Des meurtres sur fond de dictature argentine, mais au fil de la lecture ces assassinats se révèlent être qu’un prétexte à dénoncer le régime en place.
INFOS ÉDITEUR
Parution aux éditions Rivages en septembre 2009 Traduit par Olivier Hamilton « Perro » (le chien) Lascano est officier de police à Buenos Aires. C’est un policier intègre, position difficile à tenir dans l’Argentine de la dictature. Profondément affecté par la mort de sa femme, il se réfugie dans le travail. Un matin, il est envoyé près du Riachuelo, où trois cadavres ont été signalées : un jeune homme et une jeune femme dont les crânes ont explosé sous l’impact des balles, marque caractéristique des méthodes « d’exécution » des militaires. L’autre corps présente un aspect sensiblement différent ; il s’agit d’un homme bedonnant, d’âge mûr, dont la tête est intacte. Une tache de sang dessine une fleur sur sa chemise. Comme le dit Fuseli, le médecin légiste, « les morts parlent à ceux qui savent les écouter ». Lascano va s’efforcer de faire parler ce troisième cadavre, mais ce ne sera pas chose facile dans un pays où des hommes aigris et dangereux comme le major Giribaldi font régner la terreur. L’aiguille dans la botte de foin met en scène un policier atypique dans ce premier volume d’une future série. L’écriture de Mallo, tranchante comme celle des meilleurs romans hard-boiled, et parfois étonnamment poétique, nous plonge dans le quotidien de Buenos Aires sous la dictature. Si la critique sociale et politique est omnipérsente, il se dégage de ce livre un indéfinissable esprit argentin qui en fait tout le sel. (Sources : Rivages – Pages : 255 – ISBN : 9782743620004 – Prix : 8,15 €) |
L’AVIS DE PIERRE-MARC PANIGONI
Les auteurs d’Amérique du Sud ont une capacité impressionnante à faire des romans noirs de qualité. Ceci est fortement dû, à mon avis, au cadre dans lequel ils évoluent. En effet, les évènements qui se sont déroulés passés lors des 50 dernières années sont des mines d’inspirations.
Ce roman d’Ernesto Mallo ne fait pas exception à cette tradition.
Tout commence par la découverte de 2 cadavres, ou plutôt 3. L’inspecteur Lascano Pero, qui doit être l’un des seuls flics intègres de Buenos Aires, est appelé sur place pour résoudre ces meurtres. Sur les 3 corps, seul un seul l’intéresse, celui qui a été blessé à l’abdomen. Les 2 autres ont été clairement exécutés par l’armée, donc inutile d’aller plus loin dans l’enquête…même s’il se dit que les militaires ne sont peut-être pas étrangers à ce meurtre et donc peut être l’occasion de faire éclater la vérité…
Ce roman est étonnant. Nous avons tout d’abord affaire à des meurtres sur fond de dictature argentine, mais au fil de la lecture ces assassinats se révèlent être qu’un prétexte à dénoncer le régime en place, et de tout ce que le pouvoir pris par la junte militaire provoque : impunité totale pour uniformes, paranoïa et angoisse pour une grande partie de la population et enfin la volonté de résister pour ceux qui restent. Et encore je ne parle pas de la terreur mise en place, de la répression, des rafles, des disparations, etc.
Ce qui saisissant, c’est que j’ai eu le sentiment de lire un roman écrit au moment des faits, tant que j’étais imprégné de l’atmosphère.
Comme dans tout bon roman noir, il faut, en plus de l’environnement, des personnages solides.
Nous avons donc Lascano, flic intègre et droit dans ses bottes, fidèle à ses idées et ses convictions, fidèle à sa défunte épouse. Cet homme tranche radicalement par rapport au marasme dans lequel il évolue.
Pour l’accompagner, nous retrouvons des juges, des prêteurs sur gages et un médecin légiste. Tous sont dépeins de manière humaine et réelle sans jamais tomber dans la caricature.
Enfin pour finir, je dirais simplement que j’ai découvert un auteur possédant un plume très agréable qui m’incite à en découvrir plus sur l’Argentine et sur l’auteur.
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