INFOS ÉDITEUR
Parution aux éditions Rivages en mai 2012 Larry est ingénieur acousticien mais, restructurations obligent, il a perdu son emploi et, à quarante ans passés, n’intéresse plus les employeurs. Pourtant, il a une femme et une fille à nourrir. Il essaie de décrocher n’importe quel travail de manutentionnaire, en vain. Trop diplômé. Et il est noir, ce qui ne joue pas en sa faveur. Alors, comme beaucoup de travailleurs au chômage qui menacent « de tout faire sauter », il fait une bêtise, fabrique une bombe. Elle est fausse mais seul lui le sait, et en attendant, son pouvoir de persuasion est immense, surtout dans les bureaux de poste qu’il se met à dévaliser. Il tombe un jour, au cours d’un braquage, sur une fille à la tignasse rouge qui est venue faire la même chose que lui. C’est Lu. L’ancien cadre et père de famille va alors devenir un bandit en cavale. (Source : Rivages – Pages : 157 – ISBN : 9782743623562 – Prix : 7,00 €) |
L’AVIS DE CHRISTOPHE DUBOURG
Dans une France minée par le chômage et les plans sociaux, Larry, ingénieur acousticien, perd son emploi. Même pour un travail non qualifié, on ne veut pas de lui. Trop diplômé. Lassé des entretiens d’embauche qui ne mènent nulle part, écœuré, aux abois, il fait une bêtise. Fabrique une bombe. Elle est fausse, mais lui seul le sait et le pouvoir de persuasion de la bombe est immense…
Il tombe un jour, au cours d’un braquage, sur une fille à la tignasse rouge qui est venue faire la même chose que lui. C’est Lu. L’ancien cadre et père de famille va alors devenir un bandit en cavale.
Un roman social noir et fort comme un café serré, dont la saveur reste en bouche plusieurs heures après l’avoir ingurgité. L’analogie est certes facile mais bon, pour comprendre le ressenti, il faut vous dire que ce roman court (à peine 160 pages) est une sorte de road movie social, plus un Thelma et Louise qu’un Carnets de voyage d’ailleurs. Ne fuyez pas, la comparaison s’arrête là. Parce que « L’homme à la bombe » est résolument français, n’a rien d’hollywoodien (et ce sont deux qualités), presque une fable enragée sur les laissés pour compte, un récit assez percutant et bien senti sur le désenchantement moral. Peut-être pas un compte rendu désespéré sur le genre humain (quoique), mais assurément une histoire sombre pour ses deux personnages principaux.
« L’homme à la bombe », c’est une fuite en avant perpétuelle : Larry, un black d’abord pondéré, mari et père démissionnaire depuis qu’il a perdu son travail, apprenti malfaiteur par fatalité plutôt que par convictions, et puis Lu, braqueuse confirmée et imprévisible, jeune femme extravertie aux cheveux rouge. Les deux sont aussi antinomiques que complémentaires. Larry est mesuré tandis que Lu est impulsive.
Lu possède un physique en parfaite adéquation avec l’arme factice de Larry. « C’est une bombe ». C’est d’ailleurs ce dernier qui en fait la remarque.
Dès que Lu et Larry se télescopent, le récit accélère sur les routes de France, avec toujours cette toile de fond sociale en guise de paysage. Une équipée presque sauvage qui va les mener sur la côte d’Azur, les lier dans l’adversité et la surenchère avant leur rencontre avec Gabrielle, à sa manière, une esseulée, un peu comme eux…
La crise, la détresse sociale et morale, la déshumanisation, Christian Roux connait, les a mis en exergue dès son premier roman, « Braquages » en 2003. L’auteur ne fait preuve d’aucun cynisme envers ses personnages principaux, n’adopte jamais un propos moralisateur, ne se pose pas davantage en « pourfendeur d’injustices », mais plutôt en spectateur lucide (et en auteur au phrasé averti), dont l’œil et la plume aiguisés dressent le constat contrasté et amer de notre société. Celle qui ferme les yeux face à l’hypocrisie, l’indifférence générale, celle qui enterre les chiffres du chômage sous une couche de verbiage, celle qui favorise certains pour mieux démunir les autres…
Christian Roux mène son histoire avec acuité, s’attache avant tout à « l’humain ». Dans ses travers, dans ce qu’il a de plus trouble, de plus vil, mais aussi dans ce qu’il a de plus désabusé et touchant, ses fragilités irraisonnées, celles de l’amour, du sexe, par exemple.
Des personnages psychologiquement très bien (d)écrits, un style limpide, des chapitres courts rythmés par une salve de dialogues enlevés – et même parfois dirons-nous, aux petits oignons…
Ce n’est pas à un brûlot mais bien à un polar politique auquel nous avons affaire, socialement et humainement très fort. Bonus : il se lit d’une traite. Plus aucune raison de ne pas le lire donc…
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