Présentation Éditeur
Ça fait un moment que Douglas Pike n’a plus grand-chose à voir avec le truand qu’il était autrefois. De retour dans sa ville natale des Appalaches, il vit de petits boulots et tente de combattre ses démons du mieux qu’il peut. Jusqu’au jour où il apprend que sa fille, depuis longtemps perdue de vue, vient de mourir d’une overdose. Et où il découvre par la même occasion l’existence de sa petite-fille. Le voilà avec une gamine de douze ans sur les bras, et il va bien falloir s’en occuper. D’autant qu’un flic brutal et véreux manifeste un intérêt malsain pour la fillette.
Origine | |
Éditions | Gallmeister |
Date | 13 septembre 2012 |
Éditions | Gallmeister |
Date | 3 janvier 2017 |
Traduction | Jacques Mailhos |
Pages | 288 |
ISBN | 9782351785843 |
Prix | 10,00 € |
L'avis de PIERRE-MARC PANIGONI
Il y a des collections qui parlent parfois plus que d’autres. Neo Noir est de celles-ci. Je me suis de nouveau lancé dans un titre de cette collection, et une nouvelle fois c’est un grand roman. Vous êtes ainsi prévenu d’entrée : Pike de Benjamin Whitmer est un bon et grand roman noir.
Pike est un ancien truand reconverti dans le bâtiment. Il travaille avec le jeune Rory, un jeune boxeur pour lequel il s’est pris d’amitié. Il voit débarquer un matin sa petite fille de 12 ans, Wendy, qu’il n’a jamais vu. Elle arrive suite au décès par overdose de sa mère. Pike se met à douter de cette version de la mort de sa fille. Il part donc avec sa Wendy et Rory à Cincinnati découvrir ce qu’il s’est passé, d’autant plus que Derrick Krieger, flic véreux et pourri tourne autour de la petite…
Ce roman est urbain, violent, et dresse un tableau sombre de l’Amérique des années Reagan. Ce cadre est d’autant mieux rendu par l’écriture de Benjamin Whitmer.
Cette dernière est intelligente, ciselée, ironique et marque une certaine touche de poésie. C’est étonnant de dire cela, mais c’est le ressenti que j’ai eu durant toute la lecture. Cet auteur a le talent de magnifier les situations et les personnages malgré la réalité sordide et poisseuse de l’environnement dans lequel se situe le roman. J’aurai même tendance à dire que sur ce point il me fait un peu penser à Baudelaire qui avait, pour moi, les mêmes qualités. Comme quoi il y a toujours du beau dans un univers chaotique, et pourtant nous parlons de rues crasseuses, d’hôtel miteux, de bordels, de prostitués, de dealers, de truands, d’anciens truands et de flics pourris jusqu’à la moelle.
Aussi, si je vous dis que l’auteur arrive à nous faire apprécier voir aimer ses personnages qui sont foncièrement mauvais, malmenés par la vie et pour lesquels l’empathie est difficile, cela peut paraitre étrange, mais c’est sans compter sur la plume de l’auteur qui nous donne envie de pardonner tous les écarts de ces protagonistes.
Cependant il y a un bémol à tout cela. L’ambiance est noire à souhait, les personnages sont malsains comme j’aime, mais l’intrigue est un peu faible à mon gout… ou alors est-ce que j’ai été trop captivé par l’ambiance et les personnages ? c’est possible…
Si vous lisez encore ces lignes, c’est que vous n’êtes pas insensibles aux romans noirs, et si c’est le cas lisez-le et vous ne serez pas déçu. Assurément.
Cependant si vous n’êtes pas habitués et que vous aimez retrouver des onces de moralités, d’équité ou d’ordre vous n’en trouverez pas dans ce roman mais vous serez surpris par ce récit si vous vous laissez tenter…et je ne peux que vous conseiller de vivre cette expérience du roman noir avec un grand N.
L'avis de Stanislas Petrosky
Douglas Pike a eu une drôle de vie, il ne fut pas toujours cet homme âgé, cassé, qui survit de petits boulots, non, Pike fut un truand, un dur, mais tout cela est bien loin. Tout du moins, c’est ce qu’il croit jusqu’au jour où il apprend que sa fille, à qui il ne parle plus depuis des lustres, a eu une gamine.
Voilà donc Pike grand-père, pas ce qui l’enchante le plus, vu qu’il a déjà foiré le rôle de père. Il se voit obligé de s’occuper de la môme, vu qu’un flic véreux commence à s’en intéresser un peu trop.
Whitmer s’impose comme l’un des piliers majeurs du roman noir américain actuel. Avec lui, pas de tiédeur, de justes milieux, non, c’est toujours la pire facette de l’humain qu’il révèle.
Tous les personnages, sont pourris jusqu’à la moelle, corrompus, alcooliques, violents, comme si la lie de l’Amérique se réunissait autour de lui, et qu’il décide d’en faire l’énumération, nous offrir ce qu’elle a de plus perver.
C’est certes noir, sans une once de lumière à la sortie du tunnel, ce n’est pas pour autant que l’on ne se marre pas. Loin de là même, Whitmer te pond des dialogues ciselés avec un degré de cynisme de haut niveau :
— Merde je suis aimant. J’entretiens sa pelouse. Je la tonds. Je la garde humide.
Rory le fixe.
— Je laboure son lopin. Je débroussaille son petit jardin de derrière.
— Encore une comme ça, dit Rory, et je t’abats. »
— C’est possible de manger ? demanda Pike.
— C’est possible. (Il fait un geste du menton par-dessus son épaule.) On a trois mexicains dans la cuisine.
— On mange pas les mexicains.
Rien n’ai a jeter, c’est une lecture qui est en même temps une leçon d’écriture, merci m’sieur Whitmer…
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