Michaël MENTION : Power

Michael MENTION - Power - poche

Présentation Éditeur

« Ici, comme dans les autres ghettos, pas d’artifice à la Marilyn, ni de mythe à la Kennedy. Ici, c’est la réalité. Celle qui macère, mendie et crève. »

1965. Enlisés au Vietnam, les Etats-Unis traversent une crise sans précédent : manifestations, émeutes, explosion des violences policières. Vingt millions d’Afro-Américains sont chaque jour livrés à eux-mêmes, discriminés, harcelés. Après l’assassinat de Malcolm X, la communauté noire se déchire entre la haine et la non-violence prônée par Martin Luther King, quand surgit le Black Panther Party : l’organisation défie l’Amérique raciste, armant ses milliers de militants et subvenant aux besoins des ghettos. Une véritable révolution se profile. Le gouvernement déclare alors la guerre aux Black Panthers, une guerre impitoyable qui va bouleverser les vies de Charlene, jeune militante, Neil, officier de police, et Tyrone, infiltré par le FBI. Personne ne sera épargné, à l’image du pays, happé par le chaos des sixties.

Origine Flag-FRANCE
Éditions Stéphane Marsan
Date 4 avril 2018
Éditions 10/18
Date 5 septembre 2019
Pages 504
ISBN 9782264074355
Prix 8,80 €
Commander

L'avis de Lea D.

Un livre qui me tentait énormément, je me lance enfin !

Nous sommes en 1965, aux États-Unis. Manifestations, émeutes, discrimination et harcèlement, les Afro-Américains sont la proie des préjugés et des violences. Malcolm X, Martin Luther King et Angela Davis sont les figures les plus connues et emblématiques, mais qui divisent également : parfois pas assez dans l’action, parfois trop orienté dans tel ou tel sens… C’est la rencontre de Huey P. Newton et Bobby Seale qui est le point de départ de ce roman : ils veulent se détacher de la réflexion théorique et résoudre les problèmes des plus pauvres, et créent ainsi le mouvement de libération des Black Panther. Leurs buts sont notamment à surveiller la police afin de s’assurer de la légalité des interventions et de limiter la violence ; un travail communautaire notamment grâce à des cliniques gratuites, des distributions de nourriture et de vêtements ; mais aussi en agissant politiquement, que ce soit en s’alliant avec des parti ou en tentant de se présenter à des élections.

Power est un récit qui me tentait énormément, pour son contexte social et politique, pour son engagement envers une période charnière pour les Afro-Américains. Ce sont des sujets loin d’être facile à traiter, et je me demandais au départ comment Michaël Mention allait s’en tirer : il n’est ni noir ni Américain. Mais pour nous plonger au plus profond de l’Histoire, Michaël Mention s’est documenté, a fait des recherches… Pour nous livrer un livre choc et absolument nécessaire à lire !

Je suis également française et blanche, je n’ai jamais fait l’expérience du racisme, et on a beau dire ce que l’on voit, la vie actuellement en France est quand même bien douce. Alors, cette plongée dans les années 60, dans ce racisme des États-Unis, on peut dire que ça marque ! La première partie de Power nous fait vivre le début des Black Panther, pour passer ensuite à la narration via trois personnages principaux. Il y a Charlene, une jeune fille de 16 ans qui intègre le Parti et prête à tout pour lui ; il y a Neil, un flic blanc dont la violence des rues façonnera le destin ; et enfin Tyronne, un indic recruté par le FBI pour infiltrer les Black Panther. Avec ces trois personnages, c’est toute une époque qui s’éclaire, nous pouvons voir cette escalade de violence, et comment le Parti s’est retrouvé lié de manière inextricable à l’atmosphère surchauffé du pays. Le mouvement des Black Panther a été fondé sur une volonté de donner une force aux Afro-Américains mais surtout de montrer qu’ils n’allaient plus courber l’échine plus longtemps. Le pouvoir, certes, mais surtout la reconnaissance de leur histoire. Les États-Unis sont censés être une terre d’accueil, pour n’importe qui voulant tenter le « rêve américain », et c’est un endroit supposé accueillir tout le monde, compte tenu de la large mixité d’origine qui compose ce pays. Mais cela, c’est en théorie… En pratique, c’est vraiment très différent ! Avec Power, Michaël Mention nous présente une partie de l’Histoire des États-Unis que nous connaissons au moins de nom. Mais toute la force de Power est là : non seulement nous replongeons dans une Histoire que nous connaissons déjà un peu, mais l’enrichit considérablement. C’est romancé, certes, mais le souffle du passé est bel et bien présent, des figures historiques font des apparitions, nous avons un point de vue interne sur cette lutte des Afro-Américains, et tout le monde est concernés.

Un livre aussi puissant que son titre, je recommande !

L'avis de Yannick P.

Le bouquin de Michael sous les yeux, une BO Soul fin de 60s calée dans les oreilles et me voilà embarqué pour une immersion d’une journée chez les Black Panthers. Une journée, car une fois en main, impossible de se séparer de ce bouquin.

De février 1965 à octobre 1971, je plonge à l’époque du pasteur King, de Malcolm-X et de Bobby Kennedy. Tous 3 assassinés. Une période pas si lointaine. Mon âge. Et pourtant, comme une page d’histoire.
Power, écrit en deux parties comme le programme du Black Panther Party for Self-Defense. Deux axes, What we want (ce que nous voulons), What we believe (ce que nous croyons).

Power. Le pouvoir. Celui d’un écrivain qui dépote, qui sait poser des mots, leurs conférer une puissance et s’en servir pour créer une émotion. Je n’en doutais pas une seconde après avoir été subjugué par Manhattan Chaos, mais, il me fallait rattraper mon retard. Power était là, posé dans ma PAL depuis un certain temps, me susurrant à l’oreille « vient me lire, tu vas encore en prendre une sérieuse en pleine face ». Fait est qu’avec ce roman, je surfe à la frontière entre réalité et fiction. Elle est fine. Très fine. Une fiction pour faciliter l’acceptation.

Le travail de recherche a dû être immense. Un full time job à la limite du journalisme. Pointilleux. Sans concession. Cela s’avale comme un roman entrainé par une mise en perspective bâtie sur trois personnages tranchés, femme/homme, blanc/noir, flic/Black Panthers, autant de points de vue. Charlène, Neil et Tyrone. Autant d’espoirs que de rêves brisés. Autant de besoin de liberté que de vengeance, de croyance et de mensonge.

Passionnant, allant crescendo, de la naissance du mouvement à sa destruction via le programme COINTELPRO du FBI (Counter Intelligence Program / programme de contre-espionnage visant à détruire des organisations non conformes aux idées de J.E Hoover), c’est l’Amérique des années 60/70 qui défile sous mes yeux, celle où l’on assassine ses leaders, celle qui voit défiler ses présidents. Une Amérique en prise avec ses maux, racisme, suprématiste, drogue, oppression, meurtre, révolte, rage, radicalisation. Celle d’un état contre certains de ses citoyens, lutte armée et lutte des classes. Michael Mention joue la carte du réalisme, celle de la conscience sociale enracinée dans la réalité, le Viet-Nam, les JO de Mexico, Manson, Zodiac. Tout y passe. Un pays fait de peur et de colère, le tout avec des années de musique qui défilent. Car c’est aussi cela Power. La puissance du son. James, Wilson, Curtis, Otis, explosent.

Immédiatement, je me suis rappelé Harlem mais aussi Atlanta (où je n’ai jamais été aussi bien accueilli dans une église que dans celle où officiait le pasteur King), ou quelques quartiers dans certaines villes d’Afrique où je me suis senti blanc, différent, où le prisme s’est inversé. Quelle claque pour enfin comprendre. Mais là n’est pas le propos.

Je reviens à ce roman pour évoquer la qualité d’écriture. Elle groove. Elle est intense. Une fois débuté, impossible de le lâcher. Ou mon cerveau s’engourdit au gré de la lecture et je suis pleinement immergé dans Power ou Michael est un putain de romancier et je suis totalement plongé dans le roman.

Bref, pour ceux qui ne l‘ont pas encore lu, le retard est à combler d’urgence. Power est un roman extraordinaire, qui donne du sens à l’Histoire à une période où les USA boguent. Et ils ne sont pas les seuls.

Donc bravo Michael, et merci pour ce livre aussi poignant que puissant !

Yannick P.
Yannick P.https://nigrafoliablog.wordpress.com/
Jeune quinqua fringuant, serial Lecteur addict au roman noir" pour le reste, père aimant de 2 ados, marketeur de profession et amateur de whiskys, vins et de cuisine conviviale et auteur de TU JOUES TU MEURS !

LAISSER UN COMMENTAIRE

Votre commentaire
Entrer votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

A découvrir

Peter James : Serie Roy Grace – 9 – Que sonne l’heure

Peter James revient avec son personnage récurrent et au combien attachant Roy Grace

Alice QUINN : Aux pays de Rosie Maldonne – 04 – Nom de code : Mémé Ruth

Alice Quinn nous offre avec : NOM DE CODE : MÉMÉ RUTH , une comédie pleine d’un humour débridé, mais aussi un roman policier alliant suspense et sourire

Catherine SEVESTRE-LOQUET : L’enfant du crépuscule

L'auteur Catherine Sevestre-Loquet explore les mystères des marais de Carentan au Moyen-âge