PRÉSENTATION ÉDITEUR
Près d’une grande demeure isolée, au cœur d’un immense et luxuriant jardin, débordant de fleurs et de plantes rares, le FBI fait une découverte terrifiante. Le lieu est peuplé de « papillons » : de très jeunes femmes dont le dos a été tatoué pour ressembler à celui de l’insecte.
Le gardien de ce monde fascinant et effrayant est un homme brutal à l’esprit troublé que ses victimes ont baptisé « Le Jardinier ». Son obsession : capturer, préserver et immortaliser ses plus beaux spécimens.
Parmi les survivantes, une jeune femme, Maya, semble différente. Chargés de lever le mystère sur l’une des affaires les plus obscènes et les plus horrifiques qu’ils n’aient jamais eues à traiter, les agents spéciaux Victor Hanoverian et Brandon Eddison sont perplexes.
Plus ils interrogent la jeune femme, plus celle-ci se révèle être elle-même une véritable énigme. Et plus elle se confie, plus les agents se demandent ce qu’elle leur cache encore…
Origine | |
Éditions | City |
Date | 2 septembre 2020 |
Traduction | Nordine HADDAD |
Pages | 352 |
ISBN | 9782824617299 |
Prix | 19,90 € |
L'avis de Cathie L.
Le Jardin des Papillons, The Butterfly Garden dans la version originale parue en 2020, a été publié en 2020 par les éditions City. Dans un style sobre et fluide, au vocabulaire choisi, l’auteur propose un thriller original, tout autant machiavélique que captivant. L’auteur maîtrise parfaitement l’art su suspense: dès les premières pages, elle harponne le lecteur, le plongeant dans un abîme de perplexité :
« C’est l’une des rares fois de sa carrière où ce qu’ils découvrent est bien pire de ce qu’ils avaient pu imaginer. Il est pourtant habitué à envisager le pire. » (Page 9)
Construction : alternance de passages de l’enquête racontée au présent enchâssés dans des passages écrits au passé relatant les souvenirs de Maya sur sa vie au Jardin et avant le Jardin, chaque épisode répondant à une question de l’agent Hanoverian. On pénètre d’emblée dans le processus d’une enquête à son commencement, avec l’interrogatoire d’une des survivantes mené par deux agents du FBI. La focalisation est de ce fait très restreinte : le lecteur n’accède aux informations qu’au compte-goutte, le maintenant dans un état de quête perpétuel, collectant les morceaux du puzzle peu à peu. De quoi s’agit-il ? Sur quelle affaire les agents du FBI enquêtent-ils ?
Thèmes : disparition d’adolescents ; emprise morale des parents ; le deuil ; tueur en série.
Des jeunes filles sont retrouvées par le FBI dans une maison isolée dotée d’un magnifique jardin luxuriant en plein coeur de la ville, protégé par un dome de verre. Qui sont-elles ? Quand sont-elles arrivées dans cet endroit? Depuis combien de temps ? Certaines sont blessées plus ou moins gravement alors que d’autres sont mortes. Pourtant, l’une d’elle, appelée Maya, sort du lot. Interrogée par l’agent Victor Hanoverian, elle manifeste si peu un comportement de victime, mesurant chacune de ses paroles, que ce dernier se pose des questions. Serait-elle la complice du maître des lieux ? Pourquoi les autres filles refusent de répondre à leurs questions et réclament sa présence et son réconfort ? Comment expliquer que son numéro de sécurité sociale corresponde à celui d’une fillette de deux ans décédée dans les années 70 ? Pourquoi a-t-elle pris son identité ? Qui est-elle? D’où vient-elle ?
Le propriétaire du Jardin, un homme aussi raffiné que cruel, que les filles ont surnommé Le Jardinier, règne sur son domaine avec une main de fer dans un gant de velours. Mais ce qui l’anime, ce qui le rend heureux, c’est sa collection de papillons inédite. Il tatoue dans le dos de chacune de ses victimes les ailes des plus beaux spécimens que la nature ait créés avant que leur beauté ne se fane, d’où le jeune âge des filles.
Au fur et à mesure des confessions de Maya, les agents du FBI découvrent avec horreur les noirceurs de l’âme de cet homme prêt à tout pour conserver sa collection intacte. Des 22 papillons grandeur nature retrouvés dans les décombres du Jardin, seules 13 survivent. Comment le Jardinier a-t-il pu œuvrer dans son domaine pendant trente années sans que jamais personne ne se rende compte de rien ? Au final, combien de jeunes filles a-t-il sacrifiées pendant toutes ces années ? Autant de terribles questions auxquelles l’agent Hanoverian et son co-équipier devront trouves des réponses tout aussi terribles…
S’agissant d’un compte-rendu d’enquête criminelle, chaque détail compte: les descriptions sont très détaillées, soignées. On doit pouvoir se représenter le Jardin le plus fidèlement possible afin de ressentir l’horreur que ces filles ont vécue, même si son agencement ne prépare nullement à la vision de cauchemar que les hommes du FBI trouveront lors de leur perquisition :
« Des fleurs éblouissantes de toutes les couleurs imaginables s’épanouissaient au milieu d’une profusion d’arbres aux feuilles parcourues de nuées de papillons. Une falaise artificielle se dressait au-dessus de nous, avec encore plus de verdure exubérante sur son sommet plat, des arbres sur les bords s’élevant jusqu’à caresser le toit de verre qui s’étendait extrêmement loin. De hauts murs noirs -trop hauts pour voir ce qui se trouvait derrière… L’atrium était gigantesque, écrasant par ses seules dimensions, avant même que l’esprit ne considère sa débauche de couleurs. La chute d’eau alimentait un étroit ruisseau qui serpentait jusqu’à un petit étang orné de nénuphars, et des chemins de sable blanc traversaient la végétation jusqu’aux autres « portes ».( Pages 18-19)
Le plus important est que toutes les issues sont fermées par des portes infranchissables fermées par un digicode dont seul le Jardinier détient la combinaison. Des cloisons amovibles permettent de cloîtrer les filles dans leur chambre quand cela s’avère nécessaire. Le Jardin est une immense cage dorée où chaque papillon joue son rôle dans ce ballet orchestré par le Jardinier.
Le + : Le lecteur n’est transporté dans ce lieu qu’à travers le regard de Maya et la façon dont elle l’a perçu. Idem pour les acteurs de ce drame dont on fait la connaissance uniquement par ce qu’elle nous en dit.
Véritable coup de coeur de l’automne que Le Jardin des Papillons tant par la maîtrise des ressorts du suspense que par l’originalité de la mise en place de l’intrigue : le lecteur assiste à une enquête à rebours dans un huis-clos entre les deux agents du FBI et la jeune Maya, car l’essentiel du roman est constitué par l’interrogatoire de cette dernière. Au fur et à mesure de ses souvenirs, elle donne les pièces du puzzle géant que les enquêteurs vont reconstituer, comprenant comment les choses ont dû se passer. Dot Hutchinson entretient très habilement un flou sur la découverte faite par la police et sur ses circonstances: le lecteur, s’il veut comprendre les dessous de cette affaire, se voit contraint de tourner page après page ; car à aucun elle ne nous dit comment et pour quelle raison le FBI a débarqué dans le Jardin, alors que depuis trente ans, tout le monde ignorait son existence et ce qu’il s’y passait. Procédé magistral!! Il faudra attendre la toute fin pour savoir comment les filles s’en sont sorties…
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