INFOS ÉDITEUR
Parution aux éditions Albin Michel en aout 2012 Parution aux éditions Livre de Poche en janvier 2014 « La colocataire est la femme idéale. » (Source : Albin Michel – Pages : 180 – ISBN : 9782226242969 – Prix : 16,50 €) |
L’AVIS DE JEAN-MARC VOLANT
Réécrire « Barbe Bleue » ? On pourrait penser en lisant le titre de son nouveau roman paru en août 2012 (une régularité de métronome pour ce mois de parution chaque année) que la romancière belge fait du recyclage et fait pour une fois preuve de peu d’originalité : c’est mal connaitre l’auteur d' »Hygiène de l’Assassin » et de « Stupeur et Tremblements » et si on a apprécié le style et les mots de l’écrivain par le passé, on ne peut que se douter que cette nouvelle version du conte de Charles Perrault va forcément sortir de l’ordinaire et en effet : Amélie Nothomb nous raconte la rencontre entre Saturnine, jeune femme qui fait ses études au Louvre et le propriétaire d’un grand hôtel, aristocrate espagnol de grande envergure à la recherche d’une jeune locataire pour « ne pas manger tout seul » et nous concocte dans ce nouvel opus nothombien un savoureux duel à base de dialogues bien épicés, savamment dosés dans l’effet, propres à de belles réparties verbales et jouissives. La romancière nous revient (après la relative déception de l’an dernier avec « Tuer le Père ») en grande forme, et nous délivre un petit bijou d’humour féroce où les aficionados de l’écrivain reconnaitront ici et là (et cela volontairement ou non) de savoureux clins d’oeil à son premier roman paru en 1992, et à d’autres écrits ou petites choses la concernant (le fameux Amélie « Casus Belli »).
Reprenant la trame principale du conte, la romancière belge tourne l’histoire à sa manière et donne pleine satisfaction au personnage féminin, en lui donnant plus de peps et de mordant, en se l’appropriant totalement face à l’aristocrate qui tue une par une les locataires qui veulent franchir « la porte interdite ». Amélie Nothomb donne à Saturnine les pleins pouvoirs pour se sortir de ce mauvais pas en faisant d’elle un personnage énergique, beaucoup plus que le caractère bien fadasse des prétendantes du Barbe bleue du conte de Perrault et écorche au passage les Hommes, même ceux qui sont bien sous tous rapports.
Certes, on pourra peut -être reprocher à l’auteur une fin de roman un peu obscure (voir même confuse) mais là n’est pas le principal dans cette réécriture puisque tout est dit bien avant la dite fin.
Alors qui de Nothomb, qui de Perrault ? Peu importe, le nouveau roman de la Dame au chapeau est une expérience extraordinaire et pour peu que l’on veut connaitre le style de l’auteur, cette revisitation du conte est un bon début pour s’approprier ses mots.
Mais si on a lu le conte de Perrault, faut-il faire une comparaison ? Nullement, la romancière se rapproprie tellement toute l’histoire et la réécrit totalement avec ce style qui lui est propre que l’ignorance totale du conte d’origine est même plus que bénéfique.
Le Nothomb nouveau est un conte moderne et qui se sied bien au monde actuel dans les rapports entre les hommes et les femmes.