Présentation Éditeur
Cette formation au Québec sur les empreintes génétiques, Jean-Baptiste Adamsberg l’accueille avec soulagement. Deux semaines sans subir l’inexplicable hostilité de son adjoint Danglard, le paradis ! Mais une coupure de presse ravive de pesants souvenirs sur un meurtre commis durant sa jeunesse, qui mettait en cause son frère Raphaël, disparu depuis. Le tueur au Trident serait-il de retour ? Un malaise et un coma éthylique plus tard, Adamsberg perd le contrôle. Seules la mansuétude d’un Danglard et l’ingéniosité de sa collaboratrice Violette Retancourt pourront le sortir, presque indemne, des affres du passé.
Origine | |
Éditions | Viviane Hamy |
Date | 15 avril 2004 |
Éditions | J’ai Lu |
Date | 23 avril 2008 |
Pages | 420 |
ISBN | 9782878581904 |
Prix | 8,30 € |
L'avis de Cathie L.
Sous les Vents de Neptune a été publié par les éditions Viviane Hamy en 2004. C’est le quatrième opus mettant en scène le commissaire Adamsbertg et son équipe. Il marque un tournant dans la carrière du commissaire qui rencontre de plus en plus d’hostilité ouverte de la part de ses collaborateurs, notamment son adjoint Adrien Danglard, mais également les lieutenants Favre et Retancourt qui pourtant, jusqu’à présent, le soutenaient plus ou moins.
L’histoire se situe un an après les événements relatés dans Pars vite et reviens tard. Le style, propre à l’auteur, mêle une langue imagée et riche à un ton souvent empreint de dérision et de fantaisie, de ténébreuse lumière :
« Adamsberg marcha longtemps dans le froid des rues, serrant les pans de sa veste, son sac de voyage toujours à l’épaule. Il traversa la Seine puis grimpa sans but vers le nord, pensées entrechoquées dans sa tête. Il aurait souhaité devenir au moment paisible où, trois jours plus tôt, il appliquait sa main sur la calandre froide de la chaudière. Mais depuis il semblait s’être produit des explosions de tous bords, comme le crapaud qui fumait. Plusieurs crapauds qui fumaient ensemble et qui avaient explosé à de courts intervalles. » (Page 99).
Thème principal
La tolérance : « Voilà, dit Adamsberg. Tâchez de saisir et évitez l’ironie facile, ou c’est la mission tout entière qui tombe à l’eau…Je compte sur vous pour ne pas vous conduire en touristes, parisiens qui plus est, parlant fort et dénigrant tout. » (Pages 109-110).
Octobre. Adamsberg s’apprête à s’envoler pour le Québec pour un stage de deux semaines ciblé sur le traitement des empreintes génétiques. Mais un malaise diffus l’assaille. Avec l’aide de Danglard, qui lui explique la signification d’un tableau représentant le dieu Neptune, il comprend ce qui le trouble: la lecture d’un article dans le journal relatant le meurtre d’une jeune fille de trois coups de couteau dans le ventre, pour lequel Vétilleux, un vagabond, a été arrêté, lui rappelle une douloureuse affaire survenue trente ans plus tôt.
A l’époque, son frère, Raphaël, avait été inculpé du meurtre de sa fiancée selon le même modus operandi. Le jeune policier qu’il était avait épargné la prison à Raphaël en falsifiant le dossier à charge, mais il n’était parvenu ni à l’innocenter, ni à faire inculper le véritable meurtrier, malgré son identification certaine. Car l’assassin de la jeune fille n’était autre qu’un juge respecté.
Tenace et déterminé, Adamsberg l’avait traqué pendant des années jusqu’à sa mort, perdant alors tout espoir d’innocenter et de réhabiliter la réputation de son frère, détruit moralement et physiquement par cette terrible affaire. Pourtant, quatorze ans plus tard, et contre toute logique, le commissaire reprend sa traque. Mais cette fois, l’ennemi se montrera implacable.
Enquête difficile à plus d’un titre pour Adamsberg qui se heurte de plus en plus souvent à la sourde hostilité des membres de son équipe qui ont du mal à comprendre et accepter son mode de fonctionnement déconcertant pour ceux qui ne le connaissent que superficiellement. D’autant qu’il se retrouvera pris au piège et soupçonné du meurtre de la jeune Noëlla par la police québécoise. Pour se tirer de ce mauvais pas, il ne pourra compter que sur la loyauté du lieutenant Retancourt et la fidélité de Danglard, malgré leurs récentes dissensions.
Les lieux dans lesquels évoluent les personnages de Fred Vargas sont l’objet d’une mise en scène soignée, dans le style atypique qui caractérise l’auteur, plus prompte à définir une ambiance qu’à fournir des développements superflus. Ainsi pour la description du commissariat, livrant au final peu de détails : « Le commissaire remonta l’escalier à vis et traversa la grande salle du rez-de-chaussée…Sans qu’on en connaisse du tout la cause, on appelait cette pièce la Salle du Concile, en raison sans doute, pensait Adamsberg, des réunions collectives qui s’y déroulaient. » (Page 11) => On n’en saura pas plus…
Le pub « Les Eaux troubles de Dublin » : « un bar sombre dont l’atmosphère bruyante et l’odeur acide avaient souvent ponctué ses déambulations. Le lieu, exclusivement peuplé d’Irlandais dont il ne pouvait saisir un seul mot, présentait l’avantage unique de fournir humanité et bavardages à satiété en même temps que parfaite solitude. Il y retrouva sa table poisseuse de bière, l’air saturé des relents de Guinness… » (Page 22) => La magie de Fred Vargas est que, sans aucun détail précisant la configuration des lieux, le lecteur peut tout à fait se plonger dans l’atmosphère du pub comme s’il accompagnait le commissaire.
Le GRC se résume à « de grands cubes de brique et de verre, flambants neufs au milieu des arbres rouges » tandis que la ville de Hull s’étend sur des kilomètres de pays plat découpé en carrés par des rues désertes et propres, ponctué de maisons à pans de bois. Rien d’ancien, rien de décrépi, pas même les églises qui ressemblaient plus à des miniatures en sucre… »
Le + : roman foisonnant développant les fils de plusieurs histoires entremêlées dont on se demande s’ils se rejoindront à la fin pour ne plus former qu’un seul récit.
Le succès jamais démenti de la série repose sur la capacité de l’auteur à défier les conventions du genre pour aboutir à des oeuvres originales, attachantes, que l’on dévore sans en laisser une miette.
Qu’ajouter de plus sinon que, une fois encore, Fred Vargas nous bluffe par son talent exceptionnel à créer des intrigues originales, captivantes, animées par des dialogues savoureux et par des personnages hauts en couleur, aucunement caricaturaux, revendiquant leur existence comme de vraies personnes, avec leurs doutes, leurs faiblesses, leurs défauts et leurs qualités, leurs croyances et leurs blessures.
Cinéma
Le succès phénoménal des romans de Fred VARGAS, la place parmi les grands du genre. Sous les vents de Neptune a été adapté pour la télévision.
Téléfilm français en 2 parties réalisé par Josée Dayan pour France 2
Diffusé en février 2008, avec Jean-Hugues Anglade, Jacques Spiesser, Hélène Fillières, Myriam Boyer et Jeanne Moreau
en voici un extrait :