INFOS ÉDITEUR
Parution aux éditions Carnets Nord le 5 janvier 2012 Traduit par Corinna Gepner Georg Stransky dîne tranquillement avec femme et enfant dans sa maison de banlieue lorsqu’un étrange projectile perturbe ce moment de paix : une pomme brise une vitre et finit sa course sous la table. Un incident vite oublié, si ce n’est qu’au matin, Georg a disparu. Pour Lilli Steinbeck, spécialiste des questions d’enlèvement, cette mise en scène n’est pas nouvelle. Sept hommes ont déjà disparu dans des circonstances similaires, avant d’être retrouvés morts aux quatre coins du monde, bien loin de leur Allemagne natale. Rien ne semble les relier, à part un passage à Athènes. C’est donc là que commence l’étrange enquête de Lilli Steinbeck, femme de pouvoir, attirante malgré son nez déformé, qui se couche tous les soirs à 21 h et fonctionne à l’intuition, dans la vie comme dans ses investigations. Le début d’une course étonnante, de Sanaa à l’île Saint-Paul, de la Namibie à la Forêt noire, pour ramener Georg Stransky à la maison. C’est dans un étrange jeu d’échecs, où les pions sont des figurines de Batman, que doivent évoluer Lilli Steinbeck et ses acolytes : un détective grec obèse qui semble pourtant invincible, un tueur à gages finlandais passé à l’ennemi, et un zoologue plus intéressé par la découverte d’une espèce présumée disparue de dodo que par sa propre survie… Une pièce de théâtre grotesque, qui se terminera peut-être par la mort. (Source : Editeur – Pages : 400 – ISBN : 9782355360572 -Prix : 20 €) |
L’AVIS DE EVA LEVEQUE
Le Onzième pion est, comme le qualifie sa maison d’édition, un « ovni littéraire ». Son style, son intrigue, son message, tout est déroutant. Steinfest est un Italo Calvino du genre policier.
Les premières pages font entrer en scène un homme, Georg Stransky, un zoologue sans histoire, un personnage plein de bonhommie. RAS jusqu’à ce qu’une pomme soit lancée à travers sa fenêtre et que l’infortuné Georg morde dedans. L’histoire démarre. Au début, un peu comme dans Le Livre sans Nom, on se demande ce qu’il nous est donné de lire : une farce ? Un policier ? J’étais complètement perdue.
Prenons par exemple les titres de chapitres : « Dzing », « Vert », « Pink Lady » etc.…. On ne peut pas dire que ce soit, a priori, explicatif ni habituel niveau formulation ! Ces titres sont représentatifs de la volonté évidente de l’auteur : happer son lecteur pour l’enfermer dans son labyrinthe littéraire et je peux vous garantir que si vous vous accrochez à ce roman, vous vous laisserez emprisonner avec délice. A partir du moment où cette petite pomme entraîne le kidnapping de Georg, tout s’accélère. Lilli Steinbeck, policière performante, va se charger de retrouver notre bon héros et elle va, pour ce faire, parcourir la Grèce, le Yémen. Accompagnée de Kallimachos, un détective obèse, handicapé, dont on se demande au premier abord qu’elle est l’utilité, ils vont vivre d’incroyables aventures. Tous deux vont mettre le pied dans un jeu d’échec géant, terriblement machiavélique où des hommes puissants placent, sauvent ou détruisent leurs pions. Le problème étant que ces pions sont des hommes innocents, objectivés, des hommes transformés en jouets pour amuser les huiles.
Le choix de l’intrigue est fichtrement intéressant, il met en place une mise en abîme puisque l’histoire comme le style relève du jeu, sauf que l’un est cruel et froid et l’autre absurdement drôle. Voilà pourquoi j’ai adoré ce livre, l’écriture est excellente (et la traduction, par conséquent, aussi), elle replace le policier dans un genre littéraire au sens propre du terme.
Le style est bigarré, la lecture passe du grotesque à la philosophie, de l’ironie au drame, exemple: « La plupart du temps, bien sûr, le monde n’est ni mort ni en paix. Mais dans tous les cas il reste d’une relative petitesse » et peu après « Kallimachos était un consommé de bœuf ambulant ». Certains passages réellement philosophiques (j’ai fini par prendre un stylo pour souligner des paragraphes géniaux) succèdent à des phrases à se tordre de rire.
A la suite de ma lecture, j’avoue m’être sentie honteuse. Honteuse parce que je ne connaissais pas du tout le talent des écrivains allemands et leur maîtrise du genre policier, il faut dire que ces temps derniers, c’est la littérature nordique qui remporte la palme. Et pourtant, je n’ai jamais rien lu d’aussi spécial que ce roman.
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