INFOS ÉDITEUR
Parution aux éditions Robert Laffont collection La Bête Noire en mai 2016 Parution aux éditions Points en mars 2017 Barbarie (Source : Robert Laffont – Pages : 480 – ISBN : 978-2221189115 – Prix : 21,50 €) |
L’AVIS DE PIERRE-MARC PANIGONI
Je découvre Cédric Bannel avec cet opus qui reprend un héros de son précédent roman, « L’Homme de Kaboul ». Sans avoir lu ce dernier, je n’ai pas été gêné pour cette découverte.
Tout commence en Afghanistan avec la découverte d’un corps d’une petite fille. Oussama Kandar, patron de la criminelle de Kaboul est sur le coup d’autant plus qu’il s’agit du 3eme corps découvert. Kandar découvre rapidement que s’il ne se dépêche pas il y aura une 4eme fillette qui va mourir dans 10 jours.
Dans le même temps, Nicole Laguna est enlevée à Paris par la Mafia. L’ancienne de la DGSE qu’elle est, ex-spécialiste de la traque de criminels doit retrouver un chimiste, inventeur d’une drogue parfaite. Si elle échoue, sa famille sera assassinée…
Cédric Bannel nous livre ici un roman de fort belle facture. Il nous entraine en Afghanistan, pays dont il semble maitriser les mœurs, les coutumes, les beautés, les travers et surtout le contexte politique et économique.
Ce très bon travail de documentation permet de nous présenter un monde tiraillé entre la modernité et le poids des traditions, une société gangrénée par la corruption et les magouilles en tout genre. À cause de cela (ou alors grâce…), nous avons le sentiment que tout peut arriver à tout moment.
Le contexte est très bien rendu. Sans cela, l’intrigue perdrait de sa force. En effet, cette dernière n’innove pas le genre, mais possède le grand avantage d’être situé dans une contrée totalement instable ce qui la renforce.
Ce sentiment est renforcé, pour moi, par la relative inutilité des parties européennes de l’histoire, qui au final n’apportent rien. Toute la quête de Nicole Laguna aurait pu ne pas exister, car d’une part cela n’apporte rien à l’intrigue et d’autre part, car cela fait redescendre la tension à chaque fois. C’est dommage, mais cela n’affecte pas la qualité globale du roman.
Remarquez, en y réfléchissant, il y a quand même un intérêt… c’est le parallèle entre Nicole et Nahid. Le combat de 2 mères pour sauver leurs enfants. Ces 2 personnages m’ont fait penser à Beatrix Kido dans Kill Bill, prête à tout pour leur sang, et quand on referme il m’est d’ailleurs venu en tête une des dernières phrases de ce film «la lionne a retrouvé sa petite. Le calme revient dans la jungle.»
Cette remarque me permet de faire la transition avec les personnages, car outre le contexte, les protagonistes font partie de la réussite du roman.
Ces derniers sont nombreux, mais j’en retiendrai deux avant tout.
Tout d’abord Oussama Kandar, le personnage principal du roman et récurrent dans l’œuvre de Cédric Bannel. Cet homme est un homme simple honnête et droit. Ceci peut sembler peu, mais c’est énorme dans le monde dans lequel il vit. Il est le pilier de sa communauté, le roc qui ne fléchit pas face aux éléments, et pourtant il subit un bon nombre d’attaques, car sa ténacité et son imperméabilité aux magouilles en font une proie de choix.
Ce personnage attachant ne serait pas aussi serein s’il n’était pas accompagné de son épouse, Malalai. Cette dernière est le soutien de Kandar, mais surtout incarne un visage moderne dans Kaboul : elle est militante des droits de la femme. Ceci lui donne un rôle à part dans cet univers.
Pour conclure, je dirai que ce roman est fort agréable. Ce fut ma première immersion dans l’Afghanistan de Cédric Bannel, et une chose est sûre… ce n’est pas la dernière.
L’AVIS DE YANNICK P.
Kaboul, une 3ème fillette est retrouvée étranglée et poignardée dans la rue. 3 victimes dans 3 bidonvilles différents. L’affaire est confiée au qommandaan Oussama Kandar de la police criminelle, un ancien sniper du commandant Massoud agé 53 ans, haut de 2 mètres, très pieux. Kandar va vite s’apercevoir qu’une 4ème va mourir dans 10 jours s’il ne trouve pas le meurtrier. Dans le même temps, à Paris, Nicole Laguna est enlevée avec sa famille par la Mafia italienne. C’est une ancienne de la DGSE, spécialisée dans la traque de criminels. Le deal est simple. Pour sauver les siens, elle va devoir, faire appel à son expérience et ses ressources pour retrouver un chimiste de génie, Franck X, créateur d’une drogue parfaite apte à casser le marché et le faire basculer des mains de la Cupola à celles de la mafia Russe. Enfin, il y a Nahid, une mère afghane qui elle aussi est prête à tout pour sauver une de ses filles, Badria, la prochaine victime.
Le temps s’égrène et les pages se tournent. Car, Baad est à 100% une des surprises de 2016. Un véritable page-turner boosté au suspens. L’écriture y très visuelle. Elle nous immerge dans un Afghanistan fait de mœurs et de coutumes, d’ethnies et de clans. Cédric Bannel, enarque atypique connait ce pays. Ça se sent à plein nez. Il nous offre un thriller fort, violent, dans un pays gangréné par la corruption où code d’honneur et corruption, talibans et moujahids, martyres et chefs tribaux, n’ont qu’avidité à l’esprit sous couvert de croyance. La toxicomanie galopante, l’argent, le pouvoir, la drogue, les armes, l’aide internationale chaque élément est minutieusement présent. Écartelé entre modernité et traditions, ce pays où l’état est absent est assurément un des personnages de ce roman. Un lieu extraordinaire où des hommes très baad, s’octroient le droit tuer à tout moment, en tout lieu. Car Baad nous offre un point commun masculin que le personnage soit djihadiste ou mafieux – les bourreaux ont une capacité à torturer, massacrer avec le plaisir le plus simple du monde, tous ceux qui ne représentent rien à leurs yeux. Qu’ils soient femmes, jeunes filles, otages, la violence s’abat sur eux avec une absence déconcertante d’humanité.
Chaque personnage de ce roman est construit. Et ce thriller est riche de personnages, Gulbudin et les autres équipiers de Kandar comme Babour, le scientifique de la Criminelle, le Mollah, le khan, le capo di tutti capi et son tueur qui colle aux basques de Nicole. Chacun est une proie ou un bourreau et tous trainent avec eux leurs passés. Tous, sauf peut-être Malalai, l’épouse de Kandar, gynécologue et militante des droits de la femme dans un pays violent, cruel envers les femmes qui sont au mieux des épouses effacées sous une burqua.
Baad, maintient toutes ses promesses de la 1ère à la dernière page, le tout rythmé par ce décompte de la prochaine victime qui s’ouvre à chaque chapitre. Rebondissements, intrigues, double enquête, paysage, mères prêtes à tout pour sauver leurs enfants, le lecteur est tenu en haleine. Bref j’ai apprécié.
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