PRÉSENTATION ÉDITEUR
Parution aux éditions
Camille Destroit, quadra, responsable des achats du rayon frais à l’hyper de Cassel, est interpellé lors de l’évacuation du site de Zavenghem, occupé par des activistes. À sa sortie de GAV, le hangar où il stockait des objets de récup destinés à ses potes zadistes n’est plus qu’un tas de ruines fumantes, son employeur le licencie, sa copine le quitte… et il se fait tabasser par des crânes rasés. Difficile d’avoir pire karma et de ne pas être tenté de se radicaliser !
Heureusement, la jeune Claire est là qui, avec quelques compagnons de lutte, égaye le quotidien de Camille et lui redonne petit à petit l’envie de lutter contre cette famille de potentats locaux, ennemis désignés des zadistes, les Valter.
L’AVIS DE YANNICK P.
Ma ZAD est un vrai roman populaire noir, bourré d’humour noir, gris, de jeux de mots à la con, à deux balles (personnellement j’adore) et bien entendu chargé à bloc d’humanisme, (on est tout de même loin de la morale bienpensante actuelle). Pouy reste un libertaire dans l’âme et à 70 balais à la grosse niak.
Sa Zone A Défendre est bien entendu une assertion, une critique de notre bonne société. Certes le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, et les autres ZAD qui fleurissent sont d’actualité. Donc facile pour poser le décor. Mais c’est à travers les errements de son personnage principal Camille Destroit, un quadra qui ne s’est jamais vraiment battu que la critique arrive. Ce responsable des achats du rayon frais d’un hyper bio du le nord de la France a un karma de daube. Si les emmerdes volent en escadrille, il n’est pas prêt de redescendre. Le hangar où cette bonne âme stockait des bricoles pour ses copains zadistes part en fumée. Il est licencié dans la foulée. Sa copine le quitte et il se fait passer à tabac par des skins. Bref c’est le moment pour Camille de chercher un nouveau sens à sa vie pour ne plus être en proie à ses doutes, ses remises en cause. La jeune Claire est là pour lui insuffler énergie et nouvelles résolutions. C’est nécessaire, d’autant que les Valter brother’s sont bien décidés à exproprier les fermes qui entourent leur projet de construction de plateforme logistique gigantesque quitte à employer des bas besogneux aux méthodes discutables.
Alors oui. C’est presque facile. Ça fleurte avec l’actualité. Mais c’est parfois jouissif. L’écriture de Pouy est toujours aussi franche. Elle se taille la part du lion dans un verbiage parfois burlesque. Je pouffe. Tu pouffes. Ces 200 pages digressent à tout va comme la vie de Camille. Ça se chicane, ça part en vrille, mais ça revient dans les clous. Car Pouy a de l’amour pour ses personnages. Ils sont leur cœur de ses livres. Ma ZAD, c’est celle de Camille. Ce personnage qui se sent renaitre, forgé d’espoir avec une naïveté déconcertante dans un environnement aussi obscur. Car c’est bien la force de JB Pouy. Associer la déconne littéraire au désenchantement. Savoir être sérieux à grandes lampées d’humour noir. Souvent incisif, parfois spontané, ce roman est subversif et offre à son auteur une nouvelle possibilité de transmettre ses idées.
La plume de Pouy, pour peu qu’on la déflore un peu, qu’on lui ôte ses atouts de dérision immorale, de raillerie dévergondée et de joyeux foutraque, est aussi sérieuse qu’émouvante matinée. Sa verve sous une pointe de cynisme est robuste. Son éloquence montre une ferme résistance. Alors oui, ce livre a un côté « poil à gratter, je pète dans la soupe ». Il peut en gêner plus d’un. Mais, juste pour la maitrise du dernier chapitre pour l’envolée jouissive, rien que pour ça, Ma ZAD occupe bien le terrain.
L’AVIS DE STANISLAS PETROSKY
ZAD = Zone À Défendre…
Pouy enfourche son stylo, tel Zorro son Tornado pour voler au secours de zadistes. Ne cherche pas forcément de quelle ZAD, JB a fait sa propre toile de fond qu’il a posé dans les Hauts-de-France, pour peindre ses personnages, et surtout de Camille, qui va voir sa vie réduite en miettes en peu de temps.
Tu as des types, quand les emmerdes leurs tombent sur la gueule, ils ne font pas les choses à moitié… loin de là. Ce n’est pas une averse, c’est une avalanche !
Parfois, quand tu penses toucher le fond, il suffit d’un regard, d’un sourire, d’un battement de cœur pour repartir, c’est ce que Claire va offrir à notre paumé de service. Camille va, non pas retrouver le goût de vivre, mais l’envie de combattre, de lutter contre certains petits salopards…
Il va découvrir une face de lui-même qu’il ne soupçonnait même pas.
Comme à son habitude, l’écriture de Pouy est incisive, cynique, elle dénonce, peut parfois piquer, faire rire…
JB est un gouailleur hors pair du roman noir, une fois de plus il le prouve dans ce bouquin…
C’est du Pouy, alors tu prends et tu lis sans trop de poser de question, tu sais que c’est du bon, fais-moi confiance.
Superbe chronique Yannick ! Et un sacré bon moment de lecture de mon côté aussi 🙂