1941)
- Félicie est là (écrit en mai 1942)
- L’Inspecteur Cadavre (achevé le 3 mars 1943)
- La Pipe de Maigret (juillet 1947) nouvelle
- Maigret se fâche (juillet 1947)
- Maigret à New York (juillet 1947)
- Maigret et l’Inspecteur malgracieux (octobre 1947), recueil de nouvelles :
- Le Témoignage de l’enfant de chœur (écrit avril 1946)
- Le Client le plus obstiné du monde (écrit mai 1946)
- Maigret et l’Inspecteur malgracieux (écrit mai 1946)
- On ne tue pas les pauvres types (écrit août 1946)
- Les Vacances de Maigret (juin 1948)
- Maigret et son mort (mai 1948)
- La Première Enquête de Maigret, 1913 (février 1949)
- Mon ami Maigret (juin 1949)
- Maigret chez le coroner (octobre 1949)
- Maigret et la Vieille Dame (février 1950)
- L’Amie de madame Maigret (mai 1950)
- Maigret et les Petits Cochons sans queue (août 1950), recueil de nouvelles, dont deux avec Maigret :
- L’Homme dans la rue (écrite en 1939)
- Vente à la bougie (écrite en 1939)
- Les Mémoires de Maigret (janvier 1951)
- Un Noël de Maigret, recueil de nouvelles, dont la nouvelle éponyme avec Maigret (écrite en mai 1950), nouvelle
- Maigret au « Picratt’s » (avril 1951)
- Maigret en meublé (juillet 1951)
- Maigret et la Grande Perche (octobre 1951)
- Maigret, Lognon et les Gangsters (février 1952)
- Le Revolver de Maigret (septembre 1952)
- Maigret et l’Homme du banc (janvier 1953)
- Maigret a peur (juillet 1953)
- Maigret se trompe (novembre 1953)
- Maigret à l’école (mars 1954)
- Maigret et la Jeune Morte (juin 1954)
- Maigret chez le ministre (novembre 1954)
- Maigret et le Corps sans tête (juin 1955)
- Maigret tend un piège (octobre 1955)
- Un échec de Maigret (septembre 1956)
- Maigret s’amuse (mars 1957)
- Maigret voyage (décembre 1957)
- Les Scrupules de Maigret (juin 1958)
- Maigret et les Témoins récalcitrants (mars 1959)
- Une confidence de Maigret (septembre 1959)
- Maigret aux assises (mai 1960)
- Maigret et les Vieillards (novembre 1960)
- Maigret et le Voleur paresseux (novembre 1961)
- Maigret et les Braves Gens (avril 1962)
- Maigret et le Client du samedi (novembre 1962)
- Maigret et le Clochard (1963)
- La Colère de Maigret (1963)
- Maigret et le Fantôme (juillet 1964)
- Maigret se défend (novembre 1964)
- La Patience de Maigret (novembre 1965)
- Maigret et l’Affaire Nahour (décembre 1966)
- Le Voleur de Maigret (avril 1967)
- Maigret à Vichy (janvier 1968)
- Maigret hésite (1968)
- L’Ami d’enfance de Maigret (novembre 1968)
- Maigret et le Tueur (octobre 1969)
- Maigret et le Marchand de vin (février 1970)
- La Folle de Maigret (novembre 1970)
- Maigret et l’Homme tout seul (mai 1971)
- Maigret et l’Indicateur (octobre 1971)
- Maigret et Monsieur Charles (juillet 1972)
(Liste des romans provient de Wikipedia)
LES AUTEURS ET MAIGRET
NADINE MONFILS
Maigret, c’est un type rassurant. Il fume la pipe, porte un beau chapeau, a sa cantine avec ses petites nappes à carreaux et le soir, mange chez bobonne qui lui concocte des pots-au-feu. Mais il ne sait pas nager…Bon, pas grave, y a des bouées et on n’ira pas en vacances avec lui. On l’imagine mal en maillot. C’est le flic auquel on aimerait avoir à affaire. A l’écoute, qui ne juge pas et pose sur vous un regard bienveillant. On a envie de boire un coup de rouge avec lui et de l’écouter raconter ses enquêtes. Comme Madame Maigret. C’est sûr que c’est pas le mari qui nous fait fantasmer, plutôt pantoufles que kama sutra, mais l’amour plan plan, ça repose…Simenon avait trouvé la bonne méthode : la légitime et la maîtresse ensemble dans la maison. Avec quelques voyages dans les îles, puisqu’il aimait les bananes de Joséphine.
Son commissaire est sans doute le gars qu’il aurait aimé être dans l’idéal. Mais la libido aime les plaisirs de la nuit.
Jules Maigret, c’est le contraire des flics à la mode dans les films d’aujourd’hui. Des désabusés qui picolent et sniffent, plutôt ripoux, le regard noir, la bouche pâteuse, le look dépenaillé, genre j’ai trop de boulot pour me laver, puis la transpi ça fait viril. Des flics à la Olivier Marchal ou Eric Zonca. Noirs de chez noirs, bourrus et bourrés. Avec eux non plus t’as pas envie de baiser, même si les meufs aiment les voyous. Comme on ne fait plus trop la différence entre les justiciers et les tueurs, autant se taper un vrai vilain. Les poulets de nos jours sont rôtis, bouffés par les paperasses, et le métier est devenu merdique. Avec le Borsalino, tu peux encore aller te les dorer au soleil et pavaner devant une piscine de mafieux. Autrement dit entre Toni Soprano et Vincent Cassel dans Fleuve Noir, j’hésite pas une seconde. Le gros Toni, je le kiffe. L’autre c’est un cauchemar ambulant.
D’où vient cette mode que copient la plupart des écrivains de polars, avec ces enquêteurs à la masse, la tête dans le cul et le moral dans les chaussettes ?
Maigret, il est un peu comme ces médecins de campagne. En voie de disparition et pourtant si indispensable. Il nous fait du bien et nous passionne avec ses enquêtes.
Jules, reviens !
Nadine Monfils (belge, liégeoise de cœur, et grande fan de Simenon)
ANNE MARTINETTI
Il était une fois un ogre…
Il n’est qu’à lire la bibliographie de Georges Simenon pour comprendre que, auteur tourmenté ou homme trop passionnel, l’écrivain aux 27 pseudonymes adorait l’inattendu . Sauf dans un domaine : celui de la gastronomie ! « Qu’est-ce qu’on mange ? », demande-t-il invariablement à Louise, sa chère moitié. Et Louise, entre deux conseils judicieux à son commissaire de mari dont elle conduit la vie (Jules n’ayant pas le permis !), confectionne tarte aux abricots, blanquette désormais légendaire, crème aux œufs et autres plats roboratifs et doux qui forment comme un havre de paix pour le personnage qui se heurte à la lie de l’humanité dès qu’il pose un pied hors de son assiette. Cette question, c’est peut-être celle que l’écrivain s’est trop posée lorsqu’il attendait le succès, en faisant durer un camembert trois jours sans avoir rien d’autre à se mettre sous la dent. En l’occurrence, même la vache enragée manquait.
Loin des gaufres et autres harengs de son enfance liégeoise, et avant que le succès ne l’attrape, le faisant voyager et goûter à toutes les spécialités du monde, dont le poisson mariné au lait de coco des îles du Pacifique, ou les tacos d’Arizona, Georges Simenon affectionna les restaurants parisiens, les diners américains, les marchés lausannois comme celui de la Riponne, et manifesta une gourmandise et un sens de l’observation gastronomique tout autant qu’une avidité évidente envers tous les plaisirs de la vie.
C’est cette gourmandise et ce sens de la découverte gustatif, qu’il partage avec son commissaire Maigret, que j’ai décidé de mettre en lumière avec un livre de cuisine et de voyages gourmands intitulé MAIGRET SE MANGE ! et qui paraîtra à l’automne aux Editions Gründ. Ma manière de rendre hommage à cet ogre de la littérature noire, qui vient compléter mon cycle d’études gourmandes sur les géants du suspense qu’ont été Agatha Christie, Sherlock Holmes ou encore Alfred Hitchcock…
Anne Martinetti, le 2 juillet 2019
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