Présentation Éditeur
En 1864, Lizzie Martin se rend à New Forest pour servir de dame de compagnie à la jeune Lucy Craven, endeuillée par la mort de son nourrisson. Mais pourquoi cette dernière ne cesse-t-elle de clamer que le bébé lui a été volé ? Pour sa famille, il est clair que Lucy a perdu la raison. Des suspicions bientôt accrues lorsqu’un homme est retrouvé assassiné, la jeune femme couverte de sang à ses côtés. Afin de démêler cette affaire, Lizzie aura bien besoin de toute l’aide de son ami de Scotland Yard, le bel inspecteur Benjamin Ross…
Origine | |
Éditions | 10/18 |
Date | 22 mai 2014 |
Traduction | Delphine Rivet |
Pages | 360 |
ISBN | 9782264058744 |
Prix | 7,50 € |
L'avis de Léa D.
Après Un intérêt particulier pour les morts, j’étais très curieuse de me plonger dans la suite des aventures de Lizzie Martin.
Contrairement à ses aventures précédentes à Londres, ce coup-ci Lizzie va être envoyé à New Forest afin de soutenir une jeune femme, rendue folle par la mort de son bébé. Convaincue que son enfant est toujours vivant, elle est traitée de manière infantile par le reste de sa famille. Mais le jour où on la découvre près d’un chasseur de rats assassiné dans son jardin, Lizzie appelle son ami intime, l’inspecteur Ben Ross.
Lizzie se retrouve de nouveau projetée dans un nouvel environnement, auquel elle doit s’habituer. Elle doit notamment faire face aux nouvelles relations qui s’ouvrent à elle. La jeune femme, Lucy, alterne les moments de lucidité et les moments où elle va cracher sa rage sur tout le monde. Il y a également ses deux tantes, deux bonnes femmes hyper-strictes, très froide et ne tolérant pas le moindre écart de changement. La sœur aînée est particulièrement horrible !
La curiosité est un péché mortel est vraiment un bon plaisir de lecture. Ann Granger a ce talent de nous emmener jusqu’à l’époque victorienne, de nous décrire les différentes convenances et mœurs, mais surtout les très beaux paysages, les différentes personnes… Les principaux, Lizzie et Ben Ross, sont toujours aussi intéressants. Leur relation s’est approfondie, mais ils en sont encore à composer l’un avec l’autre. Le travail d’inspecteur est très prenant, Ben est quasiment marié à son travail. De son côté, lui, il aimerait bien voir Lizzie moins disposée à se jeter au-devant des ennuis ! Un couple adorable, je suis impatiente de les connaitre mieux !
Des personnes de qui ont va douter ! Même dans les moments de calme, on est constamment sous tension, à douter de tous, à alterner les possibilités et à s’interroger. On évolue dans un cadre très resserré, qui contribue à la sensation d’étouffement et de claustrophobie, ressenti également par les personnages. J’ai échafaudée des théories tout au long de l’histoire, et je suis ravie de voir que j’avais raison pour certaines, tort pour d’autres…
Un récit dans lequel je me suis complètement embarquée ! Si vous avez aimé le premier tome, celui-ci devrait vous plaire également.
L'avis de Cathie L.
Ann Granger, née le 12 juillet 1939 à Portsmouth, est une romancière britannique auteur de romans policiers, de romans policiers historiques et de romans d’amour historiques. Elle a fait ses études supérieurs à l’université de Londres, a obtenu un baccalauréat universitaire en arts, a enseigné l’anglais une année en France avant de travailler quelques années dans des consulats et ambassades britanniques au service de délivrance des visas en Yougoslavie, en Tchécoslovaquie et en Autriche.
En 1979, elle publie, sous le pseudonyme d’Ann Hulme (son nom d’épouse) le premier roman d’amour historique d’une série de quinze, non traduite à ce jour. En 1991, elle amorce une série policière avec les inspecteurs Mitchell et Markby dont seuls cinq des quinze titres sont traduits en français. Sa nouvelle série de polars historiques, commencée en 2006, a pour héroïne Lizzie Martin et celui qui deviendra son mari, l’inspecteur Benjamin Ross.
La curiosité est un Péché Mortel, A Mortal Curiosity dans la version originale parue en 2008, a été publié en 2014 par les éditions 10/18, dans la collection Grands Détectives. Le style d’Ann Granger est fluide, agréable à lire. La construction originale du roman selon un chassé-croisé entre la version et l’interprétation des faits d’Elizabeth et celles de l’inspecteur Ben Ross amène la répétition de certaines scènes mais d’un point de vue différent, celui de la jeune femme complétant celui de l’inspecteur, et vice-versa. Procédé inhabituel qui permet au lecteur de combler certaines lacunes du récit, les deux narrateurs ne participant pas à toutes les scènes.
Lizzie, contrainte de trouver un nouvel engagement après les événements survenus dans l’épisode précédent, Un Intérêt Particulier pour les morts, est engagée par Charles Roche afin de tenir compagnie à sa jeune nièce, dépressive depuis la perte tragique de son bébé et le départ de son mari pour une longue mission à l’étranger. D’autant qu’elle vit chez ses tantes, deux vieilles filles âgées, n’aimant guère recevoir, ambiance guère propice à faire retrouver sa joie de vivre à une jeune femme à peine âgée de vingt ans. Lizzie part donc dans le Hampshire pour quelques mois, le temps que la jeune Lucy se remette.
Pendant ce temps, Ben Ross, son fiancé, resté à Londres, suit le cours habituel des affaires criminelles de la capitale. Bientôt, Lizzie est intriguée par les déclarations de Lucy qui affirme que son bébé est toujours vivant, et que celui qui a été enterré quelques semaines plus tôt n’est pas le sien. La jeune femme, dans son délire paranoïaque, est persuadée que sa petite fille est tenue cachée quelque part au village : « J’ai cherché partout. J’ai frappé à la porte de chaque maison du village. Personne ne l’avait vu. Désormais, les mères du village ont peur de moi et ne me laissent pas regarder leurs nouveaux-nés, de crainte que je ne leur jette un sort. Elles me croient folle…Si vous savez où est mon bébé, dites-le moi. » (Pages 448-449) Mais face à la détermination de la jeune femme, et à son entêtement, Lizzie se demande s’il s’agit vraiment de paranoïa? Et si Lucy disait vrai ?
Sur ces entrefaites, Brennan, un romanichel chasseur de rats, est retrouvé mort, poignardé. Vengeance ? Crime Crapuleux ? Andrew Beresford, voisin des Roche, est-il impliqué dans ce meurtre? Pourquoi Christina, l’aînée des sœurs de Charles Roche, lui témoigne-t-elle tant d’agressivité ? Il est clair que cette affaire complexe dépasse largement le champ d’investigation de la police locale : « Cela n’est pas une affaire pour un constable de village, ni même pour un inspecteur de Southampton. Nous allons devoir faire appel à Scotland Yard. » (Page 481) => Et qui dit Scotland Yard, dit l’inspecteur Ben Ross… Qui ne tarde pas à arriver sur place accompagné du fidèle sergent Morris, au grand plaisir de Lizzie, qui espère qu’à eux deux ils viendront à bout de cette étrange affaire.
Londres: atmosphère de cité populeuse et industrieuse, dont l’auteur nous fait percevoir les bruits et les odeurs, vient en contraste avec Shore House, perdue dans la campagne anglaise : « Je fus accueilli par un vacarme assourdissant où se mêlaient les voix, le fracas des roues des voitures, le clip-clop des sabots et les cris perçants des marchands ambulants. Mes narines furent assaillies par les miasmes habituels, parmi lesquels je distinguai la puanteur du soufre, du charbon et de l’huile en provenance des hangars qui abritaient les locomotives de la gare voisine. » (Pages 397-398)… « Londres était toujours animée. En ce moment même, les rues étincelaient à la lumière des becs de gaz et la population de jour avait été remplacée par une myriade d’habitants de la nuit…Certains de ces oiseaux de nuit étaient dehors pour des raisons innocentes, sortant pour se divertir ou revenant du travail. D’autres, je ne le savais que trop, étaient en train d’accomplir des tâches plus sinistres ou de mauvais aloi. » (Page 581) => Qui pourrait soupçonner que la paisible campagne du Hampshire recelait des dangers bien plus immédiats que ceux de la capitale ?
Shore House: la maison de famille de Charles Roche, implantée dans le Hampshire, comté situé sur les côtes sud de l’Angleterre, face à l’île de Wight, dont la plus grande ville est Southampton, est une grande demeure isolée par une haie de lauriers aux feuilles brillantes, la protégeant des indiscrétions extérieures. « La maison, en brique jaune d’une teinte rebutante, ne semblait pas particulièrement ancienne… Toutes les fenêtres se finissaient en une arche pointue comme en ont les vitraux d’église et des tourelles incongrues avaient été plaquées aux angles du toit. Dans un autre élan de fantaisie architecturale, une frise en brique rouge et noire faisait tout le tour du bâtiment au niveau du premier étage. La demeure était laide, mais assumait fièrement sa laideur. » (Page 411).
Le + : la reconstitution historique de ce roman s’appuie sur des repères connus, lui conférant son authenticité, telle que l’allusion à la guerre de Crimée qui, de 1853 à 1856, opposa la grande Russie à une coalition formée par l’Empire Ottoman, la France, le Royaume-Uni et le royaume de Sardaigne; l’apparition des infirmières diplômées:
« Je savais bien sûr que des infirmières diplômées commençaient à apparaître dans les hôpitaux de Londres. Elles étaient fort différentes des souillons illettrées et des vieilles sorcières ivrognes qui formaient la majorité de cette corporation auparavant. Cette nouvelle génération était née avec ces courageuses femmes qui avaient suivi Florence Nightingale en Crimée. Des jeunes femmes honorables apprenaient désormais leur profession dans l’école qu’elle avait fondée. » (Pages 512-513).
Le ++ : l’humour lié à la mode féminine bien malaisée dans certaines situations, comme lorsque Lizzie veut monter dans la charrette, grâce à une vigoureuse poussée du conducteur, à un endroit de son anatomie qu’une dame bien élevée ne peut désigner sans manquer à la plus élémentaire bienséance…
La curiosité est un péché mortel allie le sens de la description et de la mise en scène à l’art du portrait, l’histoire se déroulant à un rythme lent, ponctué de rebondissements dont la tension dramatique soulève le lecteur et l’entraîne aux confins de cette intrigue savamment échafaudée. Ann Granger a réussi le pari de créer, dans un style moderne, un roman à l’ambiance victorienne, digne des récits de Wilkie Collins.
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