Présentation Éditeur
Bruxelles 2016. Au lendemain d’une vague d’attentats, des fresques pornographiques apparaissent sur les façades des quartiers populaires de la capitale et secouent l’opinion publique. Épaulé par Fred Boland, jeune recrue immature, l’inspecteur Karel Jacobs est confronté à une série de crimes sexuels d’une perversité sans nom. Les sévices s’enchaînent mais les victimes ne se ressemblent pas. Et le duo est rapidement dépassé par une enquête pavée de violence qui l’emmène dans les recoins sensibles de la ville. Samira, jeune mineure émancipée est retrouvée violée en plein cœur de Molenbeek. Sa route croise le chemin de Virgile Plisson, flic infirme relégué à la paperasserie et ancien membre de la cellule tag, prêt à tout pour reprendre du service.
Origine | |
Éditions | Nouvelle Bibliothèque |
Date | 28 octobre 2019 |
Éditions | IFS collection Phénix Noir |
Date | Janvier 2021 |
Pages | 510 |
ISBN | 9782490288731 |
Prix | 24,00 € |
L'avis de Yannick P.
Chronique 15 janvier 2020
Les belges ont de l’humour. Il parait. Fait est que Clarence baigne le lecteur dans le noir, que dis-je dans la noirceur la plus totale. Pour être franc, j’ai eu du mal à entrer dans Ineffaçables. J’ai été déconcerté par une mise en page tortueuse et pas forcément pratique à lire produite par l’éditeur et surtout par l’usage du présent.
Ce choix qui devient rare est définitivement immersif.
Et lorsque l’on suit Clarence, pardon, le trio, Karel Jacobs, l’inspecteur principal, Fred Boland, la recrue et Virgile Plisson, le flic infirme, crois-moi, lecteur de cette chronique, ça a le don de te jeter en dehors de tes pantoufles. Ineffaçables, comme les graffitis pornographiques qui s’étalent dans Bruxelles. 2016, la ville a été secouée par les attentats. Elle devient un terrain de jeu où s’exposent aussi , des victimes aux organes sexuels mutilés ou amputés. Ces crimes et délits mettent à mal l’opinion publique, la police et le lecteur. Bref on ne fait pas dans la pâte à gaufre.
Clarence nous convie à une chasse. On la suit, au fil des pages, on parcourt la ville, de l’Atonium à Molenbeek en flânant vers les universités et les cafés. Elle aime sa ville et en connait les recoins. Mais bon, je ne suis pas là pour étaler les aptitudes touristiques de Clarence.
Revenons dans le dur. L’auteur maitrise les sujets, le Street Art, les abus, les violences sexuelles. Tiens au fait, pour une fois les victimes sont des bonhommes. On chute dans Bruxelles, on plonge dans la perversité. Également, il faut mentionner le scénario. Il est cohérent. La structure même de ce thriller belge (c’est drôle d’écrire cela) est construite et les 4 personnages principaux (car il faut ajouter Samira, une jeune mineure émancipée) font preuves d’une psychologie complexe.
Clarence ne s’interdit rien. Elle fait preuve d’une profonde noirceur et n’hésite pas à nous remuer quand il s’agit de violence. D’aucun pourrait trouver cela rude, presque gratuit mais elle le fait avec des nuances de belgicismes et dilapide aux bons moments la petite dose nécessaire d’humour, ce petit décalage belge qui fait que nos voisins sont attachants.
C’est donc un roman dur, tant sur l’approche que sur le contenu. Ineffaçables se révèle attachant au fil des pages. Qui aurait cru que derrière cette chevelure blonde se cachait une top auteur qui signe avec ce second roman, un ouvrage qui m’a conquis.
L'avis de Christophe Dubourg
Avec « Ineffaçables », Clarence Pitz délaisse les chacals et le Mali (Cf son précédent roman « La parole du chacal »), pour se recentrer sur Bruxelles, ville qu’elle connait bien pour y habiter, capitale à laquelle elle insuffle âme et caractère. Une pure enquête criminelle où intervient une équipe de flics peu après les attentats de 2016, un récit mené tambour battant qui met en lumière une cité meurtrie par le terrorisme, ses dérives et amalgames inévitables.
En dépit d’un classicisme affiché et assumé – nous avons affaire-là à une enquête policière comme on en voit dans quantités de polars – Clarence Pitz fait preuve d’une écriture simple (mais pas simpliste, hein !), d’un style dénué de fioritures, alerte et « rentre-dedans » lorsqu’il le faut, nous administre quelques passages gratinés tout en mettant en scène des personnages assez fouillés psychologiquement. De plus, les chapitres courts et un rythme plutôt trépidant achèvent de faire de son second roman un must have pour tout amateur de polars.
Mais revenons aux personnages… Les flics ont leurs caractéristiques : un côté très réservé dû à un trauma pour l’un, un côté « grande gueule » jamais avare de blagues pour l’autre, un aspect pro assez marqué pour un troisième, leader du groupe… bref, tous sont parfaitement décrits par l’auteure et chacun se distingue par une véracité de chaque instant. Rien n’est over the top ou too much dans leurs attitudes respectives ou les épreuves qu’ils traversent, bien au contraire. Et puis il y a Samira, femme enfant et boule d’énergie formidablement bien mise en scène. C’est simple, dès qu’elle apparait, elle bouffe les pages comme le ferait une actrice dans un film. Des failles, un côté enfantin présent mais aussi un caractère très affirmé qui en font l’un des protagonistes fort, et donc marquant du roman.
À la lecture de ce pavé de plus de 500 pages, on voit bien que Clarence Pitz a joué la carte de la plausibilité avant celle du spectaculaire. Certains pourraient le regretter mais ce serait à mon sens une erreur. Le roman se base sur des faits avérés (les fameuses fresques) et extrapole à partir de ce fait. « Ineffaçables » y gagne en intensité ; l’auteure nous plonge dans un réalisme crû, une violence prégnante parce que proche de notre quotidien blafard entaché par les faits divers en général et le terrorisme en particulier.
Clarence Pitz a dirigé pendant sept ans le Casier judiciaire de Bruxelles. Même si elle s’est par ailleurs documentée et renseignée, elle sait donc de quoi elle parle lorsqu’elle évoque la police, son jargon et ses procédures.
Lorsqu’elle parle, on l’écoute, et quand elle écrit, on la lit ! Ce que je ne regrette pas d’avoir fait avec « Ineffaçables », que je considère comme un très bon polar ! Et si j’anglicise quelque peu ma chronique, c’est en clin d’œil à l’auteure qui utilise fréquemment des belgicismes, lesquels sont expliqués en bas de page et ne nuisent jamais à la compréhension de l’histoire. Français lambda, n’aie crainte, tu ne seras pas perdu, tout au plus dépaysé !
Dites… dans l’état actuel du monde, c’est très bien d’être dépaysé, non ? Alors foncez !
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