George P. PELECANOS : Un nommé Peter Karras

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INFOS ÉDITEUR

Un nomme Peter Karras - George P. PELECANOS
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Parution aux éditions Pocket en octobre 2002

Parution aux éditions Points en octobre 2011

Traduit par Jean Esch

Peter le Grec et Joe le Rital ont grandi ensemble dans le Washington D.C. miteux des années 1930. Pour ces gosses d’immigrés, c’était la truande ou la misère. Si Joe compte bien devenir un caïd dans le milieu du crime organisé, Peter, après un passage à tabac, décide se ranger. Mais depuis qu’un cinglé s’amuse à découper des prostituées, les règles du jeu ont changé : il s’agit de sauver sa peau…

(Source : Points – Pages : 446 – ISBN : 9782757825723 – Prix : 7,90 €)

L’AVIS DE LAETITIA

J’aime ça refermer un livre la tête lourde du poids des mots. J’aime ça ne pas être capable de lire autre chose parce qu’imprégnée d’une ambiance difficile à quitter. J’aime ça être obsédée par un personnage si fort qu’il en est réel.

Peter Karras est un immigré grec qui a grandi dans les rues misérables de Washington D.C. C’était dans les années 1930. Avec lui, ont grandi d’autres enfants immigrés tels Jimmy Boyle, Su, Nicodemus et… Joe Recevo, l’italien. Pour ces mômes, l’avenir offre des choix plutôt restreints. Joe choisira le côté obscur. Si tu veux une voiture digne de ce nom, si tu veux un costard qui a la classe, tu deviens un caïd. Point. Quant à Karras, il partira à la guerre, reviendra pour se marier avec la robuste Eleni et puis… la pègre ou la misère ? Joe ou la raison ? Karras, c’est « un homme plus grand que son ombre (…). Et il ne le sait même pas. »

Joe Recevo, Peter Karras, voilà le point central de ce livre. Une amitié qui s’est construite sur des trottoirs sordides est une amitié solide. Peut-elle résister à la trahison ?

« C’était curieux ce qu’il ressentait au sujet de Pete. Il ne l’avait pas revu depuis cette fameuse nuit dans la ruelle, en 46, et passé les 6 premiers mois, il n’avait plus guère pensé à lui. Mais maintenant qu’il l’avait revu, c’était comme si quelqu’un lui avait fait remarquer qu’il se baladait sans bras droit depuis trois ans (…). Comme s’il avait vécu comme un estropié pendant tout ce temps, sans même le savoir. »

En périphérie de ce point ancré de l’histoire, on va retrouver la noirceur des bandes organisées, ces bandes qui terrorisent les commerçants en leur promettant leur protection. On va retrouver la détresse des putes arrimées à leur mac en échange d’une piqûre. On va retrouver la dureté d’un monde de travailleurs qui ne comptent pas leurs heures pour nourrir leur famille.
J’aperçois aussi, en fond, cette histoire lugubre de prostituées ouvertes en deux par la lame d’un psychopathe.

La plume de Georges P. Pelecanos est redoutable. De tous ces aspects pré-cités, il a fait un solide roman noir de très grande qualité. Je les ai vues ces rues crasseuses, je les ai senties ces odeurs de manestra, de graisse de poulet ou encore de cette fichue Lucky Strike ! J’ai entendu craquer des os et le hurlement de cette putain. J’ai senti la peur.

Il fut bon d’être entre ces pages, très bon.

Je n’ai qu’un conseil à vous donner : il serait pêché de ne pas le tenter !


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